La Participation du Général Amara Camara à l’AGNU : les Enjeux de la Diplomatie Internationale
La présence du Général Amara Camara à la tête de la délégation guinéenne – représentant le régime ayant pris le pouvoir en Guinée en septembre 2021 – lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), soulève des questions complexes en géopolitique et en droit international. Cette décision suscite un débat autour de la reconnaissance internationale, du principe d’universalité de l’ONU, de la non-reconnaissance implicite et de la quête d’une solution politique.
Reconnaissance Internationale
Le coup d’État en Guinée a été vivement condamné par la communauté internationale, car il a entraîné une rupture de l’ordre constitutionnel. Il est essentiel de noter, cependant, que la participation du Général Camara à l’AGNU ne constitue pas une reconnaissance automatique de son gouvernement. Il s’agit plutôt d’une acceptation pragmatique d’un fait accompli, permettant à la communauté internationale de maintenir un dialogue avec les autorités de facto, dans l’espoir de trouver une solution pacifique à la crise.
Principe de l’Universalité
Les Nations Unies opèrent sur le principe d’universalité, qui garantit à tous les États membres le droit de participer à l’AGNU, quelle que soit leur situation politique interne. Ce principe vise à favoriser le dialogue entre les nations et à encourager les solutions pacifiques aux conflits. Dans ce contexte, la participation de la délégation guinéenne peut être considérée comme une application stricte de ce principe, même si des questions de légitimité persistent.
Absence de Reconnaissance Implicite
La présence du Général Camara à l’AGNU n’implique pas une reconnaissance implicite de son gouvernement par la communauté internationale. Chaque État membre de l’ONU conserve le droit souverain de déterminer sa propre politique de reconnaissance. Par conséquent, cette participation ne préjuge en rien de la position des autres pays concernant la légitimité des autorités guinéennes.
Recherche d’une Solution Politique et Constitutionnelle
Un élément essentiel semble toutefois avoir été absent du discours du Général Camara à l’AGNU : l’engagement clair et concret en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, matérialisé par des élections inclusives associant tous les acteurs concernés. La résolution pacifique de la crise passe impérativement par la restauration d’institutions démocratiques. La diplomatie internationale se doit d’insister sur cette question fondamentale pour garantir un avenir stable et légitime à la Guinée.
Conclusion
La participation de la délégation guinéenne à l’AGNU représente un défi diplomatique et constitutionnel de taille. Elle met en évidence la tension entre les principes universels des Nations Unies et la nécessité impérieuse de rétablir l’ordre constitutionnel en Guinée. Le succès de la diplomatie internationale dépendra de sa capacité à faire pression en faveur d’un retour à un gouvernement légitime et à soutenir un processus politique transparent pour le bien du peuple guinéen.
Lanciné SACKO



