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Présidence de la République : Moussa Cissé avait-il besoin de faire un mea-culpa ? [Par Moussa Traoré]

Incroyable mais vrai, dans une tribune publiée dans le journal satirique le Lynx par le Directeur du Bureau de Presse à la Présidence Moussa Cissé, qui fait une sortie fracassante faisant l’effet d’un tremblement de terre au palais Sékoutouréah. Pour beaucoup de personnes, cette affaire ressemble à un mauvais rêve devenu une réalité en Guinée. Qui pouvait imaginer que le Directeur du bureau de presse de la présidence puisse dénoncer les tas de corruption et les détournements des fonds publics ? Où a-t-il puisé ce sacré courage d’acier ?  

Depuis l’arrivée du président Alpha Condé au pouvoir en 2010 malgré les tas de dénonciation des cas de corruption par la presse, aucune sanction n’a été infligée à des protagonistes, ni une enquête sérieuse si ce n’est pas des cas de règlement de compte. Aucun cadre guinéen ne s’est soucié même un seul instant pour être inculpé dans une affaire de détournement.

Qui de mieux pour prêcher la voix de l’évangile que le Pape. C’est pourquoi le Directeur du Bureau de Presse de la Présidence a brisé le silence pour dénoncer des cas de corruption. Pour mettre à nu des combines du trio, cet ancien journaliste n’est pas allé du dos de la cuillère.

Voici ce qui est dit dans cette tribune : « Le paysage médiatique guinéen vient d’enregistrer un nouveau fleuron. Le Djoma Media. Applaudissons cette naissance ! La question que tout le monde se pose est : qui est derrière Djoma Media ? Plus précisément, quelles sont les personnes de la Présidence qui se cachent derrière Djoma Media ? Autrement formulé, derrière quels hommes de la Présidence se cache Djoma Media ? Puisque nous sommes dans le monde de la presse, comme aux journalistes de l’affaire du Watergate, la réponse est « suivez la trace de l’argent ! » Quand on sait que pour faire une radio couplée d’une chaine de télévision, cela demande de l’argent. Beaucoup d’argent. Alors l’argent est la clé de l’énigme. Mais qu’est-ce que le prix d’une radio et d’une télévision pour ceux qui ont la main mise sur le budget d’une présidence ?

Il suffit de prendre ceci, au nom de cela, pour l’affecter à autre chose. C’est ce que tous les indicateurs laissent croire sans l’ombre d’un doute. Ainsi, on apprend que tous les équipements, appareillages, accessoires et consorts de radio et de télévision ont été acquis au nom d’un programme d’équipement du Bureau de Presse de la Présidence de la République pour se retrouver du côté de Nongo dans des locaux de Djoma Media. Grâce au tour de magie et de passe-passe comptable de trois hommes : Kabinet Sylla, au surnom notoire ‘’Bill Gate’’, l’argentier de la présidence, génie des affaires ; Rachid N’Diaye, journaliste au rayonnement international obscurci par la qualité douteuse des conseils en communication qu’il donne à la Présidence ; et, Mamady Sinkoun Kaba, aux règles protocolaires qui ne sont applicables qu’à l’argent.

Nous avons-là, la combinaison idéale d’un trio parfait pour un numéro de clown, bon à illusionner des spectateurs d’un cirque de bidonville : un fanfaron analphabète, un mégalomane sournois et un clown arrogant. Alors que le Bureau de Presse manque de tout, travaillant avec des équipements vieux de cinq ans, notre trio qui comprend l’intendant, le conseiller en communication et le patron du protocole trouvent les moyens de monter une radio et une télévision. Qui plus est, au frais du Bureau de presse.

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La participation de Rachid Ndiaye à cette mascarade financière n’est plus une surprise. Car c’est le seul ministre d’un gouvernement quelconque sur la planète qui trouve le temps de s’occuper de la publication d’un magazine. Transformant le secrétariat de son ministère en secrétariat de rédaction de son magazine. Sous sa direction éclairée, le Ministre-Conseiller chargé de la Communication a conduit la communication présidentielle comme un navire sans gouvernail, sans vigile ni repère, piloté par un capitaine ivre, sans carte ni boussole sous une tempête tropicale.

Les équipements en usage au Bureau de presse sont obsolètes aujourd’hui. Certes ! Mais quand ces cameras, ordinateurs, tables de montages, logiciels et autres accessoires ont été offerts au Bureau de presse par la Fondation KPC, il y a de cela cinq ans, c’était la pointe de la technologie du jour. Mais les outils informatiques obéissent à la règle de marketing de « l’obsolescence programmée ». Car les équipements informatiques sont programmés pour devenir obsolètes au bout d’un certain temps. Histoires de libérer les places pour les outils de dernière génération dans les rayons des magasins.

Les confrères de radio et télévision Djoma sont à saluer et à envier parce qu’au service de si bons patrons. Ils sont si généreux avec l’argent qui aurait permis d’équiper le Bureau de Presse de la Présidence ! Un petit tour des installations permet de constater que les équipements de Djoma Media sont de la dernière génération. Ceux du Bureau de Presse, pas. Les locaux de Djoma Media sont hyper climatisés, tandis que ceux du Bureau de presse sont sans climatisation, y compris le bureau de son directeur, certains pour plus de deux ans. Normal. Puisque le patron de Djoma Media qui se trouve être l’Intendant Général de la Présidence de la République est plus préoccupé pour le confort des grands journalistes de son groupe que de celui des petits journalistes au service du Président de la république.

Que Djoma Media ait été financé sur fonds propres (ce qui n’est pas évident) ou sur fonds publics (le plus probable), la loyauté de l’intendant d’une présidence est avant tout de servir les intérêts du Président en premier lieu. Même si l’Intendant peut prouver que Djoma Media a été financé sur ses fonds propres, pourquoi ne finance-t-il pas aussi le Bureau de Presse sur ses fonds propres comme la Fondation KPC l’a fait sur ses fonds propres. Charité bien ordonnée comme par soi-même.

En créant Djoma Media, quel est le but inavoué du trio et de ses commanditaires? Notre loyauté à la Présidence doit être entièrement au service de Monsieur le Président. Que les journalistes du Bureau de presse attendent, disent les patrons de Djoma Media. Ils ne perdent pas grand-chose à attendre. Nous attendons. Nous attendons patiemment que la partie submergée de l’iceberg surgisse des ténèbres petit à petit. Car ce n’est que la partie visible de l’iceberg ». A-t-il dénoncé Directeur du Bureau de Presse de la présidence de la République, Moussa Cissé.

24 après à la publication de cette tribune qui sait répandue comme une épaisse de fumée sur toile, Moussa Cissé revient à la charge et fait un mea-culpa. En déclarent ceci :

« Dans ma tribune sur le Lynx du 8 juin 2020, j’écrivais : « Quand on sait que pour faire une radio couplée d’une chaine de télévision, cela demande de l’argent. Beaucoup d’argent. Alors l’argent est la clé de l’énigme. Mais qu’est-ce que le prix d’une radio et d’une télévision pour ceux qui ont la main mise sur le budget d’une présidence ?

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Il suffit de prendre ceci, au nom de cela, pour l’affecter à autre chose. C’est ce que tous les indicateurs laissent croire sans l’ombre d’un doute. Ainsi, on apprend que tous les équipements, appareillages, accessoires et consorts de radio et de télévision ont été acquis au nom d’un programme d’équipement du Bureau de Presse de la Présidence de la République pour se retrouver du côté de Nongo dans des locaux de Djoma Media ».

Vérification et constats faits à la Présidence, il s’avère qu’il n’y a pas eu de commande d’équipements, destinée au Bureau de Presse.

Par conséquent, je présente mes excuses au Groupe Djoma Media ainsi qu’à mes collègues de la présidence mis en cause par l’article, à savoir Kabinet Sylla Bill Gates, Rachid NDiaye et Mamady Sinkoun Kaba. J’y reviendrai.

Pourquoi ce rétropédalage à 180 degré d’un ancien journaliste émérite? Faillait-il pas tenir la tête face à la pression du lobby à la présidence ? Quel avenir pour le pauvre Moussa Cissé ? A-t-il brisé sa carrière dans le monde médiatique ?

Selon nos sources à la présidence, après la publication de cette tribune, le président Alpha Condé a piqué une colère noire. A en croire cette même source, il a aussi tôt convoqué une réunion d’urgence entre Bille Gates son intendant à la présidence, Sinkoun Kaba le chef protocole, Rachid N’Diya ancien ministre de la communication et l’actuel conseil du président en communication et son Directeur du Bureau de presse de la Présidence de la République Moussa Cissé. Au cours de cette rencontre, le président Condé aurait ordonné à son directeur du bureau de presse de démentir son information.

Face à cette pression du palais Sékoutouréah, M. Cissé se rétracte mais à quel prix ? Ce trio est-il intouchable ? Pourquoi le président Alpha Condé continue de protéger ceux qui détournent des fonds publics ? Pourquoi n’a-t-il pas résisté à cette pression du chef de l’Etat ?

Le feu Président Nelson Mandela disait que ‘’ La vérité, c’est que nous ne sommes pas encore libres ; nous avons seulement atteint la liberté d’être libres ; nous n’avons pas encore fait le dernier pas de notre voyage, nous n’avons fait que le premier sur une route plus longue et difficile. Car être libre ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. La véritable épreuve pour notre attachement à la liberté vient de commencer ‘’.

En tout cas cette vérité est claire de telle sorte qu’il suffit seulement de faire un tour dans les locaux du bureau de presse de la Présidence de la République pour toucher du doigt à la réalité et comprendre les conditions de travail difficile du directeur et de ses collaborateurs.

Peut-on lutter contre ces fléaux qui gangrènent notre société pendant que les bandits à col blanc continuent de sucer le sang du peuple ?

Pourquoi le procureur de la République ne s’est-il pas saisi du dossier ? Est-ce une justice à deux poids deux mesures ? Pendant que des membres de la société civile continuent de croupir en prison et autres détenus sans aucun procès. Et, des vrais bandits à col blanc continuent de déambuler dans les rues de la capitale sans se soucier de rien.

OUI ! Moussa Cissé ne devrait pas faire un mea-culpa.

Analyse de Moussa Traoré

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