
Selon des informations qui nous sont parvenues du point zéro d’Assamaka, localité nigérienne située sur la frontière avec l’Algérie, les services d’immigration algériens viennent d’expulser de façon illégale et inhumaine vers le grand désert du Niger plus de 1140 migrants africains et étrangers. Ils les ont embarqué contre leur volonté, courant semaine dernière, à bord de plus de 400 camions à destination de l’éprouvante frontière nigérienne. Ces migrants refoulés du territoire algérien sont de plusieurs nationalités africaines et asiatiques. Les Autorités algériennes se sont prises sans discernement à tous les migrants de la peau noire. Les sans-papiers et ceux qui sont en règle tous confondus, pour les entasser dans des foyers de détention de fortune avant de les reconduire dans des conditions barbares vers le rude désert nigérien où ils sont réduits à des damnés de la terre. Situation d’autant plus illégale qu’inhumaine qui interpelle toutes les autorités de l’Afrique sub-saharienne, les organisations sous-régionales et régionale (CÉDÉAO, SADEC, Union Africaine) et les Nations Unies pour sauver plusieurs vies humaines déjà en danger de mort.
Selon un confrère nigérien, un premier convoi est arrivé dans la bourgade d’Assamaka, depuis le samedi 19 avril dernier. Ces gros camions ont franchi les frontières de l’Algérie avec le Niger, escortés par d’impressionnants dispositifs sécuritaires.
Tous les refoulés à bord de ces véhicules sont des Africains de diverses nationalités. Mais majoritairement des Guinéens et Maliens.
D’après une source citée par notre confrère Aïr Info d’Agadez, on relève au total 1141 migrants expulsés manu militari d’Algérie qui sont, au moment où nous mettions sous presse, à Assamaka entre la vie et la mort.
Aux dires d’un Agent contractuel de l’OMS, joint par aminata.com, Alger a procédé à des telles expulsions massives vers l’hostile désert nigérien des migrants pris en dépourvus (sans argent ni eau ni nourriture ni effets personnels ni logistiques). Cela, sans se référer également aux organisations humanitaires spécialisées ou aux ambassades des pays d’origine de ces migrants. Ne serait-ce que pour des dispositions relativement tenables.
Selon une source proche de la commission régionale d’Agadez chargée des opérations d’enregistrement et de comptage, dans ce convoi de plus d’un millier d’immigrants refoulés par Alger, 347 sont des Guinéens (tous sexes et âges confondus) et 287 Maliens. Les autres sont des Sénégalais, Burkinabé, Ivoiriens, Sierra-Léonais, Gambiens, Ghanéens, Nigériens, Nigérians, Soudanais, Tchadiens, Somaliens et Bangladais (ndlr/à un effectif très limité).
Étant en abandon total dans cet impitoyable désert sahélien, ces Africains en général et Guinéens en particulier risquent tous de mourir de faim, de soif, d’épuisement physique, de froid et de chaleur caniculaire si rien n’est fait d’urgence par les gouvernements et la Communauté internationale.
«Beaucoup de ces refoulés d’Alger sans ménagement arrivent épuisés, déshydratés sans vivres ni soins. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables», s’est confié à aminata.com un Agent d’un organisme humanitaire ayant requis l’anonymat.
Les ONG régionales d’Agadez, principalement celles intervenant à Assamaka et les autorités de ladite localité sonnent le tocsin vu les menaces d’Alger d’expulser d’autres migrants en flots et la précarité des conditions d’accueil des infrastructures requises. Ce qui exige une réponse non seulement d’urgence et d’ordre humanitaire mais aussi durables en engageant des procédures de concertations entre Alger et les pays d’origine et de transit des migrants afin d’obtenir des mesures suspensives et de prise en charge des 1141 de vies humaines en danger de mort dans le désert nigérien.
Il faut des mesures d’urgence et des plans d’actions concertées entre toutes les parties concernées avec le Gouvernement algérien.
Habib Diallo, depuis Bamako pour aminata.com