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États généraux de l’éducation en Guinée: « ce sont des recommandations qui resteront lettre morte », critique le député Baadiko Bah

Mamadou Baadiko BAH Président de l’Union des Forces Démocratiques (UFD) – Député à l’Assemblée nationale a accordé une interview ce samedi 17 avril 2021 à votre quotidien en ligne. Au cours de cet entretien, il a parlé  des états généraux de l’éducation annoncés par le président Alpha Condé, la perte de la Guinée au millenium Challenge Corporation et ses conséquences, l’invite du chef de l’État à définir les procédures et les modalités par lesquelles la Ministre Conseillère chargée de la passation des Marchés Publics pourraient émettre des avis motivés sur la qualité  et la régularité des contrats relatifs aux commandes publiques, dans le respect des dispositions du Code des Marchés Publics.

 

Voici l’intégralité de cette interview. Lisez !

Aminata.com : Bien qu’ayant validé 9 des 20 indicateurs du millenium challenge corporation (MCC), la Guinée n’a pas pu accéder à ce programme en raison de la perte d’indicateurs relatifs aux droits démocratiques. Quelle est votre réaction ?

 

Mamadou Baadiko Bah: Ce camouflet infligé au gouvernement guinéen est révélateur de la perte de confiance des partenaires internationaux à son égard. Ni les annonces triomphalistes de perspectives mirifiques de croissance, la Guinée deuxième producteur de bauxite au monde, etc., les bailleurs de fonds nous ramènent aux dramatiques réalités de ce pays, muré dans un éternel recommencement depuis 1958 : corruption généralisée, à tous les niveaux de l’Etat et de la société, enrichissement illicite, détournement de la fortune publique, politique du tout répressif, impossibilité de réaliser l’alternance démocratique, par manque d’élections libres, honnêtes, transparentes et équitables. C’est ce que nous vivons en Guinée, le même système anti-démocratique qui se perpétue sous une forme ou une autre depuis 1958. Les observateurs extérieurs ont tous des représentations diplomatiques en Guinée. Ils sont parfaitement au courant de cette situation. Ils ne sont donc pas du tout prêts à y mettre leur argent qui sera perdu, à coup sûr au profit de la bourgeoisie bureaucratique et de l’oligarchie au pouvoir.

Quelles pourraient être les conséquences de cette perte pour la Guinée ?

 

Ce sont de précieuses ressources permettant de financer les innombrables besoins, dans un pays où tout, absolument tout est une priorité, qui iront ailleurs : les routes, l’électricité, l’eau potable, la santé, l’éducation, l’habitat, l’assainissement, la sauvegarde de l’environnement, etc., etc.

Lors du récent conseil des ministres, le président Alpha Condé a invité à définir les procédures et les modalités par lesquelles la Ministre Conseillère chargée de la passation des Marchés Publics pourraient émettre des avis motivés sur la qualité  et la régularité des contrats relatifs aux commandes publiques, dans le respect des dispositions du Code des Marchés Publics. Qu’en pensez-vous ?

 

Cette décision contient en elle-même une grave accusation contre le président Alfa Konde. Il est au pouvoir depuis 2011. Il a trouvé ces maux qui rongent le pays depuis des dizaines d’années et qui s’aggravent de jour en jour. Il en était parfaitement conscient. Mais au lieu de s’y attaquer frontalement, il a ménagé sa base politique en fermant les yeux sur les actes graves de corruption, de détournement de deniers publics à travers les innombrables marchés de gré à gré. Il y a donc déjà plus de 10 ans perdus pour la fortune publique. C’est maintenant que les mauvaises langues disent que les caisses de l’Etat sont vides, qu’on crie au voleur, en promettant la fin de la corruption et de l’impunité. Tout ceci n’est pas crédible et rien ne nous dit que ces crimes économiques graves, responsables de la misère extrême des populations et l’état de délabrement du pays, vont cesser, maintenant que des proclamations en ce sens sont faites, à grand bruit. Tant que le même système politico-ethnique du Parti-Etat est en place, il ne peut pas y avoir de changement véritable pour le peuple qui souffre. .

Le chef de l’État vient de donner à son Gouvernement des instructions  pour l’organisation d’Etats Généraux dans les secteurs de l’Education, de la santé et de la Justice dans le but d’en établir un diagnostic et suggérer des solutions adéquates et concertées aux maux qui affectent ces secteurs importants de la vie nationale. Qu’en dites-vous?

Le grand problème de ce pays est que les gouvernants et tous les acteurs politiques, sociaux, les membres des institutions étatiques, connaissent parfaitement quelles sont les plaies du système. Des constats sont faits à longueur de discours, mais jamais de solution. Donc, les Etats généraux c’est bien, mais est ce que ce ne sera pas encore un bottin de constats et de recommandations qui resteront lettre morte, comme tous ? Quand vous prenez l’exemple de l’Education, il y a eu une Commission qui a planché très sérieusement sur la crise dans ce secteur en 2016-2018. Le rapport final produit est d’une très grande qualité technique et intellectuelle. Pratiquement, aucun aspect de la crise n’a été omis. Des solutions pratiques ont été proposées. Mais ce rapport a suivi le sort des autres qui dorment dans les armoires. Le système presque mafieux qui plombe l’Education depuis des décennies est là et impossible de le démanteler. Donc le vrai problème est celui du système qui montre tous les jours un peu plus qu’il lui est impossible de se reformer lui-même. De simples Etats généraux sans volonté politique ne serviront à rien.

Propos recueillis par Mohamed Aly Barry

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