
Pour l’avenir de UFDG: à Bah Oury et Cellou Dalein de ‘‘vivre comme deux frères et ou de mourir comme deux idiots’’
Aujourd’hui partout en Guinée, zone urbaine ou rurale, le même sujet est sur toutes les lèvres: le verdict du tribunal de Dixinn annulant l’exclusion, par le bureau politique de l’UFDG sous la coupe de Cellou Dalein Diallo, du vice-président Bah Oury, membre fondateur. Véritable feuilleton politico-judiciaire, à la veille des élections communales, dont la solution est entre les mains de deux protagonistes. Se dépasser et enterrer la hache de guerre ou s’entretuer comme des abrutis sous les risées de l’actuel régime?
Un bref rappel historique sans rentrer dans l’histoire n’est pas mal pour bien camper la crise actuelle. Officiellement, ce n’est qu’en 2007, que Bah Oury et Cellou Dalein ont pactisé devant Dieu et devant les hommes dans un élan politique. Si auparavant chacun avait son univers à lui. Pendant que l’un se battait pour le respect des droits de l’homme, l’autre gravissait des échelons dans l’administration au service de sa patrie. Le destin a fait qu’ils se lancent tous dans la politique. Et Bah Mamadou de par sa pondérance d’esprit, se sentant sans force pour continuer son combat politique, après avoir convaincu Bah Oury, fit appel à Cellou Dalein Diallo, imbu d’une expérience administrative qui lui a valu occuper la prestigieuse fonction de premier ministre, pour souffler des nouvelles énergies à l’UFDG.
L’arrivée de Cellou à l’UFDG avait sonné une nouvelle ère. Le parti enregistre des vagues d’adhésions et en moins de deux ans, il était devenu l’un des plus importants du pays. Le rythme est resté le même lors de la présidentielle de 2010. Mais voilà qu’en 2011, Bah Oury est soupçonné par Alpha Condé d’être l’instigateur de l’attaque de son domicile privé à Kipé dans la commune de Ratoma dans la nuit du 18 au 19 juillet. Bah Oury est obligé ainsi de s’exiler à Paris à partir d’où, pendant un bon moment, il portait un jugement très critique sur la gestion du pays. En fin de compte, il change de ton et se tourne vers son parti en accusant son président de naïveté et de lâcheté. Dans le camp de Cellou l’ont feint comme si de rien était en faisant semblant de ne pas entendre les plaintes répétées de son vice-président en exil. La colère s’exacerbe et la haine s’installe. «Les haines les plus inextinguible n’ont pas si souvent des fondements assez importants», dit-on. Par négligence, on a laissé couver une affaire que pouvait résoudre, l’écoute et la prise en compte de l’opinion du plaignant, devenir un véritable imbroglio politico-judiciaire.
Voilà c’est dans cette situation délétère de l’UFDG exactement que Bah Oury rentre le jeudi 4 février 2016 à Conakry après à peu près 5 ans d’exil. Il réclame son ‘‘parti’’ et demande le départ de Cellou Dalein. Et le 5 février, le vice-président, exclu du parti, la veille, est empêché d’accéder à l’intérieur du siège où se tenait la réunion du conseil politique. On y enregistre des altercations, des affrontements. Dans le tumulte, le journaliste Mouhamed Koula Diallo est fauché mortellement par une balle en pleine poitrine. Malencontreusement, les protagonistes, au lieu de se mettre à la disposition de la justice, chacun de son côté accuse l’autre d’en être responsable. La justice se saisit illico du dossier et procède à des arrestations injustifiées, à des circonstances, dans les rangs de l’UFDG. Parmi les gardes du corps de Cellou Dalein placés en prison, un en meurt en détention.
Entre temps, Bah Oury avait déjà engagé une procédure judiciaire pour attaquer son exclusion du parti. Si le neveu de Bah Mamadou ayant écopé de la même décision a été débouté par la justice, le vice-président, lui, gagne le procès le vendredi 3 mars au TPI de Dixinn. Son exclusion est donc annulée tout simplement pour non-respect des statuts et règlements intérieurs du parti. Les proches de Cellou en ont que faire. Ils promettent d’interjeter appel. Tout porte-à-croire que la Cour d’appel confirmerait la sentence. Car, même ceux qui contestent aujourd’hui le verdict ont du mal à justifier juridiquement leur opinion. Alors faut-il reconnaitre qu’il y a eu violation des statuts et règlement intérieur de l’UFDG dans l’exclusion de Bah Oury.
Où accepter le verdict du tribunal? Où interjeter appel et prolonger la procédure? Sachant que les élections communales sont prévues bientôt. La seconde alternative semble risquée pour les deux hommes ce que, étant englués dans cette affaire, ils ne pourront pas préparer normalement la campagne, et à coup sûr perdront devant la mouvance. Mais, s’ils décident de dépasser leur orgueil pour repartir sur des nouvelles bases, ils auront réussi un acte salutaire et salvateur pour l’UFDG et ses militants placés, dans cette situation, entre le marteau et l’enclume.
Ça, c’est possible…
Pour avoir accepté les résultats de la présidentielle de 2010 et celle de 2015 en passant par les législatives de 2013, l’UFDG devrait trouver la même force et la même présence d’esprit pour saisir la chance de réintégrer son vice-président. Un gage de renforcement du parti. c’est possible, dans la mesure où Cellou Dalein avait, en 2015, chercher alliance avec Moussa Dadis Camara inculpé pour crime contre l’humanité.
N’en déplaise! A Bah Oury et Cellou de ‘‘vivre comme des frères et ou de mourir comme deux idiots’’ comme pour paraphraser le très célèbre pasteur américain Martin Luther King, auteur du retentissant discours de fraternité entre les humains.
Abdoul Malick Diallo
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