
Santé Publique en Guinée : Sept Épidémies Actives Selon le Dernier Bulletin de l’ANSS
Le 4 août 2025, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) de Guinée a publié son dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire, couvrant la période du 23 au 30 juillet 2025. Ce rapport, établi pour la semaine épidémiologique numéro 30, met en lumière une situation sanitaire préoccupante avec la présence de sept épidémies actives dans le pays. Touchant 31 districts sanitaires, ces maladies, dont la variole simienne (Mpox) avec 18 cas signalés, nécessitent une vigilance accrue de la population et des autorités. Voici une analyse détaillée de cette situation et des mesures recommandées pour y faire face.

Un tableau sanitaire complexe
Le bulletin de l’ANSS dresse un état des lieux alarmant pour la Guinée, où sept épidémies sont recensées simultanément. La maladie Mpox domine avec 18 districts affectés, reflétant une propagation significative dans plusieurs régions du pays. Suivent la coqueluche (3 districts), la poliomyélite (2 districts), la rougeole (2 districts), la diphtérie (4 districts), la fièvre de Lassa (1 district) et le COVID-19 (1 district). Cette diversité de pathologies, combinée à leur répartition géographique, illustre les défis auxquels est confronté le système de santé guinéen, déjà mis à l’épreuve par des crises sanitaires passées.
La carte jointe au bulletin montre une concentration notable des cas dans les régions de Boké, Kindia et Labé, avec des foyers identifiés dans d’autres zones comme Kourémalé et Mamou. Les symboles sur la carte, distinguant les types d’épidémies par des couleurs, permettent de visualiser les zones les plus touchées et de guider les interventions ciblées. Cette cartographie est un outil essentiel pour coordonner les efforts de réponse sanitaire à travers le pays.
Mpox : La principale préoccupation
La variole simienne, ou Mpox, se distingue comme la principale menace actuelle, affectant 18 districts sanitaires. Cette maladie virale, transmise par contact direct avec des animaux infectés ou entre humains, présente des symptômes similaires à ceux de la variole, comme des éruptions cutanées et de la fièvre. Depuis son apparition en Guinée en 2022, le nombre de cas a fluctué, mais la recrudescence observée en juillet 2025 souligne un risque de propagation accru, notamment dans les zones densément peuplées ou mal desservies par les infrastructures médicales.
Les autorités sanitaires attribuent cette augmentation à plusieurs facteurs : une sensibilisation insuffisante, des déplacements de populations dans les zones rurales, et un accès limité aux soins dans certaines régions. L’ANSS a appelé à une mobilisation générale pour contenir cette épidémie, en insistant sur le respect des mesures de prévention, comme le lavage des mains et l’évitement des contacts proches avec des personnes ou animaux infectés.
Autres épidémies sous surveillance
Outre Mpox, d’autres maladies continuent de circuler, chacune avec des implications spécifiques. La coqueluche, une infection respiratoire bactérienne, touche 3 districts, principalement des zones où la couverture vaccinale reste inégale.
La poliomyélite, bien que limitée à 2 districts, reste une préoccupation en raison de sa capacité à se propager rapidement chez les enfants non vaccinés. La rougeole, également présente dans 2 districts, est une maladie virale hautement contagieuse qui nécessite une vaccination renforcée. La diphtérie, signalée dans 4 districts, est une autre menace sérieuse, caractérisée par des infections respiratoires potentiellement mortelles si elles ne sont pas traitées. La fièvre de Lassa, détectée dans un seul district, est une maladie hémorragique virale transmise par des rongeurs, tandis qu’un cas isolé de COVID-19 rappelle que la pandémie reste un risque latent. Ces données soulignent la nécessité d’une approche multidimensionnelle pour gérer ces épidémies simultanées.
Une réponse sanitaire en cours
Face à cette situation, l’ANSS joue un rôle central en surveillant, en informant et en coordonnant les actions de santé publique. Le bulletin hebdomadaire, publié en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP), vise à tenir la population et les partenaires internationaux informés. Les équipes de l’agence, déployées sur le terrain, travaillent à identifier les foyers d’infection, à distribuer des vaccins et à sensibiliser les communautés.
L’appel à la vigilance lancé par l’ANSS s’adresse autant aux citoyens qu’aux autorités locales. Les mesures recommandées incluent une vaccination systématique, une hygiène renforcée et une consultation rapide en cas de symptômes suspects. Dans les zones touchées par Mpox, des campagnes de dépistage et d’isolation des cas confirmés sont en cours, avec un soutien logistique attendu de partenaires comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les défis à relever
La gestion de ces épidémies met en lumière plusieurs défis structurels en Guinée. Le système de santé, malgré des progrès notables, manque encore de ressources humaines et matérielles dans les zones rurales. Les infrastructures médicales, souvent limitées, peinent à répondre à la demande dans les districts les plus affectés. De plus, les déplacements fréquents des populations, notamment dans les régions minières comme Boké, favorisent la dissémination des maladies. La saison des pluies, qui s’étend de juillet à octobre, pourrait aggraver la situation en facilitant la transmission de certaines infections, comme la fièvre de Lassa, liée à l’humidité et aux rongeurs. À cela s’ajoute le défi de la communication : sensibiliser une population diversifiée, souvent éloignée des centres de santé, reste une priorité pour limiter l’impact de ces épidémies.
Perspectives et engagement collectif
À 10h19 ce mardi 5 août 2025, alors que le bulletin vient d’être rendu public, la réponse à ces épidémies dépendra de la collaboration entre l’État, les partenaires internationaux et la population. L’ANSS prévoit de renforcer ses équipes sur le terrain et d’accélérer les campagnes de vaccination, en particulier contre la rougeole et la poliomyélite. Des discussions sont également en cours pour obtenir des vaccins spécifiques contre Mpox, dont les stocks sont limités en Afrique de l’Ouest. Pour les Guinéens, cet appel à la vigilance est un rappel de leur rôle dans la lutte contre ces maladies.
Des gestes simples, comme l’hygiène des mains et la déclaration des cas suspects, peuvent faire une différence. À l’échelle nationale, cet épisode souligne l’urgence d’investir dans les infrastructures de santé et de former davantage de personnel médical pour anticiper de futures crises. La Guinée entre ainsi dans une phase critique de sa réponse sanitaire. Avec sept épidémies actives, la mobilisation de tous est essentielle pour limiter les dégâts et protéger les populations les plus vulnérables. Les prochains jours diront si les mesures mises en place par l’ANSS porteront leurs fruits, dans un pays résilient mais confronté à des défis de taille.