
La lecture est demeurée un des passe-temps, occupations les plus bénéfiques pour l’individu. Quelqu’un disait : qu’elle peut tenir lieu d’un entretien, d’un échange avec les plus illustres et ou avisés de son époque ou des temps passés. Quand il est question de la littérature africaine c’est une redécouverte de nous-mêmes donc comme le cinéma cet art peut être très enrichissant, si on est motivé par cela. Par une excursion, à travers, deux romans sénégalais que sont «la Collégienne» de Marouba Fall et «Une si longue lettre» de Mariama Ba, nous allons tirer des impressions et déceler des perspectives.
-La Collégienne de Marouba Fall :
Marouba Fall est un enseignant puis administrateur scolaire, donc qui connait bien son propos. La collégienne est le titre de son ouvrage dont l’actrice principale Ouly, 19 ans reflète les sursauts d’une jeune fille de cet âge et de cette époque. L’œuvre se déroule dans un milieu assez moderne, de jeunes ouverts sur le monde et l’autre, d’où Ouly, la collégienne est surnommée l’américaine.
Contenu-thèmes : Marouba Fall nous ouvre les portes à la vie d’une ou de collégiennes et d’enseignants se retrouvant surtout au collège avec des provenances diverses : quartiers populaires, banlieues, résidentielles….Avec tout ce que cela peut signifier en terme de capacités sociales. Une remarquable habilité à la description des gens mais des choses, peut être aptitude acquise de l’enseignant expérimenté. Les ou la relation élèves-filles, collégiennes et enseignants-hommes sont sous les projecteurs, ce n’est pas trop tôt! L’erreur de jeunesse qui vous poursuit, en ville, de la part d’une jeune fille rurale est soulignée comme dans Maimouna d’Abdoulaye Sadji. La fuite de responsabilité de la part d’un Mari adultérin qui ne reconnait pas son enfant est une autre donne du dénouement de la scène servie sous forme de film télévisé aussi : comme dit l’œuvre n’est pas venue trop tôt mais mérite d’être relevée et rappelée aux uns et aux autres par rediffusion mais inclusion dans le programme de formation des élèves-enseignants, ce qui pourrait être regrettable est que son public principal, les jeunes ont de moins en moins de temps à consacrer à la lecture sous l’ère des NTIC où ils sont comme ces personnes qui organisent une conférence et quand le conférencier est dans sa matière vont s’occuper à des broutilles.
Les thèmes qu’on peut en déduire sont nombreux, mais nous allons nous arrêter sur trois points principaux : 1-L’insertion d’une campagnarde en ville avec les risques que peuvent lui faire courir la beauté de sa jeunesse.
2-Les relations entre enseignants et élèves féminines pouvant être sentimentales.
3-l’absence de Dieu chez les personnages principaux du livre.
Pour notre première remarque, l’insertion possiblement compliquée pour une jeune belle fille débarquée de la campagne : d’abord, il est notable que les gens, d’aujourd’hui, ne sont pas méfiants (ngaw ndjott) comme nous y invite nos cultures et traditions surtout pour une jeune personne, fille de surcroit et sortie de son monde ou milieu habituel. L’éducation avant la naissance, le suivi des premiers pas, mais le conseil ou mise en garde aux jeunes voyageurs surtout féminins semblent de l’ordre du banni, chez certains. Ainsi, ‘’ces espèces là’’ devraient être détectées précocement par leurs vis-à-vis jeunes, d’abord, pour savoir s’en écarter tôt. Le déboussolement qui peut prendre tout voyageur surtout une jeune fille venue comme domestique mérite une attention vues ces conséquences nombreuses et décriées, notamment, par le sociologue Kalli Niang. Dans ce registre, les agences d’offre de bonnes comme à Dakar pourraient être accompagnées par des assistants sociaux pour faciliter l’insertion, l’installation et la réussite économique comme intégrale recherchée par la jeune domestique en milieu urbain, lequel accompagnement institutionnel ne doit pas empêcher celui familial.
Deuxième point, les relations entre enseignants et élèves féminins pouvant déboucher sur des développements sentimentaux ou amoureux. L’écoute, l’attention chez l’enseignant envers son élève surtout des premières classes est une quasi obligation et que ce soit du même sexe ou des sexes opposés nombreux sont ceux qui ont des relations suivies, attentionnées envers leurs enseignants ou élèves, ce n’est pas une nouvelle chose. Toutefois, force est de reconnaitre que de nos jours les amours ou relations charnelles entre enseignants et enseignées toutes les deux parties de plus en plus jeunes, sont vus comme entrant dans l’ordre du normal, comme la règle. Et là, soyons clair : l’élève n’a pas à regagner l’école pour trouver un ou une amoureuse, élève comme lui ou enseignant : l’école est faite pour prendre du savoir et assumer sa voie ou vie. N’empêche, la formule de Mariama Ba : «On ne prend pas de rendez vous avec le destin» est valable avec la mort autant qu’avec l’amour. Et là, soyons encore précis : l’amour, les relations sentimentales sont une ruelle libre pour non tous ceux qui peuvent offrir une boisson ou un sandwich, mais pour le garçon qui a bien étudié sa cible et se sent prêt et intéressé à mener ‘’les virés et échanges’’, sans accident au sens de conduire sa compagne à l’imprévu, l’indécidé (pour parler de conséquences à prévoir). Et pour toute fille se trouvant en âge et ayant rencontré ‘’le prototype’’ dont elle souhaite avoir ‘’une histoire’’. Le cas présent est celui d’un enseignant envers son élève, lequel cas nous ne bannissons pas comme dit mais avouons le : appelle à plus de responsabilité et clarté dans sa volonté et conduite de la part de l’enseignant. Le cas Mar Ndiaye nous fait sourire puis rire. En effet, Mr Ndiaye, dans sa relation avec Ouly qui est d’abord, d’enseignant et élève, semble être celui qu’on mène, qu’on moralise, qu’on invite à se clarifier. Bref, c’est lui qui ne sait pas. Marouba Fall, l’auteur qui vient à la rescousse à la fin du roman pour justifier l’injustifiable, moi j’ai envie de lui répondre : Mr Fall, barrez vous après avoir dit votre messe ou peigné votre scène. C’est aux lecteurs de faire leurs déductions, peut être vous il vous reviendra dans le cadre d’entretiens hors du livre de donner votre avis comme tout un chacun. Mr Fall, vous ne pouvez rien me faire comprendre que j’ai besoin de comprendre sur «la relation amoureuse Mar Ndiaye –Ouly». Cela parce qu’un homme, en plus, plus âgé, de surcroit enseignant se fait mener dans une relation amoureuse qui semble non ouvertement ou clairement assumée. Mar Ndiaye est ce un homme? Est-il majeur? A-t-il fait ou flairé des bribes de ce qu’on appelle pédagogie? Autant de questions pour signifier notre étonnement de la part d’un homme d’être mené par une fille à peine pubère que lui ne sait pas canaliser s’il a décidé d’une relation sentimentale.
En effet, là est un danger de ce siècle, sans rejeter la parité, un homme s’il verse dans des relations avec une femme fusse t’elle de l’âge de son arrière grand-mère doit s’assurer de ses objectifs d’étape et final : qui est ce? Pourquoi faire? Jusqu’ou aller? Mentionnés dans une feuille de route, un agenda d’où toutes les éventualités le trouveront dédouaner par sa clarté, sa précision, sa fermeté, son encadrement de cette relation (surtout quand il s’agit d’une relation collégienne-professeur) cela pour savoir avancer si l’intérêt ou l’objectif y est ou s’arrêter, s’exfiltrer si les choses ne sont pas dans son gout ou sa maitrise : c’est tout ce qui est obligatoire à un homme majeur même pour courtiser une dame célibataire de l’âge de son arrière grand mère : décider d’avance quoi faire et jusqu’où aller, si sa cible y est prête ou malléable à ses fins, sinon le décrochement s’impose. Un vrai homme ne se fait pas mener dans une relation sentimentale surtout débutante, c’est tout ce qui manque à Mr Ndiaye dont son élève semble avoir le premier et le dernier mot sur tout ce qui les concerne : la morale, le gestuel, l’emploi du temps d’où ce Mar Ndiaye pouvait et allait si le roman était la logique ne pas seulement constater le naufrage de sa collégienne, mais mal finir lui-même. Un homme doit savoir décider et assumer son emploi du temps sentimental, sans quoi, il n’est plus un homme libre ou vrai. Plus âgé et enseignant enfonce le sieur Ndiaye.
3- Aussi, le roman se déroule au Sénégal, avec des prénoms musulmans, dans un milieu urbain ou semi urbain avec un désert spirituel qui caractérise certains sénégalais qui ne sont ni de peau blanche, ni en occident, ni ayant les ressources du blanc, mais sont des naufragés dans la culture urbaine et matérialiste ou mécanique, où on ne fait que suivre le vent. Cette absence de Dieu et de spiritualité peut être à elle seule la cause de toutes les dérives, ratés, regrets, auto et mutuelles destructions chez ces personnages qui ne sont plus ou très peu réglés à ‘’l’heure utile’’.
L’idylle Mar-Ouly, principal trame de l’ouvrage met l’accent sur un travers de nos temps où la ou les filles font les grandes gueules, en tout, ce qui ne signifie pas parité mais manque d’éducation, de retenue, surexcitation et les garçons ou hommes pressés d’encaisser tous les scénarii pour pouvoir baiser au plus vite et passer à autre chose ou autre occasion. La société en tirera toutes les conséquences le moment venu. Et avec les taux de grossesses scolaires enregistrés surtout au sud du pays, déclarés œuvre d’enseignants, il n’est pas besoin d’attendre demain pour tirer une projection. Mais c’est maintenant, s’il s’agissait de cas indésirables comme y invitent les statistiques dont on a ressenti le besoin d’avoir sur ces cas, qu’il faudrait prendre des mesures dictées par nos objectifs quels qu’ils soient, tirer les conséquences et dégager une ligne de prise en compte.
-«Une si longue lettre» de Mariama Ba :
« Une si longue lettre », sortie dans les années 80 s’est, selon nous, imposée comme le classique des classiques, dans son genre, au Sénégal. Ecrite par une femme de ces années de début d’indépendance, c’est une prouesse. Le titre une si longue lettre se justifie par le contenu mais se comprend à l’entêtement de l’auteure de marteler sa perception, volonté de modèle social, malgré qu’elle n’a pas rompu avec celui ci quand l’occasion s’est présentée de tout rejeter de ce modèle social qu’elle trouve, à beaucoup d’égards, saugrenu, injuste, rétrograde, pas suffisamment, en phase avec son idéal, ses rêves. Pour revenir à notre avis selon lequel, ce livre reste le classique des classiques, au Sénégal, pourquoi?
D’abord, il est bien connu du public car dans le programme de troisième (3éme) et adapté au cinéma. Mais, je crois surtout parce qu’il interpelle tous voire tout, les géographes pourront dire que c’est une géographie sociale. En effet, du vieux traditionnaliste qui renforce son statut par un grade religieux allant au jeune dans son temps qui veut se propulser, sans omettre ni l’intellectuel situé, le parent conservateur, la griotte entremetteuse, l’administration coloniale, l’étudiant et l’élève, l’artisan, l’aménagement dakarois déjà déshumanisé, la séparation de conjoints, la distance entre amis intimes, les plaisirs simples d’une vie sénégalaise, d’alors ; les déconvenues et déceptions du réel, la perte d’un être proche, le folklore sénégalais mal placé ou à sa place, une lecture synthétique du coran quant ‘’au miracle ténébreux de la mort et miracle grandiose de la naissance’’, les deux intervalles de la vie terrestre, l’espace urbain, périurbain, rural, un féminisme qui butte sur des traditions ou religions dont la personnalité pondérée de l’auteure plaide patiemment plus que ne décrète brusquement. Bref, une si longue lettre est effectivement une si longue lettre.
Une si longue lettre est quelque part la radiographie sociale, spatiale, morale, culturelle, politico-économique. En peu de mots, une lecture, à la fois, relativiste, progressiste, critique du Sénégal à ses vingt ans d’indépendance. Laquelle lecture pourrait permettre à tout sénégalais de se mirer, faire son bilan quasi complet et devoir savoir se diriger.
Avec une franchise, simplicité, circonspection du médecin qui livre son diagnostic. Avec une si longue lettre point besoin d’un grand effort pour voir, comprendre, s’aviser, encore moins une longue critique du bouquin car l’auteure par sa posture, ses choix, la manière avec laquelle elle a vécu son lot quotidien s’est critiquée en même temps qu’elle indexait sa société. Tout ceci, ce semblant de contraste de la plume et de l’attitude de l’auteure trouve un éclairage, un rattrapage, un justificatif, si on puisse dire dans la grande et profonde spiritualité que dégage l’auteure ou le personnage principal.
Et si on devait tirer une projection à cet écrit sénégalais d’il y’a quarante ans (40ans), nous serions un peu bouche bée car les années 80 semblent toujours d’actualité 40 ans après, d’où un autre critère personnel de désignation de l’œuvre «une si longue lettre» comme étant le classique des classiques.
Moise Kant, Critique en littérature
Survol de l’ouvrage interpelant, «l’aventure Ambigüe» de Cheikh Hamidou Kane :
A l’aube africaine, avec comme soubassements des valeurs fondées, endogènes, authentiques ; mais aussi par un plongeon dans les consciences, croyances, convictions d’un colonisé en quête de raison salvatrice, l’aventure ambigüe interpelle l’humain. Toutefois, la fin tragique de son personnage principal a tout l’air d’un ‘’gâchis’’ dont sa compétence à lui, le personnage principal, la philosophie, le raisonnement méthodique désencombré semblait être la plus à même d’éviter. «Dieu n’est pas un parent» était l’un des premières propositions de titre à l’ouvrage nous dit son auteur. Nous allons voir que ‘’l’homme n’est pas fait pour se perdre, loin de là’’, et que le jeune philosophe africain colonisé s’est fragilisé en ne mettant pas devant sa responsabilité Dieu et leur liberté son peuple, le monde, les hommes pour se débarrasser.
–L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane :
L’aventure ambigüe est le titre du livre d’un africain musulman ayant passé de l’école coranique, où nous dit on, tout le verbe est vrai, à des études supérieures de philosophie où la mise en balance des données et arguments, le doute méthodique, le détachement de tout conditionnement idéologique autre que la méthode et ou l’interrogation font la réalité. Aussi, ce jeune africain est d’un pays sous colonisation, avec un système impérialiste qui ne dit pas, ni ne fait pas toujours la vérité. Donc ce jeune africain très attentif voire trop attentif, avec l’exil et persistant dans sa quête de vérité, d’une résolution, de Dieu est bien parti pour une aventure non prédéterminée, donc ambiguë.
Temps-contexte : lors de la période coloniale, avec un système traditionnel subsistant, une école coranique déjà ancienne dont se dispute la place l’école nouvelle du blanc, l’autorité spirituelle, religieuse (du divin) et le pouvoir temporaire, coutumier (le commandement public traditionnel) doivent faire avec le pouvoir impérialiste, de l’étranger. Une coexistence, ici, assez pacifique, mais où les deux premiers et autochtones (la chefferie coutumière et la guidance religieuse) sont, naturellement, méfiantes quant à l’envahisseur et ses initiatives. Le personnage principal vogue entre deux mondes lointains, celui d’une Afrique traditionnaliste, encore ancestrale, faisant une avec sa nature, son milieu et celui d’un occident cherchant à dominer le monde mais sa nature, son environnement à des fins progressistes, de productivité, plus matérialistes que régulatrices. Toutefois, comme on disait cette cohabitation est plutôt apaisée, même chez le colon, à la métropole, l’exilé est bien reçu. L’occident impérialiste est lui aussi en ballotage dans des contradictions internes, elles aussi surtout matérialistes visant la compétitivité, la morale ou la religion ne sont pas ses premières préoccupations. Des idéologies partisanes, philosophiques s’y combattent. En Afrique, aussi, certaines élites comme la grande royale pense à, cherche à dénouer l’étau de la colonisation. Le personnage principal, Samba Diallo, enfant et puis jeune présente un aspect très religieux, pudique, méditatif…
Contenu-thèmes :
L’aventure ambiguë retrace le parcours de l’enfant à l’âge adulte d’un jeune issu d’une famille dirigeante locale, les diallobés. D’abord, disciple du foyer ardent et austère, Samba Diallo est plongé dans l’occident assoiffé de liberté, de luttes de débouchés voire d’émancipation d’avec le divin. Samba Diallo ne se dérobe pas dans ces deux mondes mais cherche à s’y intégrer, y trouver sa place, sa raison et parfois à s’y fondre. Avec une nature, prompte à intérioriser ou interroger son monde et son vis-à-vis, mais aussi très méditatif voire mélancolique. Samba Diallo comme dit le préfacier est arrivé à dépasser l’angoisse d’être noir, nègre à une période où toutes les élites n’avaient quasiment à la bouche que la négritude pour regagner l’angoisse d’être homme. Certainement aidé en cela par son parcours religieux, coranique, mais sa bonne intégration chez le colon. Là, se trouve peut être le nœud du roman car l’homme religieux devenu philosophe doit trancher un puzzle qui n’est pas une lutte armée mais de l’esprit, qui peut on dire? Se pose ainsi, à lui : l’occident égal frénésie progressiste, modernisme, domination de la globalité, rationalisme productiviste et s’est invité chez lui ou en lui où la spiritualité, le divin, la tradition, la nature, les valeurs de l’au de là, de la mort sont prévalentes. On pourrait réduire, ainsi, cette interpellation à la question de savoir : entre le monde occidental, des solutions terrestres et celui africain des réponses pour la dernière heure, pour l’au de là : lequel choisissez vous? Aussi en arrivant à démêler ou cerner l’une des équations fondamentales que posent la réalité au musulman, le réel au colonisé, l’homme face au monde ou à la vie…Samba Diallo comme se moquait de lui son condisciple Demba : «Tu as atteint un tragique inégalable» est arrivé à un questionnement quant à la vie terrestre et sa suite, inégalé! Mais, la réponse à y apporter se perd dans les contorsions du romantisme et de la philosophie. En effet, Samba Diallo penche pour le sien, pour son monde jusqu’à s’amputer du minimum pour lui, la santé, ici une offre de l’occident. On pourrait lui dire : mais Samba Diallo, l’homme est la priorité terrestre aussi et donc tout n’est que pour lui être utile, le servir, pourquoi chercher à ou devoir s’en priver. En effet, en un moment, Samba Diallo avoue opter pour Dieu que pour une guérison psychologique ou corporelle si l’éventualité se posait et même affirme que l’équation s’est déjà posée à son peuple, or par la Chahada, la prière…etc. L’homme a déjà reconnu la prééminence de Dieu sur sa personne et tout le reste. Donc après, la quête devrait être de faire ses provisions, de s’armer, se préparer à assumer, l’amanat (le dépôt, le confiage, la confiance de Dieu). Ainsi, tout le reste que ce soit la science, la technologie, le développement…j’en passe, doit tendre et être assujetti à appuyer, servir l’homme, le croyant dans sa mission. D’où plus que pour soi même, l’autre, l’humain, ou tout simplement le vivant mais aussi la nature assistés, sont des actes de dévotion. Il est question d’une dévotion par l’homme et ses intérêts véritables, qui peut être eux sont toujours en débat (quels sont ils?) Cet enlisement explique, peut être, la fin tragique du personnage, qui était alors désemparé, désarmé devant la réalité.
Enseignement-critique : L’aventure ambiguë montre que le continent noir a été quelque part surpris par le colon, il n’était pas assez préparé à faire face à ce nouveau monde qui s’est invité, imposé à lui. Et donc, la grande royale semblait être celle qui avait plus ‘’la tète hors de l’eau’’, moins dispersée, même si on peut lui reprocher par sa formule trop brève : « allez apprendre à vaincre sans avoir raison » de vouloir répondre par le tout matériel, rationnel, conquérant de l’occident par la même chose en rejetant, perdant nous-mêmes, notre âme, notre foi. La grande royale aurait été plus conciliante et précise en disant : allez apprendre à vaincre sans avoir raison, mais aussi et surtout sans nier votre vérité qui est aussi votre force supérieure.
Par l’aventure ambiguë, même s’il s’agit d’un roman, on peut réitérer notre reproche faite à la philosophie de s’arrêter à mi-chemin, de ne pas poursuivre la logique jusqu’au bout, de jeter malicieusement l’éponge au carrefour, peut être une volonté de survie de la philosophie en n’épuisant pas le potentiel de la raison, son outil premier pour pouvoir se recharger. Une guerre dans la théorie doit elle être interminable, si sa finalité comme son moyen ne font qu’une, la raison?
Ne sommes nous pas pour la plupart, aujourd’hui, encore à poursuivre les moyens de satisfaction de l’invite incomplète de la grande royale : ‘’ à savoir apprendre à vaincre sans avoir raison’’ en perdant de vue le lendemain ou le primordial, ce qu’on avait déjà (la foi, l’endogèneité, l’authenticité, la vérité, la supra-certitude …). Sommes nous appelés à finir comme le blanc, tous les mêmes?
Moise Kant, Critique en littérature
A la poursuite d’un disparu
Non, Kourouma : Allah s’est auto-obligé…
Dans la lancée de ses œuvres : le soleil des indépendances, en attendant le vote des bêtes sauvages, par Allah n’est pas obligé, Kourouma revient avec un ton de raillerie, sarcastique, de dérision, de dépit voire de désolation pour nous narrer la vie navrante du petit Brahim, enfant soldat. Son bouquin est un reportage, une autopsie de ces conflits quasi idiots qui perduraient sur le continent noir. Le titre de Kourouma rappelle les propos de ce GIS, soldat américain dans le film les larmes du soleil intervenant en Afrique et qui déclarait : «Dieu a quitté l’Afrique». Un débat qui pourrait être complexe mais un rabbin du coin m’a dit : «par rapport à cette déclaration, Dieu a été longtemps, assez, et longuement clair». Mais toujours, suivons, poursuivons le plaignant.
-Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma :
Sur le titre de l’ouvrage
Kourouma est connu comme forgeant des mots et expressions bàtards, mais aussi un ton de dérision voire sarcastique. Toutefois, par le titre Allah n’est pas obligé, on pourrait lui demander de quoi je me mêle ? Car usant d’un nom de Dieu propre à une religion, l’Islam dont il se réclame, on suppose lui-même. Pouvons-nous l’accuser de trafic d’influence ? Toutefois, quelque part, il arrive au vœu de tout écrivain qui est d’attirer voire capter l’attention sur son ouvrage. N’empêche après vérification, à travers les livres révélés. Où Dieu ou Allah, plus précisément, dit on, s’est prononcé : Allah ou Dieu n’est pas absentéiste, mais UN qui s’est auto obligé. Et même si dans le livre Kourouma se fait plus précis en ajoutant dans les affaires d’ici bas : donc Allah n’est pas obligé d’être juste dans les affaires d’ici bas. On pourrait lui opposer qu’Allah s’est auto obligé jusqu’à sa démission, certains dirons trahison. Et même en ce moment là, de fin du monde (si c’est la globalité qui est prise en compte). Selon ses engagements, Lui, le très haut (pour dire Allah). Il lui plaira de prendre des dispositions spéciales. Aussi, le recueil biblique renvoie aux châtiments décisifs du Seigneur à l’encontre des habitants de Sodome qui vivaient de sodomie et à l’arche de Noé qui devait exfiltrer les adéquats et laisser sombrer les pernicieux, quand le coran déclare : « la riposte de ton seigneur est redoutable». Tout ceci est plus corroboré qu’une désobligation de sa part (si en tout cas l’on se base sur les écrits dits révélés, des religions révélées : Judaïsme, christianisme, islam…). En particulier, celui où il a tiré le nom d’Allah, le coran. Mais, toujours concédons-lui son jugement prenant en compte un quasi apocalypse avant l’heure ? Et aussi pas assez considérée, prise en charge par les sociétés humaines, alors. Donc, si on poursuit dans la logique du constat compartimenté de Kourouma et celle argumentée du coran et autres livres religieux, on pourrait ajouter que même dans l’au de là, Allah ne sera pas obligé, mais seulement auto obligé.
Temps-contexte : Ecrit en 2000, l’ouvrage de Kourouma prend donc en compte surtout les années 90, où le continent était encore et surtout déchiré, miné, donc un peu partout en situation de sauve qui peut. Peut être même pourrait on dire, alors, la non assistance à personne en danger, avec une mise en danger de soi même ou réciproque, presque partout d’où un mal globalisant dans lequel, Dieu est questionné, reste à savoir si les hommes avaient fait leur part pour savoir pouvoir se fier au ciel.
Contenu-thèmes : L’œuvre de Kourouma constitue un important témoignage à la compréhension, connaissance du déroulement des enjeux, des effets…Bref, de la réalité des zones en conflit, où le pire peut faire aussi, le petit plaisir de certains. En effet, quand certains fuient d’autres viennent profiter du désordre. Et le destin des enfants soldats, en l’occurrence du petit Birahim met le doigt sur le danger du désœuvrement de la jeunesse dans l’Afrique où elle est majoritaire. Les causes de tout ceci sont aussi explorées, notamment, la piste des ressources minières mais surtout d’une élite obscurantiste
Enseignement-critiques : Kourouma montre que la désolation est une voie menant à douter de Dieu. Les frontières des zones en conflit constituent une équation à la stabilité avec l’affluence de trafiquants de toutes natures pour amener un surplus au conflit. Le retard d’une armée africaine se fait sentir. Le rôle joué par la communauté internationale se pose. Aussi, le ton insultant que peut prendre kourouma, même si reflet de la personnalité de son personnage principal ne mériterait il pas un avertissement en préambule?
Et si on devait jouer à proposer un titre, à retitrer l’ouvrage de kourouma, on dirait : La communauté internationale et africaine, un leurre, une supercherie.
Moise Kant, Critique en littérature