
Fête de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire : Le Général Mamadi Doumbouya Attendu à Bouaké pour le 65e Anniversaire
La Côte d’Ivoire s’apprête à célébrer avec faste, le 7 août 2025, le 65e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale. Cette année, les festivités, qui se dérouleront à Bouaké, deuxième plus grande ville du pays, revêtent une importance particulière à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. Parmi les invités de marque attendus pour le défilé militaire, le Général Mamadi Doumbouya, président de la Transition en Guinée, figure en bonne place, aux côtés d’autres chefs d’État de la sous-région. Voici une analyse détaillée de cet événement et de ses implications, dans un contexte régional et politique marqué par des dynamiques complexes.
Une célébration sous le signe de la puissance et de la diplomatie
La fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, célébrée chaque année le 7 août, est bien plus qu’une simple commémoration historique. En 2025, elle s’inscrit dans un contexte stratégique, à la fois politique et diplomatique, alors que le président Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, prépare le terrain pour une possible candidature à un quatrième mandat. Le choix de Bouaké comme ville hôte des festivités n’est pas anodin. Deuxième ville du pays et fief électoral clé, Bouaké symbolise l’engagement du gouvernement ivoirien pour une inclusion régionale et une consolidation de son influence dans cette zone politiquement stratégique.
Le thème retenu pour cette 65e édition, « Les Forces de Défense et de Sécurité, gardiennes de la paix et de l’espérance », met en avant le rôle central des forces armées dans la stabilité du pays. Le Général de corps d’armée Lassina Doumbia, Chef d’État-Major Général des Armées, a détaillé les préparatifs lors d’une conférence de presse le 1er août 2025 à Abidjan. Selon lui, la célébration comprendra une retraite aux flambeaux, un défilé pédestre mobilisant 3 000 participants, et une fresque culturelle, une innovation visant à valoriser le patrimoine ivoirien. Des représentants militaires de pays partenaires, notamment la France, les États-Unis et le Maroc, participeront également au défilé, renforçant la dimension internationale de l’événement.
Une présence régionale de haut niveau
Selon des informations relayées par des sources fiables, le président Alassane Ouattara a convié plusieurs chefs d’État africains pour rehausser l’éclat des célébrations. Parmi eux, le Général Mamadi Doumbouya, président de la Transition guinéenne, serait attendu à Bouaké, aux côtés de Brice Clotaire Oligui Nguema, président du Gabon, et de John Dramani Mahama, président du Ghana. Cette invitation s’inscrit dans une volonté de renforcer les liens entre la Côte d’Ivoire et ses voisins, dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires et des transitions politiques.
Cependant, à la date du 5 août 2025, la présidence guinéenne n’a pas encore confirmé officiellement la participation de Mamadi Doumbouya. Cette absence de communication publique pourrait refléter une prudence diplomatique, compte tenu des tensions internes en Guinée et des enjeux électoraux à venir dans les deux pays. En effet, la Guinée se prépare à un référendum constitutionnel le 21 septembre 2025, suivi d’élections présidentielle et législatives en décembre, des échéances cruciales pour la fin de la transition militaire initiée par le coup d’État de septembre 2021.
Mamadi Doumbouya : Une figure centrale dans la sous-région
Le Général Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir en Guinée après avoir renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021, est une figure controversée mais incontournable en Afrique de l’Ouest. Ancien légionnaire français et commandant du Groupement des Forces Spéciales, il s’est imposé comme un acteur clé dans la politique régionale. Sa présence à Bouaké, si elle se confirme, marquerait une nouvelle étape dans le renforcement des relations entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, deux pays partageant une frontière commune et des intérêts économiques croissants, notamment à travers des projets comme le chemin de fer reliant San Pedro à Conakry.
Cette visite serait la deuxième de Doumbouya en Côte d’Ivoire depuis son arrivée au pouvoir. En juin 2025, il s’était rendu à Abidjan pour une visite officielle de deux jours, marquée par des discussions sur la stabilité politique et la coopération bilatérale. Lors de cette rencontre, Doumbouya avait vanté « la stabilité politique comme pierre angulaire du développement durable », tout en saluant le « parcours exceptionnel » d’Alassane Ouattara. Ce dernier avait, de son côté, exprimé son souhait de voir des « élections apaisées » en Guinée, tout en soulignant l’importance de l’assistance régionale face aux défis sécuritaires, notamment dans le Sahel.
Un contexte politique sensible
La participation potentielle de Mamadi Doumbouya à la fête de l’indépendance ivoirienne intervient dans un contexte politique délicat pour les deux pays. En Côte d’Ivoire, la proximité de l’élection présidentielle d’octobre 2025 confère à cet événement une dimension stratégique. Alassane Ouattara, qui a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat, cherche à consolider son image de garant de la stabilité et de la sécurité. Le défilé militaire, mettant en avant les capacités des forces armées ivoiriennes et la présence de partenaires internationaux, vise à rassurer la population et à affirmer la puissance de l’État. En Guinée, Mamadi Doumbouya est confronté à des critiques croissantes concernant la gestion de la transition.
Malgré sa promesse initiale de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, plusieurs membres de son entourage ont publiquement soutenu une éventuelle candidature, suscitant des accusations de dérive autoritaire. La présentation, en juillet 2025, d’un projet de nouvelle Constitution, qui allonge le mandat présidentiel de cinq à sept ans et pourrait supprimer la limitation des mandats, a renforcé ces inquiétudes. De plus, la disparition de figures de l’opposition, comme Foniké Menguè et Billo Bah, ainsi que des restrictions sur les libertés de la presse et de manifestation, ont terni l’image de la junte à l’international.
Une vitrine pour la coopération régionale
La présence de chefs d’État comme Doumbouya, Oligui Nguema et Mahama à Bouaké témoigne de l’importance accordée par la Côte d’Ivoire à la coopération régionale. Alors que l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, s’éloigne de la CEDEAO, la Guinée a choisi de rester dans le giron de l’organisation ouest-africaine. Cette position, combinée à l’ouverture diplomatique de Doumbouya, contraste avec l’isolement relatif des juntes sahéliennes et pourrait faciliter des partenariats économiques et sécuritaires avec la Côte d’Ivoire.
Le projet de chemin de fer San Pedro-Conakry, évoqué lors de la visite de Doumbouya à Abidjan en juin, illustre cette volonté de renforcer les échanges commerciaux, estimés à environ 152 millions d’euros. De plus, la participation de la Côte d’Ivoire comme pays invité d’honneur à la 85e édition de la Grande Mamaya à Kankan, en juin 2025, a marqué un jalon culturel dans les relations bilatérales, avec la présence de la ministre ivoirienne Nasseneba Touré.
Défis et perspectives
Si la participation de Mamadi Doumbouya se confirme, elle offrira une occasion de consolider les liens entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, tout en envoyant un message de solidarité régionale. Cependant, plusieurs défis pourraient influencer le déroulement des festivités. La météo, notamment un plafond bas à Bouaké, pourrait compromettre certaines activités, comme le saut en parachute envisagé pour le défilé. Par ailleurs, l’absence de confirmation officielle de la présidence guinéenne laisse planer un doute sur la présence de Doumbouya, peut-être en raison des tensions internes liées à la transition.
Pour la Côte d’Ivoire, cet événement est une opportunité de démontrer sa stabilité et son rayonnement diplomatique, tout en mobilisant ses ressources pour impressionner à la fois son public national et ses partenaires internationaux. Pour la Guinée, la participation de Doumbouya à Bouaké pourrait renforcer sa légitimité sur la scène régionale, à un moment où son leadership est scruté de près.
Un événement à suivre
À quelques jours du 7 août 2025, tous les yeux sont tournés vers Bouaké, où la Côte d’Ivoire s’apprête à célébrer son indépendance avec une démonstration de force et d’unité. La présence potentielle du Général Mamadi Doumbouya, aux côtés d’autres chefs d’État, ajouterait une dimension symbolique à cet événement, illustrant les dynamiques complexes de la diplomatie ouest-africaine. Alors que la région fait face à des défis sécuritaires et politiques, cette rencontre pourrait poser les bases de nouvelles coopérations, tout en offrant un moment de communion autour des idéaux d’indépendance et de souveraineté. Les prochains jours apporteront des éclaircissements sur la participation guinéenne et les messages qui émergeront de cette célébration.