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Barboza Soumah, préfet de Coyah: « comment les bandits m’ont attaqué, tabassé et laissé pour mort » (exclusif)

A moins d’un an, le 24 novembre 2016 depuis l’attaque dont il a fait physiquement l’objet, c’est la tout première fois, qu’il s’est exprimé à média. Au micro d’un journaliste d’Aminata.com, Dr. Ibrahima Barboza Soumah, préfet de Coyah explique les circonstances de l’attaque contre sa personne.

Au cours de l’entretien exclusif, il relate l’assaut de bandits, son évacuation sur Dakar et le déroulement du dossier à la justice. Aujourd’hui, il se dit prêt à pardonner aux auteurs de l’attaque en main armée à condition que ceux-ci dénoncent les éventuels commanditaires de la « tentative d’assassinat » contre lui. Lisez.

Aminata.com: où en est le dossier sur l’attaque des malfrats contre votre domicile qui a conduit à votre évacuation sur Dakar?

Dr. Ibrahima Barboza Soumah: à l’heure qu’il fait les 95% de tous les auteurs sont arrêtés. Les principaux auteurs ont été arrêtés. Il y a une dizaine qui a avoué.

C’est étonnant quand même qu’on s’attaque au préfet

S’attaquer au préfet (rire) avec tout ce qui se passe, avec  toute l’armada de sécurité chez le préfet (rire). Ce jour là je pense que c’était bien planifié. Les dessous je n’en sais pas. J’ai travaillé jusqu’à 18heures, je suis rentré, j’étais fatigué. Il n’y avait qu’un seul agent de la gendarmerie qui était de garde. Il n’y avait pas de courant, je suis couché dans la case (présidentielle). C’est vers 2h30 du matin j’ai entendu un bruit dans le salon. Plus de 15 personnes sont rentrées d’abord dans la chambre de ma femme. Ils n’ont rien trouvé. Ils ont trouvé un sac de voyage. Ils l’ont pris le téléviseur au salon puis ils ont pénétré dans ma chambre. Ils ont commencé par des tirs pour me paniquer. Le premier mot qu’ils ont dit dès qu’ils sont rentrés ils ont dit qu’ils sont en mission pour m’éliminer, me tuer. J’ai répondu c’est bien, je suis à vous. J’ai dit à qui j’ai commis du tort si minime soit-il qui n’a pas pu accepter de me pardonner, qui n’a rien pu faire sauf m’arracher la vie, j’ai dit je suis entre vos mains et les mains de Dieu. C’est ainsi qu’ils ont commencé à me faire ce qu’ils ont fait. Dieu merci il est arrivé à un moment donné où je suis tombé, j’étais dans le sang. Ils ont pris tout ce qu’il y avait dans la chambre. En sortant ils ont fait un tir de sommation, ils sont partis sous une pluie battante.

C’est après que le soi-disant agent de sécurité est parti dans le grand bâtiment en sautillant les deux mains liées par les lâchés de son soulier pour dire que les bandits sont venus l’attacher et qu’ils m’ont tués et ils ont même envoyé mon corps. Ma famille est sortie en catastrophe pour venir dans le bâtiment en croyant ce qu’il a dit.  Dans l’obscurité j’ai remis un peu le pied. Je ne pouvais même pas bien parler parce que j’avais eu le traumatisme multi-fractures, mandibulaire, la tête cassée. J’ai dit Dieu merci envoyez-moi à l’hôpital je vais mourir. Premier accueil à l’hôpital de Coyah, les premiers soins. Après, pour Ignace Deen où il n’y avait pas de place. Tout est fait pour que je parte (meurs). A Ignace Deen, on me dit qu’il n’y a pas de place pour un préfet.  Mon garçon était obligé d’appeler le propriétaire de clinique Pasteur qui a dit envoyez-le.

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Je suis parti, à 7heures du matin déjà mon ministre est venu, tout le monde était à mes chevets. 8heures moins, le président revenait de son voyage et il est venu à mon chevet. Tous les examens ont été faits. Le président de la République m’a évacué sur Dakar parce que je ne pouvais pas tenir un long voyage sinon il voulait que je parte très loin. J’avoue que je suis rentré dans les conditions les meilleures à Dakar. J’ai fait un séjour de deux à trois mois à l’hôpital de Dakar. Aujourd’hui je n’ai pas certainement repris toutes mes facultés mais j’ai l’esprit serein. Je n’avais pas perdu la conscience. A mon humble avis, ils sont venus en mission pour me tuer. J’étais seul, mes deux bras seulement avec moi. Ils ont fait tout ce qu’ils ont fait sur ma personne.

Ils vous avaient torturé, frappé et malmené?

Ils ont tiré. Ils ont pris leur coupe-coupe pour éventrer ma tête. C’est pourquoi les deux bras ont été cassés. C’est Dieu qui m’a sauvé. Ce n’est pas une personne, ce n’est ni des fétiches, ni gris-gris, c’est Dieu. C’est parce que mon jour n’était pas arrivé. Donc, aujourd’hui on est à la justice, on va faire le procès. Il faut qu’il dise celui qui les a envoyés pour me tuer. Il faut que celui-ci réponde ce que je lui ai fait pour commanditer ma tentative d’assassinat. Quand je connais ça, si je lui dois de l’argent je le lui paie, si j’ai détourné quelque chose qui l’appartient je le lui donne. C’est tout ce que je peux faire. Après enfin de compte  je demanderai à la justice de les gracier. Et s’il y a un jugement à l’au-delà, j’attends là-bas. Ils sont en mission. C’est des gens que je n’ai jamais connu dans la vie. Peut-être eux me connaissent.

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Quand ils étaient venus, ils étaient cagoulés?

Pas de cagoule, certains étaient habillés en tenue militaire, d’autres en civil. Plus d’une quinzaine. Imaginez, on vous réveille en sursaut à 2heures du matin avec des tirs, vous ne pouvez pas les identifier.

Vous avez pu rencontrer les auteurs?

Je ne peux pas les rencontrer. J’ai des enfants, je les ai interdits de participer. Je ne sais pas ce que la famille va subir quand elle rencontrera un des ces gens mais eux je sais que ça serait fini pour eux. Donc, j’ai dit que personne ne doit rendre de compte. C’est Dieu qui règle tous ces comptes.

C’est quand même surprenant, malgré tout ce que vous avez subi et vous dites que vous êtes prêt à pardonner.

Qu’est-ce que je vais faire? La douleur que j’ai supportée, ce que j’ai enduré. 17 jours je ne mange pas, je ne bois pas bien, rien. J’étais entre ici et l’au-delà. Quatre mois je ne mange pas du riz, c’est du liquide que j’utilise. Vous savez le blocage mandibulaire, jusqu’à présent j’ai certaines séquelles. Pensez-vous que les auteurs de tout ce que j’ai subi même vingt ans de prison peuvent arranger. Mais la condamnation de Dieu est la meilleure certes pour les incrédules mais pour ceux qui croient en Dieu qui savent qu’on va les réveiller pour leur présenter le bilan de leur séjour sur terre, ils savent.  Je pense que cette condamnation est la meilleure, là-bas, il n’y a pas d’intervention. Il n’y a pas avocats de la défense ni rien, il n’y a que Dieu. J’ai dit à mon avocat de les demander qui sont les auteurs.

Comment vous vous êtes senti psychologiquement après cette attaque

J’avoue que j’ai été remonté moralement par les populations de Coyah. A mon retour qui a été triomphal. Mon retour à Coyah après mon séjour sanitaire à Coyah, il fallait voir comme un chef d’Etat. On a commencé à m’accueillir à partir de kilomètre 36. Tout le long de la route, il y avait de foule. Ça c’est suffisant. C’est ce qui d’ailleurs m’a renforcé dans mon état. C’est pourquoi j’ai eu le courage d’être avec cette population.

Après ça, votre sécurité a été renforcée?

(Rire), il faut partir voir. Je dors avec la Brigade anti-criminalité (BAC). Pour rentrer, d’abord vous ne pouvez même pas passer mais tout ça, c’est Dieu qui garde l’homme. Le jour qu’ils m’ont attaqué, il n’y avait personne.

Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com

alphanyla@gmail.com

+224 666 62 25 24

 

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