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Assainissement de la ville de Conakry : les 9 milliards de la discorde !

Le programme d’assainissement initié par le nouveau gouvernement, pour débarrasser la capitale de ses tonnes d’immondices, en cette saison des grandes pluies, continue d’alimenter la chronique dans la cité. Les langues commencent à se délier, et l’on en sait un peu plus sur la gestion des 9 milliards de francs guinéens  déboursés par le gouvernement pour le financement de cette opération.

Après sa nomination survenue le 26 mai dernier, l’une des premières actions entreprises par le gouvernement du Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, fut le lancement de  l’opération d’assainissement de la capitale.

Une opération décrétée dans l’urgence à l’initiative du chef de l’État, en vue de débarrasser Conakry de ses tas d’immondices qui contribuent au fil des jours, à enlaidir la ville.

En attendant le démarrage, à partir de l’année prochaine, d’un projet structurel d’envergure, en matière d’assainissement de Conakry, dont le financement sera assuré par l’Union Européenne et la Banque Islamique de Développement. Pour une enveloppe estimée à 100 millions de dollars US.

Ce programme ci, lancé le 9 juin dernier, par le Premier ministre,  porte sur l’élimination des 63 points de regroupement des déchets et le curage des caniveaux. Pour son financement, l’état  guinéen, à travers le ministère des Travaux publics, a déboursé 9 milliards 600 millions de francs guinéens.

En dépit des ressources mobilisées par les partenaires (Union Européenne, Coopération Belge) et le BND, pour appuyer ce plan d’urgence.

Toutefois, certains observateurs n’ont pas manqué de se demander pourquoi en lieu et place du département de la Jeunesse, c’est plutôt celui  des Travaux publics, qui  s’était empressé de prendre la tête de ce programme qui n’est pourtant pas dans les prérogatives de ce ministère.

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Par pur pragmatisme, certainement. Sauf que l’on a trouvé que cela détonnait. Cependant, le ministre de l’Économie et des finances, Mamadi Camara, a, dans la correspondance No 1143/MEF/CAB/DNMP/2018, datée du 11 juin 2018, autorisé ‘’le recours à la procédure d’entente directe pour la passation du marché relatif aux travaux d’urgence d’assainissement de la ville de Conakry’’.

C’était en réponse à la lettre No376/MTP/CAB/2018 datée du 08 juin 2018 du ministre des Travaux publics, sollicitant ‘’une autorisation pour la passation par entente directe du marché liée à la réalisation d’activités portant entre autres sur le curage des caniveaux ordinaires, le curage des caniveaux spécifiques, le curage des avaloirs, le transfèrement des produits de curage à la décharge’’.

Dans sa lettre, le ministre des TP avait pris le soin de préciser que ce ‘’marché estimé à 9 milliards six cent millions de francs guinéens, sera exécuté par la méthode de Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO) à travers un effectif de 100 jeunes par quartier’’.

A cette demande pressante de Moustapha Naité, son homologue Mamadi Camara n’a pas trouvé à redire.  Il revenait dorénavant au chef du département des Travaux publics  d’instruire ses services techniques concernés, à prendre attache avec la Direction nationale des marchés publics, pour la mise en forme du contrat.

Ce plan d’urgence était censé mettre à contribution 100 jeunes, dans chacun des 135 quartiers de Conakry, avec une prime de 100.000 francs guinéens, devant être versée à chacun des ébouilleurs, par jour.   Avec la participation du ministère de la Jeunesse, dans l’encadrement de l’opération, bien entendu.

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facture

Les jeunes recrues devaient ramasser les ordures pendant une semaine. Finalement, ils n’auraient travaillé que 3 jours, pour un montant de 50.000 GNF, que devait percevoir chacun.

Ce qui amène à se demander si les trois jours d’assainissement ont suffi pour engloutir près de 10 milliards.  Notons au passage que les  contrats d’assainissement ont été octroyés à deux sociétés qui, à travers ce marché faisait là, apparemment, leur baptême du feu.

Il s’agit notamment de la société AJM Sarl, dont le directeur est un certain Marcio Cabral et la société Sogico SARL, dirigée, elle, par  Mme Nowai Simone Kourouma.

Les deux entreprises ont bénéficié respectivement de 5.310.000.000 GNF et 4.290.000.000 GNF.

Des zones d’ombre restent donc à éclaircir dans ce dossier, d’autant que selon nos informations, le ministère  de la Jeunesse n’aurait bénéficié que de un milliard de toute cette manne, pompée dans les caisses du Fonds d’entretien routier (FER). Ce que le chef du département de la Jeunesse, n’aurait pas apprécié, étant donné que la mobilisation des jeunes ébouilleurs, lui avait été confiée.

La frustration serait donc palpable du côté de Mouctar Diallo et ses troupes. Comme s’ils n’avaient été que les dindons de la farce, dans cette histoire de gros sous. Ce qui nous amène à parler des milliards de la discorde.

A suivre.

Moussa Traoré

00224 621 99 83 45

 

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