Ça y est. Les fidèles chrétiens de Guinée à l’image de ceux du monde, ont bouclé ce 17 avril 2022, avec le jeûne de 40 jours. Ces moments de pénitence, de partage, de pardon et de prière, sont une marque de commémoration de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. En d’autres termes, c’est aussi pour le chrétien, l’espérance en la vie éternelle et le fondement de sa foi.
À l’occasion de cette célébration, Père Jeannot Vital, formateur au Grand séminaire de Kéndoumayah est longuement revenu dans une interview qu’il nous a accordée, sur la signification de la Pâque, son importance dans la vie du croyant, mais aussi sur le jeûne de 40 jours.
Plus loin, cet homme de Dieu s’est prononcé sur le comment, chrétiens et musulmans, doivent se comporter afin d’en finir avec les problèmes liés à la laïcité de notre pays, souvent piétinés par bon nombre à cause de la méconnaissance des principes religieux qui reposent sur l’amour mutuel entre frères et sœurs d’un même pays. Lisez!
Aminata.com: les fidèles chrétiens de Guinée, à l’image de ceux à travers le monde, célèbrent ce 17 avril la fête de Pâque. Tout d’abord, dites-nous ce que signifie Pâque ?
Père Jeannot Vital: la Pâque, c’est la commémoration de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Aujourd’hui, à travers le monde entier, tous les chrétiens sont dans la joie parce que notre Seigneur est ressuscité d’entre les morts. Cette Pâque est non seulement la résurrection du Seigneur qui préfigure chacun de nous, mais aussi notre espérance en la vie éternelle et le fondement de la foi chrétienne.
Pourquoi la communauté chrétienne commence par le jeûne de 40 jours avant la commémoration de cette fête ?
Le chiffre 40 est biblique et symbolique. Les 40 jours et 40 nuits de jeûne sont pour le chrétien, des moments de partages, de prières pour aboutir à la fête de Pâques. C’est donc un chiffre important, quand on prend le délice qui a eu lieu durant 40 jours et 40 nuits où le Roi David, quand il a péché contre son soldat, a demandé pardon par le jeûne. Et surtout, le prophète Jonas, lorsqu’il a été envoyé aux populations de Ninive par Dieu pour leur demander de se convertir, disait encore qu’il fallait 40 jours pour que Minive soit détruite. Le peuple s’est converti et Dieu a réduit dans sa bonté, les menaces qu’il a faites contre son peuple. Le chiffre 40, nous voyons également le Seigneur Jésus Christ quand il a été baptisé dans le Jourdain par Jean Baptiste, l’Esprit Saint l’a repoussé dans le désert où il fut tenté 40 jours et 40 nuits par le démon. Il a rejeté toutes les tentations en jeûnant durant 40 jours et 40 nuits. Et donc, voilà pourquoi les chrétiens du monde jeûnent d’abord ces 40 jours, un temps de purification et de renaissance. Parce que quand on prend sur le plan biologique, une grossesse normale dure 40 semaines. C’est donc un temps de maturation.
Pourquoi les jours de dimanche sont exclus pendant le jeûne chrétien?
Le dimanche constitue le jour de résurrection du Seigneur Jésus Christ. Mais à cause des dimanches sautés dans le mois de carême chrétien, nous commençons par le mercredi des cendres. Et donc, du mercredi au samedi, ces 4 jours complètent ces dimanches enlevés. L’autre raison est que le dimanche c’est le jour solennel de la résurrection de Jésus.
En quoi cette fête de Pâque est importante pour la vie chrétienne?
Parce que tout simplement elle est le fondement de la foi chrétienne. Cette foi repose sur la mort et la résurrection. L’annonce de la mort et la résurrection de Jésus Christ est alors le pilier principal. Elle est (Pâque) importante parce qu’elle appelle chaque chrétien à mourir avec le Christ dans le péché pour ressusciter avec lui à Pâque à la vie nouvelle. Une vie de réconciliation et de paix.
Quels sont les messages clés, susceptibles d’être véhiculés aux fidèles à l’occasion de chaque fête de Pâque, notamment celle de 2022?
En cette Pâque 2022, c’est d’observer ce monde caractérisé par les pandémies, les guerres, les mésententes. Alors celle de 2022, doit être une Pâque de réconciliation vraie. Que chacun se dépasse pour se comprendre avec les autres, pour s’accepter mutuellement. Que chacun meurt dans son péché pour ressusciter à la vie nouvelle de l’entente communautaire et familiale. Aujourd’hui, nous invitons nos gouvernants et les acteurs politiques de notre pays à regarder dans la même direction, celle de la prospérité et de la construction de la Guinée. Dépasser nos petites différences, nos égoïsmes, nos intérêts personnels pour ne regarder que l’intérêt général de la nation guinéenne.
La Guinée traverse une autre période de son histoire, ce, depuis le 5 septembre 2021. Dans la conduite des affaires, les nouvelles autorités ont parfois du mal à conjuguer le même verbe avec des acteurs politiques et sociaux sur certains sujets de préoccupation nationale. Quel est ce message d’apaisement et d’entente que vous leur faites passer aujourd’hui afin qu’ils puissent privilégier l’intérêt général du peuple?
Je voudrais dire que cette année a été une chance pour les croyants chrétiens et musulmans en Guinée. Le carême chrétien a commencé le 02 mars et les musulmans sont venus commencer le 02 avril, soit un mois après le nôtre. Alors, chrétiens et musulmans, avons cheminé un bout de chemin ensemble dans la pénitence, la prière et le partage. C’est donc une invitation au respect mutuel des religions en Guinée. Ça coïncidait aussi à la mise en place du Comité National des Assises. Ce qui veut dire que le carême et le ramadan de cette année en Guinée, nous appellent à la réconciliation véritable, à l’entente et au respect mutuel.
Votre mot de la fin en guise de bénédictions pour la stabilité de notre pays en cette période de transition ?
Je voudrais inviter les autorités guinéennes à faire comprendre aux citoyens, ce que c’est qu’un pays laïc, parce qu’il y a beaucoup de confusions pour nous qui ne sommes pas assez préparés à comprendre ce que c’est que la laïcité. Pour que désormais en Guinée, qu’on ne refuse un logement à un chrétien ou un musulman, ou refusé un droit à quelqu’un à cause de son appartenance religieuse. Nous sommes tous des frères et sœurs et nous appartenons tous à ce pays. Il ne faut pas que Dieu qui est l’élément principal, l’acteur de l’unité et de la paix, devienne pour nous le pionnier de la division à cause de la religion mal comprise par les uns et les autres. Quand on comprend sa religion, on respecte toujours son frère et sa sœur. Que l’unité nationale préoccupe chacun de nous, pour que nous puissions se connaître comme frères parce que ce pays nous appartient tous.
Entretien réalisé par Sâa Robert KOUNDOUNO