
Aux grands maux, les grands remèdes ! (Par Tibou Kamara)
Le Printemps arabe, qui fut l’expression d’un profond mécontentement social et de soulèvements populaires contre les inégalités, les tyrannies, les injustices et la mauvaise gouvernance, a permis à de nombreux pays d’entamer une mue et à des peuples opprimés de recouvrer leur souveraineté et leur dignité. Ce vent nouveau, qui a soufflé avec une force particulière dans le monde arabe, a posé les bases d’un changement irréversible, toujours en cours, qui conserve intacte sa puissance révolutionnaire.
L’Afrique subsaharienne a, elle aussi, payé un lourd tribut pour obtenir l’ouverture démocratique et l’instauration du multipartisme. Un combat de longue haleine qui a souvent exigé l’ultime sacrifice.
La Guinée qui a connu la révolution sékoutouréenne, goûté au multipartisme, rêvé de démocratie, s’est retrouvée trop souvent dans des transitions, ne semble toujours pas trouver sa voie de salut. Plus portée à épouser la cause du moment qu’apte à réaliser ses aspirations profondes. Le pays tâtonne : un pas en avant, dans les crises, deux pas en arrière, dans l’illusion démocratique. L’on s’offre à la soumission quand on ne veut pas se dédier à la liberté. “Tout change pour que rien ne change”. On prend les mêmes et on recommence. Et même lorsque ce ne sont pas les mêmes, on recommence quand même. On peut changer autant de fois de noms, de visages, de régimes, on bute contre les mêmes travers, se heurte aux mêmes vices, échoue sur les mêmes rivages. La quête de renouveau demeure un vœu pieux, quand la démagogie, le culte de la personnalité et celui de l’homme providentiel restent plus que jamais d’actualité.
Comme l’a dit Edgar Faure : “l’immobilisme est en marche, rien ne l’arrêtera”.
Tant que les racines profondes du mal ne seront pas coupées et arrachées, de nouvelles branches porteuses d’espérance ne pourront pas pousser. Chacun connaît le mal, mais personne n’ose l’affronter. Et pourtant, comme le dit le proverbe, “aux grands maux, les grands remèdes” : il faut parvenir à libérer les Guinéens de leurs tares et de leurs inhibitions morbides qui desservent et pénalisent le pays. Il est indispensable de s’engager enfin à exorciser le pays de ses éternels vieux démons, que ce soit par la pédagogie de l’État de droit ou par la contrainte des révolutions.
Tibou Kamara





