
Après plusieurs années de cris d’alarme des environnementalistes et des acteurs de la société civile, la Guinée commence à ressentir les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Le mois d’août 2018 pourtant célèbre pour sa forte pluviométrie a connu une chaleur étouffante comparée à la traditionnelle canicule de mars.
Selon la Direction nationale de la météorologie, l’un des facteurs de cette conséquence fâcheuse est la déforestation. Depuis plusieurs années, malgré de multiples efforts, le gouvernement peine à lutter contre la coupe abusive des bois. Alors que, chaque année, cette pratique détruit des milliers d’hectares de forêts guinéennes. Pour pallier cette action, les précédents gouvernements avaient misé sur la commercialisation des bouteilles de gaz domestique. Quelques années plus tard, sur le terrain, l’enthousiasme des Guinéens est très peu visible. La quasi totalité de ménages utilise le charbon de bois. Dans les rues de Conakry, à longueur de journée, des camions chargés de gros sacs de charbon défilent. On trouve des points de vente un peu partout dans les quartiers.
Oumou Salama Sy, ménagère, ne cache pas sa préférence pour le charbon de bois pour son moindre coût et son accessibilité. « Le gaz est très cher dans notre pays. Ce sont les plus riches qui parviennent à s’approvisionner. Avec un peu d’argent, on trouve facilement du charbon pour cuisiner » explique-t-elle. Pour cette femme au foyer, la pauvreté empêche les ménages d’opter pour le gaz. « Quelqu’un qui a du mal à se nourrir, vous pensez qu’il peut s’acheter une bouteille de gaz qui coûte extrêmement cher? Non, répond-t-elle. Personnellement, préparer avec le gaz est beaucoup plus avantageux que le charbon. Il y a beaucoup d’aléas pour utiliser le charbon alors que le gaz c’est facile. Mais si on prépare avec le charbon c’est parce que c’est moins cher et facile à trouver« .
Récemment, le parlement a voté un projet de loi gouvernemental abrogeant la TVA de 18 % sur le gaz domestique. En dépit de cette mesure, sur les marchés, les prix n’ont pas changé. Des vendeurs agréés comme l’entreprise Yiagaz maintiennent les anciens prix et continuent de commercialiser la bouteille de six Kilos à 130 000 francs guinéens (soit environ 13 euros), 270 000 francs (27 €) pour la bouteille de 12 kilos.

Cette détaxe n’a donc pas eu d’effets sur le marché. Un constat qui provoque l’ire du jeune député Habib Baldé. Sur son compte Facebook, le parlementaire s’insurge contre l’inflexibilité des importateurs de gaz. Il suggère à ses contacts de s’approvisionner auprès d’un des très rares revendeurs qui ont réduit les prix après la suppression de la TVA. Installé au quartier de Lambanyi, dans son magasin, Saliou Diallo vend la bouteille de 6 kilo à 105 000 (10 €) contre 130 000 (13 €) auparavant et 220 000 (22 €) contre (270 000) (27 €) pour les autres vendeurs.
A en croire un observateur, l’installation d’une usine de gaz dans le pays pourrait fortement réduire les prix et encourager les ménages à abandonner le charbon de bois. En Côte d’Ivoire voisine la bouteille de gaz de 6 kilos est vendue à 4 € contre 13 € à Conakry. Une différence de prix qui justifierait le manque d’engouement des Guinéens à opter pour le gaz dans les foyers. Pendant ce temps, le climat guinéen est en train d’en pâtir.
Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com