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Chronogramme de la transition, libération d’Alpha Condé, détention d’anciens dignitaires…, Honorable Ben Youssouf Keita fait le point (interview)

L’ancien militant et responsable de l’UFDG et de nos jours président du CPA, Alliance pour le Changement et le Progrès, Honorable Ben Youssouf Keita a répondu aux questions d’aminata.com ce lundi 26 Avril 2022, sur l’actualité sociopolitique du pays. De son départ de la formation politique dirigée par Cellou Dalein, en passant par les raisons de la création de son propre parti, son avis sur la conduite des affaires par les nouvelles autorités depuis le 05 septembre 2021, de la libération d’Alpha Condé, la détention d’Ibrahima Kassory et cie, mais aussi et surtout le chronogramme proposé par le CNRD, cet homme politique dit tout dans cette interview exclusive. Lisez!

www.aminata.com: hier un acteur clé de l’UFDG et aujourd’hui leader d’un parti politique. Vos raisons et motivations?

Honorable Ben Youssouf Keita : j’ai tout simplement décidé de prendre mon destin politique en main, et agir de mon propre chef ; après une rétrospective de ma vie professionnelle et socio-politique. Le déclic est venu après les événements du 5 septembre 2021. Une introspection, une semaine d’analyse et de réflexion m’ont décidé de franchir avec conviction et détermination, de prendre l’historique décision de créer ma propre formation politique avec l’objectif d’accéder au pouvoir suprême de mon pays.
Nanti de diverses expériences enrichissantes, telles les quinzes années passées dans l’UFDG, formation politique bien respectable animée par des femmes et des hommes de grande qualité humaine et morale, au près des quelles je me suis forgé la stature d’homme politique. J’ai entre autres été quinzes ans à la tête du puissant syndicat des travailleurs de la Société diamantifère de Guinée (AREDOR) de 1987 à 2002, cinq ans à la tête d’une ONG dénommée ARAPMA (Association des Ressortissants et Amis de la Préfecture de Mamou) à but social, agricole et économique; à Banankoro de 2002 à 2007, année exactement à la quelle j’ai adhéré à l’UFDG, où, comme vous le savez j’ai donné le meilleur de moi-même jusqu’en Janvier 2022.
Enfin voici que le 21 janvier 2022 j’ai créé et baptisé mon parti au nom de A.C.P (Alliance pour le Changement et le Progrès) de Guinée dont je suis le Président.

La création de votre formation politique intervient à un moment où nous assistons à la floraison des coalitions en Guinée. À laquelle appartient votre parti?

Pour le moment l’ACP est dans ses démarches administratives. Nous n’avons pas encore adhéré à quelque coalition existante qui soit. Dès que nous obtiendrons notre précieux sésame, nous ne saurions évoluer en solitaire. Nous irons où la direction du parti décidera.

La Guinée vie depuis le lendemain du 05 septembre 2021, une autre histoire politique avec la junte militaire au pouvoir pour une troisième fois. Dites-nous ce qu’il faut aujourd’hui pour que les civiles demeurent aux affaires comme le veut la démocratie ?

Pour moi il s’agit de tout faire, pour que cette transition soit la dernière que vivra la nation guinéenne. Pour cela il faut éviter les erreurs du passé, tant pour les gouvernants que pour le peuple, en ne créant aucune condition désormais propice à un coup d’état militaire. La justice et la bonne gouvernance doivent être les maîtres clés pour le pays. En un mot la démocratie dans toute sa plénitude avec le retour des civiles au pouvoir, après que le CNRD aïe bien nettoyé l’écurie des indélicats économiques et baliser durablement la route pour les politiques.

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Quelle lecture faites-vous aujourd’hui de la situation de notre pays de façon globale, depuis la venue du CNRD aux affaires?

Je me réjouis avant tout de l’arrivée du CNRD au pouvoir, car il était temps, après les remous cauchemardesques socio-politiques vécu par ci et par là à l’occasion de la bataille du 3ème mandat contesté et du tripatouillage de la constitution de 2010. Je vous rappelle qu’en ma qualité de membre du FNDC, j’ai subi un passage éprouvant à la DPJ pendant 8 heures d’horloge, après une descente musclée composée de 6 pickups pleins de policiers à mon domicile privé de
Lambanyi aux fins de me cueillir comme un malfrat. Je n’oublie pas les martyrs qui reposent au cimetière de Bambéto, aux disparus enterrés dans les fosses communes à N’zerekoré. Une pensée pieuse appuyée, au feu Roger BAMBA qui fut un proche à l’UFDG. Depuis donc cette prise de pouvoir jusqu’à nos jours je fais une bonne lecture de la situation, un espoir pour l’avenir de notre nation avec le CNRD pourvu qu’il reste droit dans ses bottes, en maintenant le cap sur la bonne gouvernance, la justice, la lutte contre la corruption, la suprématie de l’intérêt supérieur de la nation sur tout autre intérêt ainsi que le maintien de la cohésion sociale avec un dialogue inclusif de toutes les entités socio-politiques de la nation. Je félicite et j’encourage le CNRD à continuer sur sa lancée tout en restant à l’écoute du peuple. L’équipe du CNRD bénéficie de mon soutien.

L’ancien Président Guinéen est désormais libre et peut même reçevoir des proches au domicile de son épouse. Pendant ce temps le FNDC à travers leurs avocats fustigie cette décision des nouvelles autorités et exige que Mr. Alpha Condé réponde de ses actes sur les crimes de sang et tant d’autres. Votre analyse de la situation.

La libération de l’ancien Président Pr Alpha CONDÉ est une très bonne chose pour l’image de la Guinée, pour l’apaisement du climat socio-politique, pour la détente entre le CNRD et la CEDAO et aussi un espoir de justice pour ces compatriotes qui ont des choses à reprocher à l’ancien locataire de Sékhoutouréa et qui veulent des explications. C’est un devoir de redevabilité à la nation, quand on a été gestionnaire et, est un droit absolu du peuple de demander des comptes à ceux qu’ils ont élu et confier leur destin. Crime de sang, ou crime économique il doit se préparer à répondre si son état de santé le permet. C’est aussi simple que ça. De toute façon moi je lui souhaite encore longue vie et bonne santé.

Comment appréciez-vous ces vastes chantier du CNRD, dont l’opération de récupération des patrimoines bâtis et non bâtis de l’État, mais aussi la création de la Crief ?

J’apprécie à sa juste valeur les actions du CNRD notamment la création de la CRIEF. J’encourage cette entité à poursuivre ses efforts de moralisation de la chose publique. Il faut récupérer tous les fonds indûment acquis au détriment du peuple de Guinée. La Gabégie, le détournement, le népotisme et le clientélisme doivent désormais disparaître des radars de la Guinée nouvelle.Tous ceux qui ont géré dans ce pays doivent rendre compte. C’est un sacerdoce hier, aujourd’hui et demain de la bonne gouvernance et la démocratie.

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Dr Ibrahima Kassory et cie, Amadou Damaro et Lounceny Camara, tous à la maison centrale. Que cela vous inspire?

La présence de ces hauts dignitaires dans ce lieu me peine profondément, mais cette situation doit donner à réfléchir à tous ceux qui sont entrain de gérer aujourd’hui avec le CNRD et tous qui auront à gérer dans le futur dans notre pays là. La Guinée doit redevenir un pays normal, vertueux en gestion du bien public. Je pense que nul n’est au dessus de la loi et la justice doit être pour tous. DURA LEX SED LEX.

Le CNT a récemment remis le rapport final au Président de la transition sur des consultations nationales. Dans ce document, la majorité souhaite qu’il existe seulement deux partis politiques en Guinée. Partagez-vous cet avis?

Non ! Je ne suis pas pour ce principe. Il faut tout simplement mettre des gardes fous aux politiques, afin d’éviter tout dérapage et toute attitude succeptible de mettre à mal l’unité nationale, la paix et la quiétude sociale. L’objectif de tout parti étant d’accéder au pouvoir, cela doit tout simplement se faire dans les règles de l’art.

Sur la durée de la transition selon nos informations, le CNRD opterait pour 3 à 5 ans. Votre avis là-dessus ?

Entre les deux options j’opte pour celle de 3 ans. C’est raisonnable, j’estime qu’avec l’élan actuel du CNRD, le sérieux, la rigueur et la volonté de moralisation affichée le délai de 3 ans est suffisant. Le chantier de la refondâtion de l’état en Guinée n’est pas aisé, tant la situation était chaotique. Allons doucement avec le CNRD animé de louables intentions en ce moment. Sachons tous, que ce n’est pas, en poussant dans le dos, celui qui est déjà en train de courir, que vous le ferez aller plus vite, au contraire vous risquez de le faire trébucher avec les conséquences qu’un tel geste peut engendrer. C’est un principe basique de physique, qui sied à la politique quelque part. Ayons bien présent à l’esprit cette métaphore. Ne confondons pas Vitesse et Précipitation. N’oublions surtout pas les causes de la tragédie vécue par les guinéens lors de la précédente transition; celle du CNDD du Capitaine Moussa Dadis CAMARA. Plus JAMAIS la répétition des événements du 28 Septembre 2009. Évitons de refaire pareille erreur désormais, en ne recréeant pas les conditions propices et similaires à de telles folies. Guinéens, il y a eu trop de souffrances inutiles affligées à notre population, pour des raisons politiques. OBSERVONS DÉSORMAIS UNE TRÊVE pour nous consacrer à la construction du bonheur de la guinée, par tous ses fils mains dans les mains pendant au moins les trois ans à venir.

Interview réalisée par Sâa Robert KOUNDOUNO

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