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« L’homme et la femme se valent sur le terrain économique, la supériorité ou l’infériorité, c’est dans le foyer », selon Hadja Lislam Baldé

La présidente de l’association Paix et patrie des mères calmeuses de Guinée et présidente du conseil d’administration de Lisbal holding a dit dans une interview exclusive qu’elle a accordée à Aminata.com que tout ce que l’homme fait, la femme peut le faire et a invité les femmes à se débarrasser du complexe d’infériorité.

Dans cet entretien, Hadja Lislam Baldé a parlé entre autres, de la journée internationale de la femme et la place qu’elle occupe dans la société guinéenne, de la recrudescence du viol notamment sur les mineures, de sa participation à la septième conférence sur la mémorisation du Coran en Iran, ses projets pour son pays. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview.

Aminata.com: Que pensez-vous de la journée internationale des femmes célébrée le 8 mars de chaque année ?

Hadja Lislam Baldé: C’est une fête pour toute l’humanité y compris les hommes. Car, sans homme, il n’y a pas de femme et vice versa. Donc, les femmes ne doivent pas s’approprier de cette fête. C’est une fête de réjouissance,  de reconnaissance et on doit également se remettre en cause. Aujourd’hui, je suis très heureuse parce qu’en tant que femme je suis responsable d’une grande ONG et un  groupement d’intérêt économique.

Cette année, le thème qui avait été retenu est l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Qu’en pensez-vous ?

Moi je suis en avance sur ça. Nous, on a vu cela il y a longtemps. Depuis que nous avons eu l’âge de la maturité, nous avons compris que l’homme et la femme se valent sur le terrain économique. La supériorité ou l’infériorité, c’est à la maison.

Quel regard faites-vous de la place qu’occupe la femme dans notre société ?

A l’assemblée nationale par exemple, le pourcentage accordé aux femmes n’est pas respecté. Le problème est que nous n’avons pas la même façon de voir les choses surtout en ce qui concerne la place que nous femmes devons occuper. A l’assemblée, nos sœurs qui sont là-bas, nous représentent. Elles font des efforts mais elles sont dispersées. C’est-à-dire, elles peuvent cibler des bonnes personnes qui peuvent les aider. Il faut être dans le formel. C’est-à-dire, elles peuvent cibler des bonnes personnes qui peuvent les assister. Il y a des femmes qui n’ont pas besoin d’aller là-bas mais qui peuvent se faire entendre en étant porte-parole des sans voix grâce à leur expérience. Je suis autonome. Je n’attendrais jamais quelqu’un pour me nourrir, pour m’habiller ou subvenir à mes besoins. Je suis dans une maison que moi-même j’ai construite. Mon mari a réalisé mais j’ai décidé de rester là où j’ai construit. Je ne me fais pas des éloges mais  comme on le dit, fait bien et laisse dire. Il faut que les femmes se débarrassent de certains complexes. Tout ce qu’on ne connait pas, il faut demander. Toute personne est au milieu. Tu dépasses certains et d’autres te dépassent. Il faut qu’on se débarrasse du complexe d’infériorité.

Quel conseil avez-vous à donner aux femmes qui attendent tout de leur époux ?

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Il faut qu’elles soient sensibilisées. La sensibilisation doit passer par des actes concrets parce qu’il y a eu trop de paroles. On peut aller vers elles et leur donner quelques choses en disant de faire telle chose. Nous nous sommes pragmatiques.

Qu’est-ce qu’il faut pour que les femmes soient indépendantes ?

Pour que la femme soit indépendante, tout se passe dans la tête. Il faut vouloir être indépendante. Quand tu demandes à Dieu de t’aider, il te trouvera sur le chemin pour t’aider. Il faut avoir un objectif, une vision. Quand la femme veut, elle peut. Tout ce que l’homme fait, la femme peut le faire.

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités ?

L’autorité est une source intarissable pour le citoyen.  Le pouvoir a les moyens matériels, moraux pour venir en aide aux femmes. La manière de donner vaut mieux que ce que l’on donne. Au lieu de donner chaque fois du poisson à quelqu’un, apprend lui à pêcher. Quand on donne des fonds, il faut faire un suivi afin de savoir comment cela est utilisé. S’il y a de défaillance, on remet la personne sur les rails. Les femmes bénéficiaires d’aide doivent éviter de tomber dans des malversations.

Ces derniers temps le viol notamment sur les mineures est devenu récurrent dans notre pays. Selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour mettre fin à cette pratique ?

Il faut féliciter et encourager les organisations de défense de droits humains comme celle dirigée par Moussa Yéro Bah de la radio Espace qui s’investit beaucoup dans la lutte contre ce fléau. Les autorités aussi doivent multiplier les efforts dans ce sens. Il faudrait aussi faire des prières pour implorer la grâce de Dieu.

Vous avez récemment participé en Iran à la septième conférence de mémorisation du Coran dédiée aux femmes. Qu’est-ce qui a motivé le choix de votre personne pour représenter la Guinée à cette grande conférence islamique ?

 

C’était lors de l’anniversaire de la naissance de Néné Fatima Zahara, fille du prophète Mohamed Paix et salut sur lui, organisé par l’ambassade de la République islamique d’Iran en Guinée l’année passée à l’université koffi Annan à Conakry. Il y a bientôt quinze ans que l’Ambassade d’Iran m’invite à ses différentes cérémonies. Ils font toujours des cadeaux aux femmes prénommées Fatima Zahara, bref toutes celles qui portent le nom de cette grande Dame. C’est ainsi que l’année dernière quand on s’est retrouvé là, j’ai chahuté en disant que je ne m’appelle pas Fatima mais mon cinquième enfant s’appelle Fatima. Son époux s’appelle Ali. Dieu leur a donné deux jumeaux qu’ils ont nommés Alhassane et Alhousseiny. Tout à coup, il y a eu une réplique pour dire que cela n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas une légende, mais une réalité. C’est la famille du Prophète Mohamed (Paix et salut sur lui) qui est réunie dans leur maison. J’ai dit que je connais le Coran mais la mémorisation non. C’est ainsi que le choix est tombé sur moi pour représenter la Guinée à cette septième conférence de mémorisation du Coran dédiée aux femmes. Ils ont compris qu’ils ont à faire à quelqu’un de confiance. Nous ne sommes pas dans la fausseté. On a peur de Dieu et non des hommes.

Qu’est-ce que vous avez eu à l’occasion de cette conférence ?

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J’ai reçu des satisfécits signés par le guide suprême qui est au-dessus du président de la république. Nous sommes inscrits en lettre d’or sur le tableau d’honneur de la mémorisation du Coran de la République Islamique d’Iran. Quand j’ai exposé mes projets, ils étaient étonnés parce que j’ai pensé au bénéfice que mon pays peut tirer de ma visite en Iran. Je n’ai pas parlé de mes problèmes personnels. Ils m’ont dit: Madame, en Guinée, vous avez les fruits les plus doux au monde. Les fruits que Dieu a dotés à la Guinée sont les meilleurs de la planète. Mais, vous manquez des moyens pour lest transformer et les mettre en valeur. Ils ont alors promis de nous envoyer des usines pour pouvoir les transformer en jus sur place. Ils m’ont fait savoir que la Guinée va cesser d’importer du jus parce que tout sera fait à Conakry à travers les usines qu’ils vont envoyer. Ils ont également évoqué l’élevage. A ce niveau, ils avaient promis de nous envoyer des vaches qui peuvent chacune produire jusqu’à 80 litres de lait par jour. Alors que les nôtres ne font même pas ¼. J’ai dit que tout cela est bien mais le préalable pour mon pays, ce sont les routes parce que beaucoup de villes sont enclavées. J’ai demandé à ce qu’on nous donne du goudron parce qu’ils en produisent. Ils ont automatiquement accepté. Les produits sont déjà arrivés au port Autonome de Conakry mais ils ont été bloqués. Mais quand j’ai expliqué au Directeur de la douane, il m’a dit qu’on peut sortir. En Guinée, il y a de l’égoïsme. Le goudron qu’on envoie de la Côte d’Ivoire est un produit complètement dévalorisé. Au lieu de bondir sur l’occasion pour le bonheur de la Guinée, les gens se mettent à bloquer. Regardez la route Conakry-Kindia (135 kilomètres), il parait qu’on fait trois heures de temps.

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités guinéennes ?

C’est de soutenir Isbal holding qui est à ses débuts. C’est un groupement d’intérêt économique pour le pays. Pour notre première opération, on a pensé à notre pays. C’est cette puissance des sages, de la croyance en Dieu qui a envoyé les produits et elle est prête à nous en provisionner vu l’état de dégradation de nos routes. Donc, c’est de nous encourager en accompagnant nos initiatives pour ne pas qu’on arrive à perdre ce bijou.

Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com

(+224) 622 304 942/ 657 149 592

aliousarayabhe@gmail.com

 

 

 

  

 

 

 

 

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