
Makanera Kaké, un suiveur qui se prend pour un acteur (Par Souleymane Souza Konaté)
Il est toujours facile de dire qu’on s’efface pour quelqu’un d’autre lorsqu’on n’a jamais existé politiquement, ni compté à aucun moment dans la vie nationale ou les joutes électorales. Makanera Kaké s’engage aujourd’hui à se retirer au profit de la candidature du Général Mamadi Doumbouya, qu’il appelle de tous ses vœux. Mais a-t-il jamais été candidat à une élection présidentielle ? Que vaut un désistement venant d’un homme sans électeurs ? Surenchère, quand tu nous tiens !
Pour mémoire, à Boké, chez lui, sur la terre de ses ancêtres, lorsqu’il briguait la mairie, Alhousseiny Makanera n’avait dû son salut qu’au report de voix de l’UFDG pour espérer se faire élire. D’ailleurs, un autre candidat, issu de la même obédience UFDG, lui avait été préféré. Cet épisode, qu’il vit encore comme une blessure politique, serait selon lui la cause de sa brouille avec l’UFDG et de son acharnement contre El Hadj Cellou Dalein Diallo.
Il l’a vécu comme un affront électoral historique, une humiliation qu’il n’a jamais digérée.
Si son échec à Boké a été le prétexte pour s’allier à la junte, tout comme il fut jadis l’alibi pour retourner dans le giron du RPG après l’avoir quitté avec fracas, cela révèle une constante : Makanera Kaké, incapable de gagner une élection, même dans son terroir, a besoin de tout pouvoir en place pour exister, se faire voir et surtout éviter le chômage politique.
Son nom, inscrit sur la liste noire du FNDC parmi les personnalités accusées de complicité dans des crimes de sang, est devenu un autre argument pour justifier ses revirements et sa distance avec certains acteurs qu’il indexe aujourd’hui. Mais ces justifications n’abusent personne : Makanera a toujours préféré monnayer ses services plutôt que de militer pour une cause commune.
Hier, c’était Alpha Condé, aujourd’hui, c’est Mamadi Doumbouya ; et demain, si Cellou Dalein Diallo, qu’il attaque aujourd’hui, accède au pouvoir, il ne manquera pas de tenter d’entrer dans ses bonnes grâces. Car Makanera ne peut exister par lui-même, ni se passer des faveurs des dirigeants du moment.
À Boké, l’UFDG le surpasse de loin. En vérité, le crieur public dépend autant des gouvernants que des médias. Si personne ne lui tend le micro, ne publie ses propos ou ne l’invite sur les plateaux, tout s’effondre pour lui. Sa “carrière politique” se limite à des interviews, conférences de presse, communiqués et “one man shows” médiatiques sans lendemain.
Aucune mobilisation populaire, aucun résultat électoral notable à ce jour.
Voilà donc l’homme qui prétend pouvoir réunir cinq millions de signatures pour soutenir la candidature du Général Doumbouya ; celui qui s’imagine rival ou contradicteur d’un El Hadj Cellou Dalein Diallo, plébiscité à chaque scrutin avec son parti.
La scène politique guinéenne ressemble parfois à un théâtre d’illusions où les derniers se prennent pour les premiers, et les figurants se croient acteurs.
Le CNRD, qui affirme vouloir rompre avec les erreurs du passé, devrait se garder de s’encombrer de ces “politiques” sans base, sans légitimité, ni crédibilité. En s’entourant de tels personnages, il s’éloigne du pays réel et scie la branche sur laquelle il est assis.
Car ceux qui changent de camp au gré du vent, qui flattent tous les pouvoirs et renient hier pour plaire à aujourd’hui, ne sont ni des amis sûrs, ni des partenaires fiables.
On ne peut pas compter sur eux — mais on peut être certain de perdre à cause d’eux.
À bon entendeur…
Souleymane SOUZA KONATÉ.