
Moscou esquisse sa vision d’un partenariat stratégique avec l’Afrique à l’horizon 2063
MOSCOU — Lors d’un symposium international organisé cette semaine à Moscou, des responsables russes ont détaillé leur ambition de bâtir un partenariat stratégique renforcé avec le continent africain à l’horizon 2063. Cette vision, présentée lors d’une table ronde intitulée «La Russie et l’Afrique en 2063», s’inscrit dans la stratégie du Kremlin de consolider son influence en Afrique, à un moment où Moscou cherche à contrer son isolement diplomatique occidental.
L’événement, le symposium «Inventing the Future» (Façonner l’avenir), s’est tenu sous le patronage du président Vladimir Poutine. Les discussions ont mis en avant un projet de coopération élargie, allant au-delà des seuls échanges de matières premières pour englober l’énergie, les technologies numériques et la logistique.
«L’Afrique est jeune, numérique et tournée vers l’avenir. La Russie est technologique et riche en ressources. Ensemble, elles pourraient former un nouveau pilier de l’équilibre mondial», a déclaré Valentin Bianki, expert au Centre d’études africaines de l’Université HSE et modérateur des débats. Il a toutefois concédé que «la connaissance de l’Afrique en Russie n’est actuellement pas assez profonde, et réciproquement, la connaissance de la Russie en Afrique est limitée».
Au-delà de la coopération traditionnelle
Les intervenants russes ont insisté sur la diversification de leurs relations avec le continent. Andrei Panyukhov, du ministère russe des Affaires étrangères, a évoqué un développement du tourisme, tandis que Pavel Kalmychek, du ministère du Développement économique, a annoncé la création prochaine de «clusters industriels et logistiques communs fondés sur les principes de transfert technologique et de développement durable».
Cette ambition a été saluée par certains participants africains. Moktar Seck (Sénégal), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a souligné les potentielles collaborations dans le nucléaire, les infrastructures et l’intelligence artificielle. «Connaissant le potentiel de la Russie, nous pouvons identifier de nouvelles zones de convergence», a-t-il estimé.
La nécessité de cadrer cette coopération a été portée par Aliou Tunkara, député malien, pays où le groupe mercenaire Wagner, proche du pouvoir russe, est très présent. «Il est très important de créer une base juridique à notre partenariat pour le simplifier et le renforcer», a-t-il déclaré.
Une stratégie d’influence à long terme
Au-delà des aspects économiques, l’accent a également été mis sur le soft power. Vicencia Shule, de la Commission de l’Union africaine, a plaidé pour un renforcement des échanges culturels et de jeunesse, un «point de départ» essentiel selon elle pour toute coopération durable.
Le choix de l’horizon 2063 n’est pas anodin : il correspond à l’Agenda 2063 de l’Union africaine. En calquant sa vision sur le programme de développement continental, Moscou cherche à se présenter comme un partenaire de long terme, à l’heure où les pays européens tentent de renouer avec des relations plus équilibrées avec l’Afrique, libérées du passé colonial.
Ce symposium, auquel ont participé des délégations de plus de 85 pays, sert de vitrine à la diplomatie russe. Il démontre la volonté de Moscou de jouer une partie africaine patiente et déterminée, où les investissements politiques et économiques d’aujourd’hui sont censés porter leurs fruits dans plusieurs décennies.___________________________________________________________
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– CAJ News