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Guinée_certification de l’UFD par le MATD, présidentielle du 28 décembre, suspension de l’UFDG et du RPG: ce qu’en dit Mamadou Baadiko Bah

Après une période de suspension, l’Union des Forces Démocratiques (UFD) est officiellement réintégrée par le Ministère de l’Administration du Territoire. Pour le président du parti, Mamadou Bah Baadiko, cette « décision juste » ouvre la voie à une participation ferme à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Dans cet entretien exclusif, il revient sur le succès de son 6e Congrès et la solidité de son dossier pour la course à l’élection présidentielle du 28 décembre. Tout en confirmant qu’il sera lui-même candidat à l’investiture de l’UFD, M. Baadiko affiche ses ambitions.

L’Union des Forces Démocratiques (UFD) vient d’être certifiée par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD). Quelle est votre réaction ?

MAMADOU BAH BAADIKO : Pour nous, cette décision n’est que justice. Notre parti depuis sa fondation en 1992 a toujours tout fait pour rester dans la légalité, dans le cadre de la lutte pour faire aboutir nos idéaux, pour le bonheur du peuple de Guinée et de tous les peuples d’Afrique. Nous voudrions bien savoir quel autre parti sur l’échiquier politique guinéen a été plus soucieux que nous de respecter la loi, même lorsque nous n’étions pas d’accord sur ses termes ? A part cela, comme vous le voyez, il y a 150 partis sur la liste de ceux qui sont agréés. Regardez bien cette liste, s’il vous plaît pour nous dire qu’est-ce que tous ces partis ont de plus que l’UFD ? Lorsque des hauts responsables du MATD ont dit qu’il ne restait que 3 partis suspendus et qu’ils en ont donné la liste, nous en avions déduit que l’UFD n’en faisait plus partie. Mais nous n’avions pas manqué de dire tout haut que pour nous, l’Administration est écrite et non verbale. Il fallait qu’un acte administratif confirme la levée de notre suspension. C’est donc fait et c’est une bonne chose. Tous nos responsables, militants et sympathisants se sont félicités de cette mesure logique, surtout après le succès de notre 6ème Congrès.

Ceci dit, nous ne pouvons que regretter les mesures discriminatoires prises contre le RPG, l’UFDG et le PRP toujours suspendus, exclus de la compétition électorale et interdits d’activités politiques. Dans une optique de respect des droits de tous les citoyens, il aurait fallu trouver des solutions permettant de n’exclure personne. Aucun pays ne peut valablement se construire dans l’instabilité et les affrontements de toutes sortes. On en voit aujourd’hui le coût énorme. Une transition qui se respecte doit être consensuelle et apaisée.

Comment votre parti a-t-il réussi à remplir les critères exigés par le ministère ?

Le parti a été suspendu par un acte du 24 octobre 2024. Ce n’est que le 18 mars 2025 que le MATD nous a écrit pour nous le signifier, en précisant les griefs motivant selon eux, la suspension de notre parti. Le point principal portait sur la non-tenue du congrès dans les délais statutaires et les conséquences de ce manquement. Il y avait ensuite des problèmes de comptabilité et de compte de banque. Le 6ème Congrès de l’UFD s’est donc tenu les 2 et 3 mai 2025 à Conakry. Le MATD informé par courrier ne s’était pas manifesté. Toute l’opinion guinéenne et les observateurs étrangers avaient noté le succès éclatant de ces assises. Dès après la clôture du congrès, nous avons consciencieusement travaillé à la préparation des réponses précises aux griefs évoqués. Le dossier a été déposé au MATD le 11 juin 2025, avant l’expiration du délai de 3 mois imparti. Là aussi, nous voudrions bien savoir quel autre parti a-t-il déposé un dossier plus solide que le nôtre ?

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Désormais éligible aux prochaines élections, à commencer par la présidentielle du 28 décembre, comptez-vous présenter un candidat ?

Nous n’avions rien décidé encore au niveau du parti lorsque subitement, le mercredi 7 octobre au matin, nous avons vu un communiqué de la Direction Générale des Elections, daté du 1er octobre, demandant aux éventuels candidats à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025 (partis politiques et candidats indépendants) de déposer le 9 octobre au plus tard un courrier d’engagement de candidature et de désignation de représentant à des commissions techniques. Mais de façon incroyable, à cette date, le Code électoral n’était toujours pas publié, alors que ce texte qui, normalement est un préalable à tout le processus, n’a été rendu public que le 14 octobre 2025 ! Dans l’urgence et sachant que le président du parti remplit les conditions fixées par les textes pour être candidat, nous avons déposé le courrier demandé. Nous avons précisé dans notre lettre de candidature que ce choix devait être validé le moment venu par les instances statutaires du parti. Nous nous sommes posés la question de savoir pourquoi cette précipitation et ce timing anormal?

Qui portera les couleurs de l’UFD lors de cette échéance ?

La candidature à l’investiture du parti est ouverte à tout militant et à toute militante qui serait intéressé. Le choix est libre, en conformité avec les textes du parti et notamment la Charte de l’Élu. Moi-même je suis candidat car, à mon humble avis je remplis toutes les conditions basiques requises : conformité avec les textes légaux et statutaires, excellente condition physique et mentale, grâce à Dieu.

Pensez-vous que l’organisation annoncée par la Direction Générale des Élections (DGE) est de nature à rassurer les acteurs politiques ?

Depuis la dissolution de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) et l’annonce de la reprise en main de l’organisation des élections par le Ministère de l’Administration Territoriale, nous n’avons pas manqué de donner notre position sur cette question fondamentale pour la démocratie et l’Etat de droit. La CENI depuis longtemps avait cessé d’être un organe indépendant et crédible. Au contraire, c’était un simple instrument de fraude électorale au profit du pouvoir établi et d’enrichissement pour certains. Rappelez-vous des procès-verbaux écrits au crayon aux élections législatives de 2020 ! De plus, la CENI était devenue un énorme gouffre financier qui coûtait des centaines de milliards au pays, en pure perte. Dans les conditions ordinaires, avec l’existence d’un véritable Etat de droit et un organe judiciaire indépendant, le ministère de tutelle aurait pu organiser les élections. Malheureusement, nous sommes obligés de constater que la DGE est un organe partisan. Il est dans ces conditions impossible d’avoir des élections libres, honnêtes et transparentes permettant au peuple de Guinée de faire valoir sa souveraineté. Nous avons hélas vu comment le référendum du 21 septembre s’est passé.

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L’absence probable de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) représente-t-elle, selon vous, une opportunité à exploiter dans ses fiefs traditionnels ?

Pour commencer, rappelez-vous qu’il y a beaucoup d’autres candidats originaires du Fouta et qui eux aussi, peuvent prétendre « récupérer » les voix de l’UFDG. Mais je puis vous assurer que tel n’est pas notre calcul. Depuis toujours, nous avons eu des électeurs d’autres contrées et régions en Guinée au point que leur nombre dépasse ceux obtenus d’électeurs de notre région. Et justement, notre lutte, c’est de sortir définitivement la Guinée du communautarisme, en mettant en place un système institutionnel voué avant tout aux intérêts et préoccupations de la majorité de la population, toutes régions confondues. Nous devons sortir de ce système arriéré et sans avenir où les élections ne sont qu’un recensement ethnique. Le système bien connu chez nous, « deux contre deux », ou « trois contre un », a montré que telle n’était pas la solution pour le pays.

Je dois vous rappeler qu’en octobre 2020, à l’occasion de l’élection présidentielle, le pays était déjà au bord de la guerre civile. La Guinée n’est hélas pas le seul pays d’Afrique à être confronté à ces déchirements des communautés ayant pourtant une destinée commune, mais chacune cherchant à dominer les autres. En résolvant correctement cette équation, nous donnerons un bel exemple à d’autres peuples africains actuellement déchirés par des guerres civiles meurtrières.

Si vous êtes candidat, sur quels atouts comptez-vous vous appuyer pour espérer remporter le scrutin ?

Certains peuvent penser que nous entrons déjà en campagne électorale, c’est-à-dire selon l’acceptation publique, les mensonges et les affabulations ! L’identité de notre candidat n’est pas encore connue. Mais je vais vous dire ce qui est la stricte vérité, vérifiable par tous. Notre plus grand atout, c’est la crédibilité, acquise au bout de près de 60 ans de militantisme, dont 35 à l’intérieur de la Guinée. Comme on dit, vous pouvez tromper le peuple pour un temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le peuple, tout le temps. Tout le monde – amis et adversaires – sait que nous sommes constants dans le respect de la parole donnée et de nos engagements.

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Nous essayons d’être honnêtes dans tout ce que nous faisons. Nous avons certes nos convictions, mais sommes restés ouverts, sans sectarisme, prêts à travailler avec les autres acteurs politiques, tant qu’ils se montreront sincères. Dans nos principes, tout en montrant la voie au plan théorique, par des propositions de solutions à tous les problèmes du pays, nous sommes restés attachés à la réalisation d’actes concrets, palpables, sans se contenter seulement de beaux discours et de promesses. Tout le monde sait que dans toutes nos activités politiques, nous nous sacrifions pour le bien du peuple et non pour nous-mêmes.

Plus important encore, grâce à notre culture panafricaine et notre amour pour tous les peuples d’Afrique noire, nous avons réussi à nous soustraire à la tentation ethniciste ou communautariste. Nous sommes chez nous dans n’importe quelle localité de Guinée et même en Afrique noire. Nous aimons et respectons profondément l’Afrique et sa civilisation.

Pour finir, je dois vous dire que nous avons une connaissance approfondie de l’histoire de la Guinée depuis la colonisation française. Nous connaissons pratiquement tout le personnel politique de ce pays et pouvons travailler avec le plus grand nombre d’entre eux. En tant que premier expert-comptable diplômé de la Guinée (novembre 1973), ayant une grande expérience dans la gestion aussi bien des entreprises que de l’État moderne, nous sommes en mesure d’aider notre pays à sortir du sous-développement et de la misère.

Grâce à notre expérience acquise sur le terrain en Guinée depuis 1984, avec de nombreux projets, nous avons une connaissance précise des problèmes qui bloquent l’agriculture, l’élevage, l’environnement, la santé, les infrastructures, l’urbanisation, etc. Mieux encore, nous avons avec nous des cadres politiques et techniques de valeur pour réaliser nos objectifs. Ils sont compétents, patriotes engagés et intègres. Notre défi sera d’expliquer tout ceci au peuple afin de le convaincre que nous sommes le bon choix pour lui et notre pays. Ceci dit, il est capital pour l’avenir de notre pays, que nos populations cessent de croire en « Un homme providentiel » qui va venir, comme par magie, leur apporter le progrès, le bonheur et la solution à tous leurs problèmes d’existence.

Les citoyens doivent tous s’engager ensemble à œuvrer pour sortir nos pays de cette catastrophe qui n’a que trop duré. La main dans la main, nous devons ensemble appliquer complètement la devise en or de la Guinée indépendante : Travail – Justice – Solidarité.

Source: Africaguinee

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