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« On a une justice à deux vitesses et au service d’un clan », dénonce Alpha Oumar Taran Diallo leader de l’ADR

Alpha Oumar Taran Diallo président de l’alliance démocratique pour le renouveau (ADR) membre de l’alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD) a accordé une interview à votre quotidien en ligne.

Il parlé entre autres, de l’incarcération des opposants au troisième mandat, de la persécution d’opérateurs économiques, du système éducatif guinéen. Il a également proposer de solution à la crise politique en Guinée. Lisez!

Aminata.com: Depuis la menace du président Alpha Condé et de son premier ministre, on assiste à une vague d’arrestation d’opposants au troisième mandat notamment les membres de l’ANAD. Quelle lecture faites-vous de ce sujet ?

Alpha Oumar Taran Diallo: La première des choses, ce n’est pas une surprise pour nous. Depuis 2010 pratiquement, à chaque fois qu’il y a eu manifestations ou des gens se sont exprimés pour indiquer leur désaccord avec la façon dont le pays est gouverné, ils ont été inquiétés. Beaucoup de ceux qui sont arrêtés avaient été interpellés de par le passé. Ils ont été parfois jugés, parfois condamnés ou relaxés. À chaque fois le harcèlement s’est matérialisé. Donc, pour nous c’est cette situation qui continue. Ça indique aussi l’infeodation de la justice à l’exécutif puisqu’une justice vertueuse et indépendante aurait plutôt cherché à enquêter sur les morts d’hommes qu’il y a eu lors de toutes ces manifestations qui se sont succédé au lieu de s’attaquer à des personnes pour avoir dit des propos qui peuvent conduire à des troubles à l’ordre public. Déjà, il y a eu des morts, des édifices publics et privés ont été détruits et vandalisés. Moi je pense que la justice avait un travail beaucoup plus sérieux à faire au lieu de s’attaquer aux leaders d’opinion, aux acteurs politiques et de la société civile qui ne font que se battre pour l’enracinement de la démocratie dans notre pays.

Quelques jours après, le président Condé a fait savoir qu’il tend la main à ses opposants. Qu’en pensez-vous ?

Pour nous, il tentait de corriger ou de masquer son premier discours où il s’était montré menaçant. Il dit qu’il tend la main, au même moment, il dit que personne n’est au dessus de la loi. On voudrait bien voir que personne n’est au dessus de la loi. À commencer par ceux qui sont en train de détourner des deniers publics, ceux qui ordonnent à la répression des manifestations et ceux qui exécutent des ordres contraire à la constitution. Mais aujourd’hui, on a une justice à deux vitesses et au service d’un clan au lieu d’être au dessus de la mêlée et de n’obéir qu’à la loi. Normalement, le magistrat n’est soumis qu’à la loi. Si cela était, je pense que cette situation ne se serait pas manifesté de cette façon là. Malheureusement, ceux qui travaillent, la couche laborieuse de la population guinéenne, ceux qui se battent pour renflouer les caisses de l’État(payer les taxes et autres), au lieu de leur offrir une vie descente, c’est ceux-là qui subissent des violences et que personne, ni la justice, ni les forces de l’ordre ne les défendent. Malheureusement, c’est cette situation qui prévaut dans notre pays et cela ne permet pas le développement parce que si vous vous rendez compte qu’à chaque fois que vous faites prospérer votre business, quelqu’un va venir le détruire, et vous n’ayez pas de recours, je pense que l’oisiveté va s’emparer des gens. Soit, ils vont partir ailleurs, soit ils vont s’asseoir eux-aussi faire comme tout monde. C’est à dire, attendre d’avoir un petit poste quelque part pour détourner les deniers publics. Au contraire, on aurait dû les encourager, les accompagner, les aider à prospérer dans leurs domaines pour créer de l’emploi et des richesses pour notre pays. C’est ce qui peut amener le développement. Le secteur privé devrait être encouragé et non torpillé.

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Parlant toujours du secteur privé, l’État décide de s’attaquer aux biens de certains grands hommes d’affaires à Conakry mais aussi à l’intérieur du pays. Votre regard sur cette situation !

Le premier ministre a clairement dit qu’il va y avoir de la chasse aux sorcières. Malheureusement, ce n’est pas ces opérateurs économiques qui vont souffrir, ce sont les pauvres citoyens, les milliers de personnes qui faisaient leurs activités dans ces bâtiments que l’État est en train de réclamer aujourd’hui. Ce sont ces emplois directs et indirects qui vont souffrir. Quand on gère avec haine et colère, c’est comme on dit chez nous, si tu allonges le fouet de ton ennemi, tu risques de frapper des amis et d’autres personnes que tu ne souhaitais pas frapper. C’est ce qui est en train d’arriver. Donc, cette pauvreté qui est en train d’être créée et entretenue va atteindre l’État parce que tous les gens qui occupaient ces endroits-là, payaient des taxes et des impôts. Ils permettaient à certains citoyens d’avoir des sources de revenus pour consommer et faire fonctionner notre économie nationale. Donc, c’est cela aussi quand dirige et qu’on ne soit pas mesuré et qu’on n’est pas de la retenue, ça devient dangereux pour le pays.

Quelle analyse faites-vous de la situation du système éducatif guinéen ?

Le système éducatif guinéen se trouve dans la même situation depuis un peu plus de trois ans. Des crises permenantes empêchent nos enfants de suivre les cours de façon correcte et c’est l’avenir du pays qui est en train d’être bafoué, tronqué. On a des problèmes à tous les niveaux mais on devait faire en sorte qu’au niveau de l’éducation au moins, les choses se passent correctement parce que l’avenir du pays se trouve à ce niveau là. L’école guinéenne se trouve dans une situation très préoccupante. Les gens espéraient qu’avec l’arrivée du professeur Alpha Amadou Bano Barry à la tête du ministère de l’éducation nationale, ça aurait résolu le problème mais je pense qu’on va rester sur notre faim puisque comme on dit, une seule hirondelle ne fait pas le printemps. Il faudrait nécessairement que l’on repense en profondeur le système éducatif guinéen, il faut qu’on sache les jeunes que nous voulons avoir demain, quel genre de jeunesse nous voulons avoir et quel genre de nation nous voulons dans le futur pour qu’on repense sérieusement notre système éducatif. Il faudrait que l’on fasse que cette crise perpétuelle disparaisse pour que les gens suivent les cours correctement afin que l’année scolaire soit normale.

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Selon vous, quelle solution pour une sortie de crise en Guinée ?

C’est très simple. Il faut respecter le résultat des urnes. Le verdict des urnes doit être respecté. D’ailleurs, ça serait le signe que les autorités respectent les citoyens. Quand un citoyen s’exprime à travers un vote et il destine sa voix à un candidat, normalement, ce vote ne doit pas être détourné. Donc, faisons en sorte que le verdict des urnes soit respecté, ça ramènera la situation à la normale automatiquement. Ça pourra aider la Guinée à rentrer de pleins pieds dans le développement, dans le concert des pays vertueux et respectueux de la démocratie.

Qu’est-ce que vous avez à ajouter pour clôturer notre entretien ?

C’est d’interpeller tous les citoyens guinéens, leur dire que le combat pour la démocratie est un combat de long haleine qui ne se fait pas en un jour. La démocratie se construit, pierre par pierre, brique par brique. Ça prend du temps mais ça demande de l’engagement, de l’abnégation mais aussi de la persévérance. Nous devons faire en sorte que notre pays, comme disait le président Jenny Rowlins paix à son âme, il faut faire en sorte que même si c’est au diable qu’on donne la gestion de notre pays, que le diable se soumette aux procédures et lois qui sont prescrites dans notre pays. C’est ce qui fait que tout le monde se sentira en sécurité et la justice régnera mais aussi la Paix. Avant de terminer, je vais m’incliner devant l’âme des personnes tuées lors des violences post électorales, présenter mes condoléances les plus attristées aux familles des disparus, souhaiter prompt rétablissement aux blessés, compatir à ceux qui ont perdu leurs biens, leur business dans cette situation. Mais aussi rappeler forces de défense et de sécurité qu’elles ne sont pas en pays conquis. Elles sont dans leur propre pays et ils ont à faire avec des compatriotes. Le maintien d’ordre doit se passer comme les lois l’ont indiqué.

Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com

 

(+224) 622 304 942

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