
La Guinée une fois purifiée de ses démons de 63 années de déchéance administrative, économique,
éducative, sanitaire, judiciaire se portera bien !
Dans l’histoire des nations, il y a toujours eu des points d’inflexion qui bouleversent de façon surprenante la trajectoire normale des évènements. Les exemples sont nombreux : l’invasion des forces mongoles de la Chine (1205), la guerre de l’opium en Chine (1839), la victoire de la marine japonaise sur l’empire russe (1905). Alors que dans ces trois exemples suscités les sources du changement sont dues à l’action des forces extérieures, les systèmes politiques économiques et même culturels des pays cités furent bouleversés.
La Guinée a cette fois-ci une opportunité unique de se séparer des vieilles habitudes non pas en vilipendant, excluant ou punissant une partie de sa société pour son passé mais en amenant tous les bras valides, toutes les énergies à s’engager pour la transformation de ce pays que nous aimons tous. Le défi est grand mais pas insurmontable !
Je suis certain que chacun de nous a des priorités pour ce pays. En ce qui me concerne voici quelques- unes à établir même si elles ne sont pas par ordre d’importance.
I- La Régénération Des Ressources Humaines
Il y a quelques jours, un jeune guinéen demandait mon opinion sur la méthode de gouvernance à adopter en Guinée. Je lui ai répondu que je ne savais pas mais en rajoutant qu’une chose demeure certaine : le leadership du gouvernement prochain qu’il soit celui de la transition ou des partis politiques doit s’engager à une métamorphose en vue de progressivement associer les jeunes cadres à toutes les activités et de les impliquer dans les instances de prise de décision. Car, les générations d’hommes et de femmes
ont monopolisé des institutions politiques et étatiques en Guinée avec des résultats peu satisfaisants. Des générations de politiciens, de technocrates ont conduit le pays sur un chemin qui, aujourd’hui selon toute indication, n’a pas permis d’établir et d’exécuter les grandes lignes de développement voulu de la nation.
Si tous les indicateurs statistiques prouvent que les générations précédentes n’ont pas été à la hauteur des défis pendant les 60 plus années d’indépendance, nous devons alors accepter d’analyser les raisons de nos échecs successifs. Sans chercher à rejeter les responsabilités à tels ou tels individus ou telles et telles générations ; je trouve ici une excellente opportunité pour tous les Guinéens d’être appelés à transformer le pays dans les prochaines 60 années en invitant toutes les couches sociales, tous les hommes et femmes, les jeunes et vieux à adopter une culture de travail et une discipline rigoureuse du respect des règles entrepreneuriales. Si nous, nous y attelons dès à présent, nous serons certains de bâtir de lendemains meilleurs.
II- L’attraction Des Investissements Directs Etrangers Et De L’épargne De La Diaspora
Les investissements directs étrangers en destination de la Guinée ont augmenté de façon spectaculaire allant de la modique somme de 44 millions USD à 325 millions USD entre 2019 et 2020 selon le rapport sur l’investissement dans le monde. Même si, je trouve cette augmentation exponentielle des investissements directs étrangers vers notre pays salutaire, il faut dire qu’ils sont encore très faibles même par rapport à celui d’une seule multinationale des technologies de pointes – IBM qui entrevoit un
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investissement d’1 milliard de dollars pendant les trois prochaines années dans le département de l’écosystème de la technologie du cloud-hybride. Cet investissement dans un seul département représente trois fois celui que notre pays a reçu environ (le montant de 325 millions USD) pendant la même période susmentionnée.
Le secteur minier en Guinée demeure le plus attractif en investissements étrangers, c’est, comme nous le savons, à cause de nos réserves de minerais de bauxite, de fer, de l’or, et du diamant. Le manque notoire d’investissement dans les autres secteurs primaires est alarmant.
Le taux très faible de la production du secteur privé, l’insuffisance de la production énergétique pour la transformation et la conservation des produits agricoles et industriels, et l’état délabré de nos infrastructures routières ne permettant pas l’adoption des moyens de transport modernes. Voilà autant de défis pour le pays.
Malgré ces défis, la Guinée demeure encore l’un des pays qui pourraient attirer des investissements dans plusieurs secteurs au-delà des mines, notamment ceux de l’agriculture, des petites et moyennes entreprises de production et de transformation.
L’Etat guinéen doit à cet effet adopter une politique de diversification des investissements dans ces secteurs et même adopter des mesures de protection des investisseurs ; pour cela, la mise en place d’un système judiciaire indépendant et fiable est indispensable.
En fait, selon l’Indice de perception de la corruption 2020 de Transparency International, notre pays est classé 137 ème sur 180 des pays les plus corrompus au monde. Ce déclin dans la promotion d’un Etat de droit, la protection des propriétés privées et publiques contre le vandalisme, le vol, la corruption endémique des employés de l’État, et l’abus du pouvoir des autorités de sécurité ont souvent été des barrières à l’investissement dans notre pays. La méfiance et les hésitations des investisseurs étrangers et de la diaspora sont aussi dues à l’incertitude dont la Guinée en a souvent souffert pendant ces dernières années.
Si tous ces maux sont graduellement adressés par les autorités politiques et administratives, la Guinée,
bénéficiera d’une attention positive qui nous est due.
III-La Modernisation De La Collecte Des Impôts Et Taxes
En ce qui concerne les taxations, la Guinée est l’un des rares pays qui ne prélèvent ni les impôts sur les stock-options, ni sur les cessions des titres de propriétés, ni sur les donations, encore moins l’impôt sur la fortune.
Les nouveaux outils de taxation devraient réduire le paiement des taxes en liquidité et briser les habitudes corruptives. De nos jours, la modernisation des structures de prélèvement des impôts et le contrôle des bureaux de comptes et du trésor national sont des mesures qui permettront l’augmentation du niveau de collecte des impôts.
IV-Les Audits Des Etablissements Publics
L’adoption procédurale d’une approche d’audit est imminente dans notre pays. Le but de l’audit ici est d’établir le contrôle et la précision de l’utilisation des ressources financières allouées selon les pratiques comptables généralement acceptées, il établira aussi les responsabilités et les critères de remédiations afin
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qu’il y ait du progrès et que les erreurs du passé ne se répètent plus. Nul ne saurait engager une telle procédure sauf le Comité National du Rassemblement et du développement (CNRD). Il ne s’agit pas d’inviter des cabinets internationaux et de débourser encore des millions de dollars en guise de frais de service. Mais, pour une fois encore, nous devons confier ce travail aux Guinéens. Ils en ont la compétence et le savoir-faire.
Cet audit devra être tenu sous les auspices des autorités actuelles et, avant que se tiennent les élections, car la période transitoire semble propice à un tel travail. Ce qui évitera au pays la mise en place des campagnes de chasse aux sorcières d’un parti au pouvoir contre son opposition.
Je suis loin de proposer un procès d’intention qui poussera le parti vainqueur de la prochaine élection à aller chercher les tares de régime l’ayant précédé au pouvoir. L’objectif fondamental est plutôt de permettre aux Guinéens de poser les jalons du développement continu du pays.
Tous les Guinéens peuvent contribuer au développement de la nation guinéenne, mais il ne faut pas que les apports se limitent à ceux qui occupent des positions de ministres ou les hautes responsabilités administratives de l’État. Nous pouvons ouvrir des bureaux de consultation, enseigner dans les universités, ou investir dans la bourse, l’agriculture ou dans les industries.
V- Les Objectifs D’un Développement A Long Terme
Je me rappelle encore le discours de Deng XioaPing du 30 juin 1984 (Deng Xiaoping Et Le Socialisme De Marché) à la convention du parti communiste chinois, « L’introduction des capitaux étrangers,
même s’ils s’élèvent à des dizaines de milliards de dollars américains, ne saurait mettre en cause le caractère intrinsèque de notre économie socialiste. Cependant, ces capitaux étrangers pourront donner un coup de pouce non négligeable à l’édification socialiste […] ». Ce qui est impressionnant dans ce discours, n’est pas seulement son contenu, mais la bravoure de ce leader chinois qui l’a prononcé alors qu’il était âgé de 80 ans et sachant que rien au monde ne lui permettrait de voir le « Miracle Chinois » en 36 ans.
Sans ce discours, EXIMBANK n’aurait pas existée, le développement industriel chinois aurait été chimérique.
Alors, c’est pourquoi je rêve d’une Guinée où les aînés que nous sommes aurions la sagesse et le courage d’accompagner la jeunesse à créer notre miracle, le miracle guinéen.
Aliou Niane
Monsieur Aliou Niane/ Aminata.com
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Aliou Niane est un citoyen guinéen. Il est diplômé de Suffolk University – Global MBA dans l’Etat de Massachusetts. Major de sa promotion en gestion-économie rurale de l’université de Wonsan en Corée du Nord, il partit au Japon pour étudier l’informatique. Il est un produit de la faculté d’agronomie de Dubréka.
Aliou travaille pour Synopsys, une société américaine des technologies pour la conception de puces, de l’automatisation de la conception électronique, de la vérification de l’intégrité et de la qualité des logiciels.
Aliou a également travaillé pour IBM, DELL/EMC et Hitachi aux États-Unis d’Amérique. Avant de servir aux Etats-Unis, il a été chargé de Channel Marketing pour Ricoh Corporation au Japon, en Hollande et en Angleterre. Il parle six langues : le français, l’anglais, le japonais, le Coréen et deux langues guinéennes. Il aime la lecture et le voyage pour découvrir de nouveaux pays et de nouvelles cultures.