Née dans la capitale guinéenne et grandi à Koloma dans la Commune de Ratoma, Bintou Magassouba est cette jeune mère de 3 petits garçons. Chargée à l’éducation et à la formation des jeunes au sein de la structure Mérite international de la jeunesse Guinée , l’ancienne écolière de l’école primaire Kwamé Nkrumah a jeté un regard sur la façon dont se déroule en Guinée, le 08 mars, un mois consacré à la femme. Pour elle, cette date devrait être une occasion pour la gente féminine de ressortir ses droits par le travail, en lieu et place de la mamaya et danse qui caractérisent souvent le mode de célébration en Guinée.
Officialisée en 1977, la journée internationale des femmes selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), ou encore journée internationale des droits des femmes pour certains pays ou régions comme la France ou le Québec, cette journée met en avant la lutte des droits des femmes, pour notamment en finir avec les inégalités qui existent entre hommes et femmes. Partant des constats, cette fête est différemment célébrée par des pays à travers le monde. D’une manière ou d’une autre, elle met néanmoins en valeur la personnalité féminine en lien avec ses difficultés au quotidien.
« Nous femmes rencontrons d’énormes difficultés, notamment en matière de recherche d’emploi. Il arrive souvent que les employeurs mettent au-devant, le côté maternité de la femme. Parce que lorsqu’une femme arrive en période de maternité, ralentisse le travail pendant au moins 3 mois de congés et cela n’encourage pas l’employeur. Le deuxième facteur, c’est que les préoccupations côté famille constituent aussi un autre problème. Mais moi personnellement, je parviens à bien gérer grâce à ma compréhension avec la famille notamment mon mari. C’est pourquoi je pense que la mamaya ou danse devrait laisser la place au travail, aux dénonciations, vu l’importance de ce 08 mars. Je profite donc de votre média pour lancer un message aux femmes pour leur dire que bien que cette fête est pour nous, mais de mettre le travail en avant. Car c’est par le travail que nos efforts seront reconnus. Il ne sert à rien d’aller en uniforme au palais lorsque nos droits ne sont pas mis en avant. C’est une fête de la femme et nous avons nos droits. Mais pourquoi ne pas les ressortir par le travail », s’interroge l’ancienne élève du lycée Aviation.
Assise derrière son bureau et habillée en chemise rouge, dame Bintou est sortante de la première promotion de l’Université de Sonfonia Conakry. Après sa maîtrise en économie finance, la jeune mère prend son envol pour le pays de la Téranga (Sénégal), où elle a obtenu suite à l’appui de son mari, un Master en politique et négociation du commerce international. Après plusieurs années d’expériences dans certaines organisations comme la Croix Rouge où elle a été présidente de son quartier, cette maman de 36 ans a posé ses valises au sein du Mérite International comme chargée de l’administration et des finances depuis 2018.
« D’abord le Mérite International est un programme d’éducation, d’encadrement et d’accompagnement des jeunes. Et personnellement, j’évolue au côté de l’éducation, spécifiquement l’éducation formelle, qui consiste à renforcer l’éducation que les enfants reçoivent à la maison. Nous les encadrons à travers 4 secteurs dont : l’Altruisme où on apprend les jeunes à servir les autres, l’Aptitude où nous les encourageons de faire un métier comme informatique au-delà de leurs études universitaire, il y a le sport et quatrième secteur l’Expédition, où nous initions des découvertes soit à Kindia pour échanger avec les communautés afin de les servir pendant 3 à 6 jours. Nous les faisons également découvrir la faune et la flore», a-t-elle fait savoir.
Le programme Mérite international de la jeunesse Guinée existe en Guinée depuis 1990. Il est sous la tutelle des Ministères de la jeunesse et des Sports et celui de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Mais durant plusieurs années, cette organisation a eu du mal à s’implanter durant sur le territoire guinéen. Selon notre interlocutrice, des avancées significatives ont été enregistrées depuis la reprise en 2018 de cette structure par leur organisation, ce grâce à la détermination de toute l’équipe du Mérité International.
« Grâce à nos efforts, la structure est beaucoup plus connue à Conakry et à l’intérieur du pays. Présentement, nous avons une mission qui va pour implanter le programme en Haute Guinée, précisément à Kankan et à Siguiri. Alors partant de cela, je dirai qu’il y a une nette amélioration car nous avons des partenariats avec autres structures non étatiques ASCAD, et nous sommes plus de 8000 méritants sur le territoire guinéen.»
Les membres du Conseil National de la Transition CNT, échangent avec les citoyens aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays depuis quelques semaines. Cette démarche de l’équipe que dirige Dr Dansa Kourouma, est une manière de s’enquérir des préoccupations populations des populations la base. Ceci va permettre à coup sûr de faciliter la rédaction de la nouvelle Constitution au compte de cette période transitoire. Sur ce sujet, cette dame n’a pas manqué de propositions aux CNT, au regard des difficultés auxquelles la femme fait face, notamment les cas de viols surtout sur des petites filles qui arrivent à répétition.
« D’abord je lance un appel aux autorités afin de punir sévèrement les fauteurs. Au CNT, de voter des lois en faveur des femmes. Que les membres de ce conseil sachent que la femme guinéenne a assez souffert et continue de souffrir. Qu’ils jettent donc un coup d’œil sur ces nombreuses difficultés afin de proposer des bons textes dans ce sens ».
En guise de mot de la fin, Bintou Magassouba a tout d’abord tenu à d’abord remercier l’équipe du Mérite International de la jeunesse Guinée à sa tête M. Ahmed Sékou Traoré, Directeur pays qu’elle considère comme son coach et mentor. À son mari qui ne cesse de la soutenir dans tout ce qu’elle fait, mais aussi à ses enfants. Dame Magassouba a fini par souhaiter bonne fête à toutes les femmes de Guinée et du monde.
Sâa Robert KOUNDOUNO