
Diallo Danda fondateur et directeur général de l’incubateur Ose Ton Emploi a accordé une interview à la rédaction d’Aminata.com. Il a parlé entre autres de son incubateur, du projet Startup Challenge. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.
Aminata.com : C’est quoi Ose Ton Emploi ?
Danda Diallo : Ose Ton Emploi est un incubateur qui est une structure d’accompagnement et de promotion de l’entrepreneuriat. C’est une jeune structure qui a été créée en février 2018. Elle se spécialise dans la promotion de l’entrepreneuriat jeune. On est parti d’un constat. On a constaté que la majorité des chômeurs sont des jeunes, on a constaté que l’État ne peut pas employer tout le monde quel que soit sa bonne volonté. Le secteur privé qui aurait pu prendre la relève pour absorber cette demande d’emploi n’est pas assez dynamique pour employer tous ces jeunes. De l’autre côté, il y a une faiblesse de la culture entrepreunariale dans notre pays. Les jeunes ne découvrent l’entrepreneuriat que très tardivement après avoir cherché de l’emploi pendant plusieurs années. Au regard de tous ces constats, on s’est dit, pourquoi ne pas travailler pour aider ces jeunes à trouver la voix très tôt ? C’est pour cela on dit “Ose Ton Emploi” afin d’aider ces jeunes à changer de mentalité, à comprendre qu’eux-mêmes, ils peuvent être maîtres de leur emploi, qu’ils peuvent créer leur propre emploi. Alors, c’est de là qu’est venue cette structure.
Qu’est-ce qui a motivé la création du projet Guinée Startup Challenge ?
Ose Ton Emploi, comme je l’ai dit tantôt, se spécialise dans l’entrepreneuriat jeunes. On a observé que dans les institutions d’enseignement, il y a une faiblesse de la culture entrepreunariale. On ne forme les jeunes que pour devenir employés plutard. L’idée nous est venue de développer l’entrepreneuriat jeune dans les institutions d’enseignement supérieur. C’est de là qu’on a mis en place ce projet qu’on a appelé “Guinée Startup Challenge” qui a pour objectif d’aider les jeunes à découvrir très tôt l’entrepreneuriat et à développer leur projet avant de terminer les études. Comme ça, quand ils terminent, ils ont le choix entre chercher un emploi et créer leur propre emploi.
Qu’est ce qui est fait depuis la création de ce projet ?
À l’occasion de son lancement le 21 janvier dernier, on a organisé une conférence de presse à l’Université Général Lansana Conté de Lambangny où les jeunes et nos partenaires se sont fortement mobilisés. Depuis lors, nous avons obtenu des centaines d’inscription en ligne sur le site internet qu’on a créé pour la circonstance. Cela démontre que ce projet est pertinent et il a la raison d’exister. On a sélectionné trois cents jeunes, deux cents à Conakry et cent à Kindia pour recevoir les premières activités de formation. Le 1er mars dernier, on a lancé les activités de formation à l’Université Koffi Anan. Ils ont été formés sur l’entrepreneuriat et sur la structuration de leurs outils d’entreprise notamment le Business Model. Les 9 et les 10 mars, il y a eu la même formation à Kindia. On a organisé également des activités d’inspiration qu’on appelle meetup inspiration jeunes qui a consisté d’emmener des chefs d’entreprise qui ont réussi et qui sont des modèles dans leur domaine à parler de leur parcours. C’est à dire comment ils sont parvenus à régler leurs problèmes et surmonter des difficultés pour arriver à ce stade. Cela, pour inspirer les jeunes et démystifier l’entreprenariat. Nous pensons que ces activités auront des impacts forts sur ces jeunes.
Quels ont été les critères de sélection de ces jeunes ?
La sélection a été très rigoureuse. Elle ne concernaient que des étudiants en situation de classe. Le premier critère était d’être jeune et étudiant en situation de classe ou être diplômé en 2018. Tous ceux qui ont répondu à ces critères et qui ont une idée de projet ont été retenus. La prestation, du début à la fin c’est gratuit.
Vous dites que la formation est gratuite. Comment arrivez vous à vous en sortir ?
C’est entièrement gratuit parce que ces jeunes n’ont pas encore quelque chose pour payer toutes ces prestations. Cependant, nous, on se fait accompagner par des structures du secteur privé qui ont compris la nécessité d’accompagner les jeunes. Il y a également des institutions internationales comme le PNUD, Orange Guinée, du ministère de la jeunesse et de l’emploi jeunes qui est notre partenaire institutionnelle et qui nous a indentifiés très tôt, l’APIP, Bra Guinée. Toutes ces structures se sont mobilisées. Il y a aussi des institutions d’enseignement supérieur telles que Université Général Lansana Conté de Lambangny, Koffi Anan. C’est un ensemble de partenaires qui accompagne qui accompagne ce projet. C’est cet objectif qu’on visait. C’est de mettre en lien le monde entreprenarial et le monde de l’enseignement notamment les jeunes en situation de classe. Notre soucis aujourd’hui, c’est comment le développer pour que dans le futur, il puisse être un lien très fort dans le développement entreprenarial.
Quelle va être la suite des activités ?
Après ces formations à Conakry et à Kindia, il y aura des compétitions. Pour l’instant, on se dit que ces jeunes ne peuvent pas développer un Business Model, c’est pourquoi on les prépare d’abord avant les compétitions. Des jeunes viendront présenter leur projet devant les membres du jury de haut niveau. Pour un début, on retiendra les quinze meilleurs qui iront en finale devant un grand public et le jury pour faire leur prestation. Au finish, cinq(5) meilleurs seront primés et accompagnés par notre incubateur à la création de leurs entreprises.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Étant à notre première édition, nous rencontrons des difficultés à deux niveaux. Premièrement, du côté des jeunes que nous accompagnons, le plus souvent ils ont peur parce qu’ils ont été déçus par d’autres organisations. Certains ne croient plus à ces genres de compétitions mais nous réussissons petit à petit à les convaincre, les rassurer. De l’autre côté, l’écosystème entreprenarial n’est pas préparé à recevoir ces genres d’événements. Les structures du secteur privé sont habituées à soutenir des évènements comme des dédicaces, de la musique que de soutenir des évènements qui font la promotion de l’entrepreneuriat. Mais, nous arrivons à passer le message petit à petit. Nous remercions nos partenaires qui se mobilisent derrière nous et nous invitons les autres à nous soutenir parce que ce qu’on fait c’est dans l’intérêt de notre jeunesse et notre nation.
Quel appel avez-vous à lancer à aux jeunes et à l’État?
Nous leur disons qu’Ose Ton Emploi est une nouvelle dynamique, un concept pour les aider à trouver la voie qui leur permettra de développer leur propre structure. Je leur dirai de venir profiter de nos offres. Je les appelle à une prise de conscience et de savoir qu’aujourd’hui, il y a une crise d’emploi en Guinée. Et que ce problème ne peut pas être résolu uniquement par l’État. Il faut qu’ils s’impliquent à la recherche de leur propre emploi. Un étudiant qui a fini ses études en chimie ou autre, devrait plutôt réfléchir sur comment recycler les ordures pour en faire un business au lieu de dire tel ne fait pas ceci ou cela. Nous avons tous notre responsabilité. C’est pourquoi notre crédo est “Oser Agir Autrement”. À l’État, je lui demande de nous faire confiance et nous soutenir pour qu’on soit plus crédible devant les partenaires. C’est pour ça qu’on remercie le ministère de la jeunesse qui nous a identifiés alors qu’on avait qu’un simple papier. On a de l’expertise pour la formation et l’accompagnement. On peut être un outil pour aider le ministère de la jeunesse dans le cadre de l’insertion des jeunes.
Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com
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