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Élie Kamano sur l’an 59 de l’UA: « il n’y a pas encore de solidarité ni d’union réelle autour de cette Institution»

Le panafricaniste et homme politique Guinéen s’est prononcé ce mercredi, 25 mai 2022, ce qu’il pense de l’évolution de l’Union Africaine. C’est à l’occasion de la célébration de l’an 59 de cette Institution, depuis sa création le 25 mai 1963. De la construction du bâtiment qui abrite le siège à Addis-Abeba (Éthiopie) par les Chinois, en passant par la gestion peu reluisante des différents Chefs d’État qui se sont succédé à sa tête de l’UA ou encore le manque d’union des pays Africains, Élie Kamano pense que les dirigeants du continent noir n’ont pas été à la mesure des attentes des populations. C’est pourquoi le président du parti PGSD estime que l’indépendance et l’union des Etats Africains autour de cette Institution restent loin d’être effectives.

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www.aminata.com: 25 mai 1963, 25 mai 2022, cela fait exactement 59 ans que l’Afrique fête cette date historique de la création de l’Union Africaine. Quelle lecture globale faites-vous de l’Institution en tant que panafricaniste ?

Élie Kamano : de façon globale, je pense qu’il y a un sérieux problème au sein de l’Union Africaine. Pour moi, cette Institution doit d’abord être indépendante à travers le siège qu’elle doit s’offrir en fonction des moyens qu’elle doit mettre à la disposition de l’Éthiopie afin de construire un autre propre à l’Afrique. Aujourd’hui les Chinois sont en train d’occuper à grande échelle, tous les marchés africains, c’est parce que justement là où on prend ces décisions, ce bâtiment a été offerte par la Chine. Pour moi donc, la souveraineté commence par là d’abord. Ensuite l’intégration africaine, c’est aussi la libre circulation. Lorsque que j’ai été en Ethiopie pour livrer mon concert, il y a quelque chose qui a attiré mon attention. On m’a dit que je ne peux pas accéder à la ville sans visa. Je me suis dit que je suis Africain et je viens dans un pays qui abrite le siège de l’Union Africaine. Et que, le Feu Président de mon pays a été l’un des militants pour la mise en place de l’UA. Comment voulez-vous que je sois muni d’abord d’un visa avant d’accéder à votre pays ? J’ai été obligé d’acheter un visa à l’aéroport et cela m’a choqué. C’est pourquoi, vous vous rappelez peut-être, que j’ai chanté un morceau que vous connaissez dont le titre est  » ouvrez les frontières africaines ». Donc pour moi, il ne faut pas fêter cet anniversaire sur les réseaux sociaux, mais sur les papiers, qu’on le vive pourque cette union tant attendue soit effective.

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De la création de l’UA à date, plusieurs Chefs d’État Africains se sont succédé. Qu’est-ce qu’on peut retenir selon vous du bilan des uns des autres ?

Nos Chefs d’État sont des petits des pays occidentaux. Lorsque vous prenez le cas très illustratif du Feu Président Lybien, Khadafi qui a été attaqué et bombardé par la France en complicité avec l’Angleterre et les États-Unis, rien n’a été fait par l’Union Africaine. Cela prouve à suffisance que nous avons perdu nos vrais leaders qui pouvaient parler de ce que les peuples Africains pensent plus bas. Alors ces Chefs d’État ne sont et n’ont jamais été à la hauteur des attentes des populations Africaines. Pas du tout.

Vous semblez tout peintre en noir, mais que feriez-vous si toutefois Dieu vous accorde la chance de diriger cette Institution afin de changer la donne ?

Le premier changement, je dirai à tous les pays Africains que le bâtiment qui a été offert par la Chine a coûté 154 millions de dollars pour sa construction. Je ferai en sorte que même un seul pays peut donner cette somme. Je ferai également que la première souveraineté des Africains commence par là. Ensuite je tiendrai des discours comme Thomas Sankara, qui disait que « si moi seul refuserais de payer la dette, je ne participerai pas à la prochaine assemblée de l’année suivante ». Il faudrait donc que les discours tel que les tenaient ces pionniers soient toujours d’actualité. Parce qu’on a tendance à oublier une chose, tant que l’Afrique n’aura pas pris des leçons sur les États-Unis d’Amérique, sur l’Union Européenne, on s’en sortira pas. Il n’y a pas aujourd’hui un continent qui n’est pas uni. Les Arabes sont unis, les Asiatiques sont unis à part certains pays comme la Corée du Nord. Tout le monde est uni sauf l’Afrique. C’est un semblant d’union qu’on fait ici à l’image des autres. Quand il y a eu Ebola, le Sénégal a fermé ses frontières. Et donc, il n’y a pas encore de solidarité ni d’union réelle. Pour moi, il faut cultiver cette union et c’est ce que je ferai si tout va bien.

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Un mot en guise de mémoire aux pionniers qui ont participé à la mise en place de l’UA ?

Je prie Dieu qu’il accepte leurs âmes au paradis. Qu’il continue à avoir pitié d’eux afin qu’ils pensent à nous pardonner, car tout ce qu’ils ont construit a été détournée par leurs progénitures. Quand tu prends l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et tous les autres pays, moi je me dit que nous n’avons honnêtement rien appris de nos pionniers là. Voilà pourquoi nous payons le prix aujourd’hui.

Entretien réalisé par Sâa Robert KOUNDOUNO

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