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Du scrutin du 28 septembre, l’Ambassadeur de la Russie dit « bravo aux Guinéens » Entretien.

Le Vendredi 08 novembre 2013, son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de la Russie en Guinée et en Sierra Léone  a reçu à la chancellerie « petit Moscou » de Bonfi une équipe d’Aminata.com pour un entretien à battons rompus.

Sans langue de bois, le diplomate Russe, habituellement réputé discret, a répondu avec éloquence à toutes nos questions. Des relations russo-guinéennes à la place de la Russie sur le plan international en passant par la dette guinéenne, le processus électoral en cours, l’attitude de Moscou face à l’assassinat de Kadhafi ou encore le dossier syrien, la montée en puissance de la Chine, la domination américaine, l’état de la démocratie russe et bien d’autres sujets intéressants, M. Alexendre V. Brégadzé a tout répondu et d’une façon diplomatiquement correcte et décontractée.    
 

Aminata.com : Bonjour M. l’Ambassadeur, comment se portent les relations entre la Guinée et la Russie ?

Alexandre V. BREGADZE : Les relations entre nos deux pays se portent très bien. Des relations qui existent depuis 1958. Soit deux jours seulement après l’obtention de l’indépendance de la Guinée le  02 Octobre 1958. Juste donc après cette indépendance, la Russie a rétabli les relations diplomatiques avec la Guinée le 04 octobre de la même année. Je peux dire que depuis cette date, ces relations  se développent et se fructifient malgré la conjoncture internationale.

Quelles sont les différents axes privilégiés de la coopération entre les deux pays aujourd’hui ?  

Nous gardons toujours la tradition dans la formation des cadres guinéens, nous prenons des étudiants guinéens au niveau scolaire, le post-universitaire et même dans d’autres niveaux en collaboration bien entendu avec les ministères de tutelle. Nous avons augmenté le nombre d’étudiants et le dossier se trouve au niveau de la partie guinéenne, à elle de remplir ce dossier selon l’exigence de nos institutions.

Justement à ce niveau, peut-on connaître ces exigences ?

C’est-à-dire, que les étudiants guinéens soient conformes aux critères de nos ministères en général qui reçoivent les candidatures. Surtout, le niveau de la formation doit être à la hauteur. Qu’ils soient à la hauteur d’absorber les programmes proposés par nos institutions. Nous voulons que le plus grand nombre des sociétés russes viennent ici en Guinée-Conakry et travaillent , en s’appuillant sur les cadres guinéens formés en Russie.

En Septembre 2012, la Guinée a atteint le point d’achèvement synonyme de la réduction des 2/3 de sa dette. Depuis, plusieurs pays ont annulé des dettes à la Guinée, quand est-il de celle de la Russie ?

En ce qui concerne la dette guinéenne de la Russie, il y a des négociations sur ce sujet. Car, récemment le ministre d’Etat de l’Economie et des Finances, M. Kerfala Yansané s’était rendu à Moscou où,  il a eu des discussions avec ces homologues responsables au Ministère des finances russe. Je crois qu’ils se sont convenus de continuer et d’achever ces négociations avant la fin de cette année.

M. l’Ambassadeur, partant d’un constat sur le terrain, la Russie est très discrète par rapport à l’Union Européenne et les Etats Unis d’Amérique sur le processus électoral en Guinée, qu’est ce qui expliquerait cela ?

Quand vous dites discrète, d’abord c’est  dans notre tradition, c’est de ne pas intervenir dans les affaires intérieures de tel ou tel pays, surtout quand il s’agit des élections parlementaires ou n’importe quelle élection. Mais dès le départ quand j’ai été président du Groupe des Amis de la Guinée, j’ai insisté à ce qu’il y ait la couverture des Nations Unies de ces élections, parce que vous-vous rappelez qu’il y’avait plusieurs versions à ce sujet qui sont entre autres : que l’Union Africaine couvre, la Francophonie, la Cedeao, etc. Mais moi, j’ai souhaité à ce que toute la communauté internationale participe à ce processus qui est d’accompagner les guinéens dans ce processus très délicat. Mais c’était aussi très important pour eux, parce que c’est pour la première fois que ça se passe en Guinée. J’ai insisté à ce que les Nations Unies couvrent ce processus et je crois que cela s’est produit. Parce que les Nations Unies ont pris la responsabilité à l’égard de ces élections, M. Saïd Djinnit qui est venu jouer un rôle primordiale pour organiser ces élections législatives. Je crois que c’était ça la participation de la Russie à ce processus.  Le facilitateur Saïd Djinnit étant là, nous avons observé cette présence en étant toujours en contact, surtout notre disponibilité était pérmanente pour tous les besoins nécessaires.  Mais moi, j’ai personnellement évité de me présenter par ci, par là, parce que ce n’est pas mon rôle de l’ambassadeur. Il y’avait M. Saïd Djinnit, en qui on a toujours confiance, il est le représentant de toutes les Nations Unies.

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M. l’ambassadeur, le 28 Septembre 2013,  la Guinée a tenu ces élections législatives, quel est votre sentiment sur le déroulement du scrutin ?

Moi, j’ai été ravi, parce que pour moi, c’était inattendu. Mais ces élections se sont passées dans le calme, dans le patriotisme où, les Guinéens se sont montrés très responsables ayant en idée que c’est leur sort qui était en jeu. Vraiment moi j’étais très positivement surpris et, bravo les Guinéens!

Excellence, M. l’ambassadeur nous partons maintenant sur le plan africain et international. Nous savons que la Russie est membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, membre permanent il faut le préciser. Peut-on connaitre sa position par rapport aux questions de réformes de cette institution avec la possibilité pour l’Afrique d’avoir son siège permanent ?

Nous sommes toujours pour. Notre position a été toujours claire dès le début. Il faut que ça soit basé sur le consensus de tous les membres des Nations Unies. Car, même s’il y a un petit changement dans le mécanisme des Nations Unies, c’est le sort de l’humanité qui est en jeu. C’est pourquoi notre position est claire. Il faut qu’il y ait un consensus total sur ce sujet avant de réagir.

A ce niveau, selon vous qui trainerait les pieds ?

, rire… mais d’abord, il ya une sorte de compétition entre les pays africains. S’il y’avait un seul candidat au niveau même de l’Afrique, le problème ne serait pas posé. Mais il n’ya pas quand même eu d’abord de consensus. Je crois que, si on trouve le consensus avec tous les membres des Nations Unies dans leur ensemble, on persiste et on signe. Car, il faut trouver ce consensus au niveau africain.

M. l’ambassadeur, avec des conflits enregistrés ça et là à travers le monde, la Russie regrette t-elle la dislocation de l’empire Soviet, synonyme de nos jours d’un monde unipolaire dominé par les américains ?

D’abord, il y’avait l’Union Soviétique où, je suis né, c’était un grand pays. C’est-à-dire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (ndlr : URSS) et non un empire : l’Union sovietique, c’est comme actuellement l’Union Européenne. En tout cas, à l’époque il y avait une seule Union Soviétique. Bien sure qu’on a hérité tous l’appellation de l’empire russe, mais la base juridique était complément différente. Elle se basait sur l’idéologie   communiste. Vous êtes tellement jeune, je ne sais pas si, vous-vous rappelez de ça ? Mais dire que, la Russie regrette, je ne peux pas parler pour toute la Russie, parce qu’ils y’avait des citoyens de l’Union Soviétique qui étaient pour la dislocation, il y’avait d’autres qui étaient contre etc. Moi personnellement, je regrette en tant qu’ancien sovietique. C’est ce qui m’amène à citer donc une phrase d’un homme politique très important du monde contemporain qui disait ceci : « ceux qui ne regrettent pas de la dislocation de l’Union Soviétique n’ont pas de cœur, mais ceux qui croient qu’on peut restaurer l’Union Soviétique n’ont pas de tête », signé Poutine.

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Avec la guerre en Syrie, les sanctions ciblées en Iran, la montée en puissance de la Chine et la domination Américaine,  peut on dire que la Russie a perdu son influence aujourd’hui ?

Pas du tout, pas du tout, l’influence de la Russie est connue de tout le monde, par example en Syrie et même dans d’autres pays. Nous voulons qu’il y ait la paix partout. Et nous allons nous battre pour ça partout. Mais avec les moyens pacifiques. Car, le recours à la force n’est pas notre méthode, il faut qu’on oublie ça.  A l’époque, le grande ministre des affaires étrangères de l’URSS Andrey Gromyko disait qu’ « un jour de la guerre vaut 10 ans de négociation », c’est-à-dire, il est souhaitable de faire une négociation pendant 10 ans que de faire la guerre pendant un jour, c’est notre position.

M. l’ambassadeur est- ce, un regret ou un soulagement face au changement de régime intervenu en 2011 en Libye suivi de la liquidation de son guide, Mouammar Kadhafi ?

J’aimerais bien retourner cette question à vous-même, vu les conséquences qu’on subit maintenant, surtout en Afrique. S’il y’avait des forces dans le monde entier qui voulaient peut être changer le régime de Kadhafi, il fallait le faire d’une autre manière, c’est à dire démocratiquement.  Il fallait lui imposer la nécessité d’organiser des élections. Mais l’intervention avec la force, l’intervention militaire, il faut exclure ça à jamais et partout dans le monde.

Sauf que les gens regrettent à l’époque où, tout le monde pensait que le dernier recours c’est la voie russe au conseil de sécurité ?

Oui, je crois qu’au Conseil de Sécurité, il s’est passé quelque chose d’incompréhensible, s’était le malentendu fatal. Moi personnellement, je croyais qu’on pouvait élaborer un autre scénario qui devrait être différent, mais ce qui s’est passé est regrettable, c’est très regrettable. Donc, de ce fait nous ne voulons pas que ça se passe maintenant avec la Syrie ou avec d’autres pays. Nous disons : plus jamais ça.

La Russie avec le retour à la présidence de M. Poutine est ce, un model de démocratie ?

Le model universel de la démocratie n’existe pas, l’histoire nous le prouve chaque jour, parce que chaque pays à son histoire, ses traditions et ses coutumes. Je crois que dans chaque pays et chez chaque peuple, la démocratie existe mais à leur manière. C’est pourquoi moi, je ne crois pas qu’il ya un model de démocratie universelle. Prenez la France, est ce que la démocratie française ressemble à la démocratie américaine ?  Je peux prendre l’exemple de la Russie par rapport à la démocratie Américaine, Française, en générale avec la démocratie Asiatique etc. Partout, il ya des spécificités qu’il faut prendre en considération, si on ne les prend pas en considération, on aura pas mal de problèmes. Je ne veux pas citer des pays. Mais, quand on impose la démocratie avec un model universel, il y’aura une sorte de rejet. Donc, la démocratie est un mécanisme nécessaire, mais ce mécanisme doit avoir la spécificité nationale.

Votre mot de la fin ?

Je profite de votre micro pour souhaiter non seulement la stabilité en Guinée pour que les investisseurs qui frappent à la porte puissent rentrer et investir dans plusieurs domaines, mais aussi et surtout souhaiter à ce que le grande nombre de sociétés russes viennent en Guinée pour pouvoir ressentir les résultats positifs du processus démocratique dans votre pays et de la coopération guinéo-russe.
Merci votre excellence.
C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par Abdallah Baldé assisté de M’Böh Oumar pour Aminata.com
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