
Le leader du Parti pour le développement et l’unité (PDU) déplore l’absence des propositions « concrètes » pour améliorer les conditions de vie des Guinéens. Bemba Traoré l’a dit au cours d’un entretien qu’il nous a accordé. L’accord des 20 milliards de dollars, le probable report des élections locales, son projet de clinique moderne ont été entre autres les sujets abordés lors de cet entretien. Lisez.
Aminata.com: il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé un accord économique de 20 milliards avec la Chine. L’opposition qualifie de poudre aux yeux l’annonce. Qu’en dites-vous?
Bemba Traoré: j’avoue que c’est avec un grand plaisir que j’ai appris cette bonne nouvelle. C’est un prêt remboursable. Ce qu’il faut reconnaitre, actuellement on a besoin des financements de beaucoup des projets qui sont en train de souffrir. On ne peut faire des écoles, des hôpitaux, des infrastructures routières sans des moyens financiers. La Guinée étant un pays très riche entre guillemets parce que les ressources naturelles sont convoitées par tout le monde. S’il y a une avance comme ça de 20 milliards de francs guinéens cela ne peut que me réconforter, me donner de l’espoir que cet argent sera utilisé à bon escient. Si l’opposition dit que c’est de la poudre aux yeux ça n’engage qu’elle. Qu’est-ce que cette opposition propose aux Guinéens si ce n’est pas de marches ou des villes mortes. Quand on est dans un contexte comme ça je crois que l’opposition doit revenir sur des meilleurs sentiments. Même les Etats-Unis ont besoin des prêts. Tout pays a besoin d’autres nations pour se développer. Ce prêt que la Chine accorde à la Guinée va booster le développement socio-économique de la Guinée.
On parle des financements contre ressources naturelles.
Chacun peut interpréter ce qu’il veut. De tout compte, moi je me félicite de ce prêt. C’est pourquoi j’ai dit que la Guinée est très riche entre guillemets. Parce que nos ressources naturelles sont immenses mais un Guinéen lambda n’a même pas ses trois repas par jour à plus forte raison des soins médicaux. L’indice de pauvreté est très marquant en Guinée. Je recommande à l’opposition de suivre de près la gestion de ces fonds. C’est au parlement que le débat doit se situer ce n’est pas dans la rue, ce n’est pas dans les écarts de langage. Elle doit jouer son rôle de contrôle gouvernemental au niveau du parlement.
Les élections locales pourraient ne pas se tenir en 2017. Quel est votre avis?
Notre constitution reconnait le droit de manifestation de tout parti politique encore moins de l’opposition. C’est un droit constitutionnel. Mais ce qu’il faut déplorer l’opposition n’a proposé que ses marches pour la Guinée. Quelles sont les propositions concrètes de notre opposition pour l’amélioration des conditions de vie des Guinéens. Au lieu de marcher il vaut mieux que les gens se retrouvent autour de la table pour parler de la situation de notre pays. L’opposition a marché combien de fois mais qu’est-ce qui a changé. Naturellement les élections ne pourraient pas se tenir cette année parce que la CENI (commission électorale) qui est l’organe chargé de l’organisation des élections vient d’avoir des discordances de ses membres. Il y a eu même de changement à la présidence de cette institution. Le nouveau président doit voir clair dans les dossiers de son prédécesseur pour projeter éventuellement un chronogramme des élections.
Pour les prochaines élections locales, votre parti sera-t-il en alliance avec le RPG arc-en-ciel?
Nous sommes toujours dans la logique de l’alliance avec notre parti partenaire, le RPG arc-en-ciel. En tout cas on ira sur la même liste que le RPG arc-en-ciel. Nous allons présenter une liste commune. Le PDU aura ses représentants dans chacune de ces listes?
Quel est le niveau d’implantation de votre parti?
Le niveau est relativement faible. On a été victime de trahison. Quand vous prenez des personnes vous les faites des représenter de votre parti et on les retrouve dans les manifestations des autres partis, c’est de la trahison. On a décidé on niveau du bureau politique national de revoir cette implantation. On a fait des voyages, nous sommes à la neuvième préfecture de la Guinée. 9 sur 33, le niveau est relativement faible. Nous étions à 29 sur 33 on est revenu à 9 parce qu’on a constaté que nos représentants ne roulaient pas pour notre parti. Donc, il fallait repartir sur des nouvelles bases.
Quelles sont les mesures que vous avez prises pour que ce qui s’est passé ne se reproduise plus?
On a cherché à imposer le régime de cotisation. Quelqu’un qui est représentant d’un parti si toi-même tu ne cotise pas, ce n’est pas bien. Si tu ne donnes pas les 10 mille francs par mois pendant trois mois, six mois c’est une façon de dire que tu démissionne du parti. Nous sommes en train de rechercher des personnes qui viendront travailler avec nous par conviction mais pas pour se remplir les poches. Tout parti politique doit avoir le régime de contribution pour ne pas que la dictature commence avec les partis politiques. Si c’est le leader qui paie tout, il devient dictateur. Chez nous, tout le monde est libre de dire sur la marche du parti.
Parlez-nous de votre projet de la construction d’une clinique moderne?
Nous avons un grand projet de clinique médico-chirurgicale. C’est un projet sur lequel je travaille depuis 3 ans. Naturellement c’est à fonds propre. Aujourd’hui le bâtiment qui doit abriter la clinique est terminé. J’ai fait une demande pour bénéficier des avantages dans le code d’investissement. J’ai obtenu l’agrément d’exonération. Les matériels qui doivent servir dans cette clinique sont en route. Eventuellement entre le 20 et 25 septembre ils seront au Port autonome de Conakry. Je pense que l’inauguration aura lieu soit en fin décembre ou en début janvier 2018. Il y aura la médecine générale, il y aura la gynécologie, la pédiatrie. Il y aura les autres spécialités ORL, Ophtalmologie, la traumatologie. C’est un hôpital restreint mais qui répond aux normes internationales. J’ai eu à obtenir l’accord avec mes collègues médecins tchèques, polonais et allemands qui viendront à tour de rôle dans la clinique pour faire de prestation. L’objectif est de réduire considérablement le nombre d’évacuation à l’étranger car ça fait fuir les devises.
Votre mot de la fin
Je voudrais que tous les Guinéens se remettent en cause que ça soit l’opposition, la mouvance, le gouvernement et les gouvernés. Si vous sillonnez notre capitale aujourd’hui vous verrez des actes de sabotage. Quand vous prenez par exemple la route Le Prince vous trouverez des tas d’ordures dans des sacs qui sont exposés sur nos artères principales. Je sais qu’il y a un sérieux problème par rapport à la gestion des ordures, on a été d’ailleurs endeuillé par la décharge de Concasseur. C’est vrai que l’Etat a sa part de responsabilité mais il ne faudrait pas aussi occulter l’incivisme de nos populations par rapport à l’insalubrité qui est une honte.
Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com
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