
Nous, participants de la 33e réunion du réseau de la Campagne « Le Genre est: Mon Agenda » (GIMAC), qui s’est tenue à Addis-Abeba, Ethiopie, du 03 au 04 février 2019, sur le thème « Vers des solutions durables et sensible au genre au déplacement forcé en Afrique», reconnaissons notre diversité et nos objectifs communs en matière de promotion de l’égalité des sexes et des droits humains des femmes et filles africaines ;
SALUONS la décision des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine de choisir comme thème pour l’année 2019 « Réfugiés, rapatriés et personnes déplacées internes: Vers des solutions durables et sensible au genre au déplacement forcé en Afrique »;
REMERCIONS la Commission de l’Union Africaine pour le maintien du Bureau de l’Envoyé spéciale sur les Femmes, la Paix et la Sécurité; et nous sommes reconnaissants de l’appui apporté à ce bureau en termes de ressources nécessaires ;
SALUONS l’engagement renouvelé du Président de la Commission de l’Union Africaine, S.E. Moussa Faki Mahamat, en faveur de l’égalité des sexes en Afrique et pour son appui conséquent à la Direction Femmes, Genre et Développement (DFGD), en particulier pour garantir que le Groupe de Haut niveau sur l’égalité des sexes continue de travailler pour la prise en compte des préoccupations des femmes africaines dans la mise en œuvre globale de l’Agenda 2063 et des objectifs de développement durable (ODD) ;
PRENONS ACTE des réformes entreprises par l’Union Africaine sous la direction de S.E. Paul Kagame, et sommes conscients de l’impact de ces réformes sur la promotion de la mise en œuvre efficiente et effective de programmes et projets qui auront des retombées sur les citoyens africains, en particulier les femmes et les jeunes ;
RECONNAISSONS la contribution du Bureau de l’Envoyée Spéciale sur les Femmes, la Paix et la Sécurité, qui a permis de mettre en exergue les expériences vécues par les femmes en temps de guerre à travers des visites de solidarité et de promouvoir leur participation à la consolidation de la paix et à la reconstruction post-conflit ;
RECONNAISSONS l’engagement de plus en plus soutenu en faveur de l’éradication du mariage des enfants et en faveur de l’appui prioritaire aux efforts continentaux pour l’éducation des filles et l’accroissement des ressources dédiées à la réalisation des droits socioéconomiques des filles ;
SOMMES CONVAINCUS que des mesures urgentes doivent être prises pour investir dans, et accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et de la Feuille de route principale de l’Union Africaine sur les mesures pratiques pour faire taire les armes en Afrique à l’horizon 2020, en particulier en ce qui concerne les femmes et les filles en Afrique ;
Encourageons les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine à:
- Reconnaître et formaliser le rôle du GIMAC en tant qu’acteur majeur de la mise en œuvre des programmes et initiatives GEWE inscrits dans l’Agenda 2063 ;
- Promouvoir la nomination de femmes aux postes de direction et de décision dans la gestion des programmes pour les camps de personnes déplacées internes et de réfugiés, qui doivent inclure le financement des besoins spécifiques des femmes ;
- Mettre en place une Commission des droits des femmes en tant qu’entité séparée des Commissions Nationales des Droits de l’homme existantes qui, à la lumière de nos expériences, ne prennent pas suffisamment d’initiatives pour faire avancer les droits des femmes dans tous les domaines ;
- Envisager de convoquer une session extraordinaire des Chefs d’État sur l’accélération de la participation politique des femmes, axée sur des interventions fortes et législatives permettant d’éliminer toutes les barrières et de créer des processus politiques et électoraux bien dotés en ressources et sensibles au genre pour la participation effective des femmes, notamment celles dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées internes;
- Adopter des politiques et des mesures axées sur des cadres généraux qui tiennent compte au genre dans la gestion des réfugiés à l’échelle locale et nationale, qui promeuvent l’autonomisation des réfugiés, des personnes déplacées internes et des rapatriés et qui s’attaquent au fléau de la traite des femmes avec la participation active et l’appui des pays source, de transit et de destination ;
- Accroitre les investissements publics dans la fourniture de services sensibles au genre dans les zones d’installation urbaines/rurales des réfugiés et de déplacés internes en mettant un accent particulier sur les services clés tels que les installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement, l’éducation de qualité et les services de garde, complétés par des efforts à long terme garantissant le droit au logement, à la terre et à la propriété;
- Impliquer les hommes en tant que partenaires dans la lutte contre les VSBG et les VBG, et encourager les institutions judiciaires à créer des mécanismes visant l’élimination de toutes formes de violence sexuelle et basée sur le genre et l’accélération de la résolution des cas de VSBG, y compris l’utilisation de la criminalistique dans la prise en charge des traumatismes après incident ;
- Mettre en place un mécanisme annuel d’examen par les pairs pour examiner et contrôler le respect des mesures juridiques et médicales requises pour remédier à la situation des femmes et des filles déplacées. Ce mécanisme devrait être ouvert aux acteurs de la société civile;
- Investir dans les technologies éducatives pour les enfants réfugiés, déplacés internes et rapatriés qui se trouvent exposés à des risques tels que le travail des enfants, l’exploitation sexuelle, les violences physiques, les mariages et grossesses précoces;
- Instaurer l’éducation complète à la sexualité pour les survivants de conflits, les réfugiés, les personnes déplacées internes et rapatriées, afin d’assurer leur accès aux programmes intégrés d’interventions et d’information en matière de santé sexuelle et reproductive.
- Renforcer les actions pratiques et la responsabilisation en matière de prévention du mariage d’enfants dans les contextes de conflit et humanitaire, et assurer un soutien aux filles qui subissent des mariages précoces et forcés;
- Accorder la priorité à la ratification, l’adoption et la mise en œuvre des principaux cadres juridiques et politiques, en particulier la Convention de Kampala et le Protocole de Maputo, afin d’améliorer la protection des droits des femmes et d’éliminer les pratiques néfastes qui exacerbent la vulnérabilité des femmes déplacées.
- Renforcer les mécanismes de production de rapports et adopter le nouveau format de rapport de la Direction Femmes, Genre et Développement (DFGD) de l’Union Africaine, car cet outil prend suffisamment en compte l’accès à l’information authentique au niveau national.
- Mettre l’accent sur la composante féminine de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité et la financer de manière inclusive qui protège et renforce l’autonomisation économique des femmes et de créer un espace et des opportunités d’assurer la contribution des femmes médiatrices à chaque niveau de conflit;
- Apporter un soutien inclusif aux personnes déplacées internes, refugiés et les personnes déplacées de force en intégrant dans leurs forces de sécurité et de défense des politiques d’équité et d’égalité de genre associées à un programmes de formation et de renforcement des capacités adaptés en collaboration avec les Centres d’Excellence et les partenaires ;
- Adopter des processus, pratiques et structures pour l’atténuation des effets du changement climatique et la réduction des dommages potentiels associés aux déplacements liés au changement climatique, y compris des systèmes solides de protection sociale qui renforcent la résilience des femmes déplacées des communautés agropastorales ;
- Soutenir la réintégration du Burundi dans l’Agenda continental pour la paix et la sécurité et adopter les mesures nécessaires urgentes, à la reprise du dialogue inter-burundais pour le retour de la paix dans le pays.
Fait à Addis-Abeba, ce 4 février 2019.