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Elhadj Mamadou Sylla, UDG «Cellou a des militants, moi, j’ai de l’argent, … »

Dans cette interview, le président de l’Union des démocrates de Guinée (UDG) parle essentiellement de son alliance avec l’UFDG et de la grève syndicale. Elhadj Mamadou Sylla ne cache pas sa déception d’Alpha Condé.  Pour donc rectifier le tir, il en appelle à l’unité d’action des Contéïstes autour de l’Alliance pour la défense de l’alternance qu’il se partage avec Cellou Dalein, pour conquérir le pouvoir lors de la présidentielle de 2020. Lisez! 

Aminata.com: Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à aller en alliance avec l’UFDG de Cellou Dalein Diallo?

Elhadj Mamadou Sylla: Hier, j’étais avec le RPG Arc-en-ciel et aujourd’hui, je suis avec l’UFDG. On a fait une circulaire pour informer toutes les fédérations de notre alliance avec l’UFDG. Cellou Dalein et moi sommes amis depuis longtemps. Lui-même d’ailleurs a tout dit le jour de la signature de notre alliance. On a travaillé ensemble avec le président Lansana Conté. Il était dans l’administration et moi dans le privé, mais on se rencontrait sur des dossiers. Depuis 2010, Cellou a voulu que je l’accompagne quand il s’est qualifié au second tour. J’avoue qu’il avait coopté beaucoup des mes proches pour que je le soutienne. Les gens m’ont dit qu’il faut aller avec Cellou puisqu’on le connaît alors qu’on ne connait pas l’autre. Mais, Dieu a fait qu’on a basculé pour le Pr Alpha Condé. Maintenant depuis 7 ans que nous sommes alliés, il n’a rien fait pour m’approcher. Je suis tombé malade et je suis parti à un moment donné en France. Cellou me rendait visite à chaque fois qu’il a passé à Paris.  Et quand je suis revenu à Conakry, il est venu me saluer. Pendant que l’alliance RPG Arc-en-ciel et son président ne faisait aucune démarche. En Afrique, on tient beaucoup sur des choses comme ça. C’est ainsi que ma famille politique m’a dit qu’il y a la demande d’alliance de Cellou qui attend depuis 2010. Sans compter pendant qu’il venait me rendre visite, les autres ne faisaient aucun effort pour perdurer notre alliance. C’est pourquoi, à un moment donné, nous avons décidé avec la base de signer une alliance avec l’UFDG. Je ne pense pas que vous ayez entendu un militant dire qu’il désavoue la décision de notre parti. Personne n’a levé la main pour dire qu’il n’est pas d’accord. C’est surtout cette unanimité qui est importante. C’est pour vous dire qu’on avait bien mûri l’idée avant de se lancer dedans.

Aviez-vous prévenu Alpha Condé de votre départ?

Moi, j’ai été voir le président Alpha Condé devant témoin pour lui dire que j’allais le quitter politiquement. Il était donc averti. Il m’a demandé où je veux aller. Je lui ai dit que je veux signer une alliance avec Cellou. Il a dit non ce n’est bon. Mais, chaque fois qu’il dit que quelqu’un n’est pas bon, le lendemain vous le voyez avec celui-ci. C’était le cas de l’UFR. Il a dit l’UFDG n’est pas bonne. Mais, avant que je signe même, je l’ai vu danser avec Cellou le 31 décembre passé et cela m’a motivé.  C’est pour dire que quand le professeur te dit quelqu’un n’est pas bon, il faut faire attention. Sinon, tu risques de perdre tes amis.

Quelles sont les bases de  l’alliance UDG-UFDG?

C’est très simple. On a décidé de se concerter à chaque fois qu’il y a des problèmes de la nation qui se posent sur le plan politique, social et économique. En plus de ça, notre partenariat englobe les 3 élections à venir: les communales, les législatives et la présidentielle. Donc, on a décidé d’aller ensemble.

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Êtes-vous déçus finalement de votre alliance avec le RPG?

Oui, je suis déçu de tout. Je l’ai dit au président et aux membres du RPG qui sont venus me voir. Le partenariat ce n’est pas comme ça. Moi, ce n’est pas à cause de l’argent que je l’ai soutenu. Si c’était à cause de l’argent, je ne serai ni à gauche, ni à droite.  Le RPG, sauf si c’est moi qui les aide. Ceux qui sont venus me demander mon assistance, j’ai toujours répondu favorable. J’avoue que là où je suis allé aussi, il n’a pas d’argent. Cellou a des militants, mais il n’a pas d’argent. C’est pour vous dire que moi c’est la conviction.

Au regard de ce que vous venez d’expliquer avec le RPG, n’avez-vous pas l’impression qu’on cherche votre alliance pour juste profiter de vos richesses?

Non, je ne pense pas que ce soit cela. D’abord, avec tout ce que j’incarne pour la Basse Guinée, Cellou a estimé qu’on pouvait faire quelque chose ensemble. Bon, chacun a sa qualité. Dieu a donné chacun quelque chose. Aujourd’hui, Cellou a du monde, mais Dieu a fait que j’ai plus des moyens que lui. Donc, on se complète.

Vous pensez que cela constitue une garantie pour la présidentielle de 2020?

Si nous réunissons nos forces avec d’autres, je crois que notre camp pourra gagner.

On assiste donc au réveil des Contéïstes?

C’est bien que les deux têtes se réunissent. C’est très important. Il y a d’autres têtes qui restent. C’est le lieu de leur adresser ce message pour nous rejoindre pour qu’on fasse comme les Houphouëtistes en Côte d’Ivoire.  Il faut qu’on se donne la main, on prend le pouvoir et on se le partage. C’est comme ça Alhassane Ouattara s’est mis d’accord avec Bédié. Moi et Cellou on s’est dit que lors de la présidentielle on verra si on pourrait présenter un candidat unique. C’est donc le bon moment de dire aux autres de venir avec nous et de se donner la main. Ce n’est pas une fusion de nos partis, mais de s’unir pour constituer une force et prendre le pouvoir.

Vous envisagez donc de convaincre le PUP et Elhadj Sékouna Soumah président de la Coordination de la Basse Côte?

Je crois qu’on doit essayer d’abord de voir les formations politiques. Si par exemple le PUP vient, cela va nous renforcer. On demande tout le monde, même ceux qui sont avec le régime actuel, de nous rejoindre. On ne va pas leur dire quand même de démissionner de là où ils sont, mais il faut qu’ils sachent que c’est l’avenir qui est important. Dans 3 ans, je pense que c’est un Contéïste qui va prendre le pouvoir. Ça, c’est sûr.

Les élections communales sont prévues cette année. Est-ce que vous envisagez quelque chose avec l’UFDG?

Ce n’est pas arrivé encore, mais on est en train de travailler ensemble pour voir le moment venu ce qu’il faut faire.

Le nouveau Code électoral est un des textes à l’ordre du jour de la session extraordinaire en cours au Parlement. Quelle est votre position sur la nomination des chefs locaux qui divisent la classe politique?

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Vous savez un Accord politique de ce niveau devait être respecté à la lettre. Nous, nous défendons tout accord négocié en présence du gouvernement, de la classe politique et de la communauté internationale. Et surtout que c’est un accord qui fait la paix.

Certains RPGistes font la promotion d’un 3e mandat pour Alpha Condé.  Qu’en pensez-vous?

Je crois que ces gens qui parlent d’un 3e mandat ne relèvent pas des institutions comme de la Cour constitutionnelle ni du gouvernement.  Pour moi donc, ce n’est pas important. En parlant d’un 3e mandat, ils ont mis au conditionnel. Vous comprenez donc qu’ils n’ont pas dit qu’on va faire ça. Ils ont dit si le peuple demande, Alpha va faire un 3e mandat. Vous savez qu’il y a beaucoup des gens qui débordent quand ils sont en face d’une foule de personnes. Moi, je pense que c’est l’émotion qui leur fait dire des choses comme ça. Tout le monde a condamné. Je ne voudrais vraiment pas être à la place de Nantou Chérif à son âge là pour que tout le monde me gronde dessus.

Durant les 7 ans que vous avez passé avec Alpha Condé est-ce qu’il vous est arrivé de parler avec lui d’une éventuelle modification constitutionnelle ou que vous ayez constaté des velléités?

En vérité, on n’en a jamais parlé.

Quel est votre avis sur la grève syndicale?

Je crois que je suis plus touché que quiconque du fait que les enfants sont là toute la journée parce qu’ils n’ont rien à faire. Alors, cela embête tellement et ça c’est en dehors de la perte qu’ils subissent dans leur formation scolaire. Il faudrait que le gouvernement puisse trouver la solution très rapidement. Vous savez les choses ne pourrissent pas en un seul jour. Les syndicalistes ont parlé de leur situation depuis longtemps avant qu’on en arrive à cette situation. Ils ont lancé un préavis de grève c’était pour avertir le gouvernement. Si quelqu’un dit dans 10 jours qu’il va faire quelque chose si on ne règle pas sa situation, alors je pense qu’on doit le prendre au sérieux. Sinon, on pourrait être responsable de tout ce qui adviendra. C’est ce qui est arrivé. Le gouvernement a mal pris la menace syndicale. Si les 3 ministres en charge de l’éducation n’ont pas pu calmer les syndicalistes jusqu’à ce que le président s’en mêle dans les négociations, moi, je dis que c’est une défaite de leur part. Ils devraient démissionner de leurs postes parce qu’ils n’ont pas pu gérer la situation. Cela veut dire que dans le pays il n’y a que le président. Et que c’est seul fil qu’on a et s’il se coupe,  donc, c’est terminé. D’ailleurs, tout ce que le président va négocier là-bas n’est pas prévu dans la Constitution. La loi dit que les syndicalistes travaillent avec les ministres concernés. Si les ministres concernés ne peuvent pas gérer, ils doivent avoir l’honnêteté intellectuelle de démissionner. S’ils ne le font pas, le président qui les a nommés doit les limoger. Je crois que cela pourrait calmer les syndicalistes.

Réalisée par Abdoul Malick Diallo

+224 655 62 00 85

dialloabdoul110@gmail.com

 

 

 

 

 

 

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