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Madina Daff :  » le 8 mars ne doit pas être une fête de célébration mais une fête de plaidoyer et de diagnostic »

Pour cette importante figure féminine guinéenne, les autorités doivent fournir beaucoup d’efforts pour l’émancipation et l’autonomisation des femmes. Selon Madina Daff, l’ère n’est plus au discours mais aux actes posés.

A l’occasion de la journée internationale du 8 mars nous l’avons interrogé. A coeur ouvert, elle a donné son avis sur la situation de la femme guinéenne. Lisez.

Aminata.com : l’humanité célèbre le 8 mars, la journée internationale de la femme, alors à l’occasion de cette journée, selon vous quels sont les défis qui attendent les femmes du monde plus particulièrement celle de la Guinée ?

Madina Daff : je vous remercie  de l’opportunité que vous me donnez en ma qualité de l’ancienne présidente des femmes de l’Union nationale pour le renouveau (UNR). Donc, une femme qui est au milieu des femmes est mieux placée de connaitre les défis, les problèmes avant de lancer ce message, je souhaiterai d’abord, planter le décor sur les défis qui attendent les femmes et sur la stratégie que les femmes elles-mêmes doivent faire  mettre en œuvre pour relever ce défi. Car cela ne tient, je voudrai adresser un message de paix. La femme d’abord, c’est la maman, une femme qui est mère, elle solutionne les problèmes dans le cadre de la paix. Donc, c’est un message de paix, de soutien, de fraternité que j’adresse à l’ensemble des femmes du monde et particulièrement à la femme guinéenne.

Les défis sont énormes et malheureusement nous sommes en train de se faire du mal nous-même parce que la fête internationale de la femme ne doit pas être une fête de la célébration. C’est une fête de plaidoyer, une fête de diagnostic, une fête de concertation pour voir là où ça marchait, là où ça n’a pas marché  et qu’est-ce qu’il faut pour que ça marche et pourquoi ça n’a pas marché dans certains domaines donnés parce que si vous voyez le gouvernement actuel, bien que le professeur ait dédié son mandat aux femmes et aux jeunes est-ce que vous voyez des femmes à la prise de décision de ce pays ? C’est très peu et quand on pense que 52% de cette population est féminine et qu’on n’a pas 10 ministres féminins au sein du gouvernement, c’est que ça ne va pas encore. C’est que quelque part, il y a l’organisation au sein de la couche féminine, les stratégies au sein de la couche féminine qui fait défaut ? Donc, ça revient à la couche féminine de se retrouver et de voir comment attendre ses objectifs. Ça c’est d’un côté.

Parlons de l’autonomisation de la femme, autonomisation de la femme n’est qu’un vain mot, c’est le socle même de la vie parce que quand une femme est autonome, elle s’occupe réellement de la famille. Voilà pourquoi le président de la République a pensé qu’il fallait mettre les femmes au niveau des directions administratives des différents départements parce qu’une femme quand elle détourne, c’est pour la marmite et donc pour la marmite n’empêche pas le développement quel que soit le degré de détournement. Donc, nous voulons que puisse qu’il a conscience que ces femmes peuvent être aux directions financières pourquoi pas au niveau des prises de décision pour essayer de changer les mentalités. Donc moi à mon humble avis, je pense que nous devons revoir notre façon de faire. Les femmes intellectuelles de ce pays doivent se retrouver et laisser les parties prises, laisser les états d’âmes et sans passion et poser un diagnostic  concret parce que sans pouvoir diagnostiqué le problème aussi, on ne trouve pas de solution.

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Vous parlez tant tôt du choix des femmes au niveau des postes de prise de décision et depuis des années vous faites des plaidoyers pour que les femmes soient désignées à des postes de prise de décision, mais cela n’arrive pas à se réaliser, selon vous qu’est ce qui se passe à ce niveau parce d’aucuns pensent que c’est parce que les femmes sont très peu formées, est ce que c’est le même constat chez vous ?

C’est une réalité, c’est pourquoi je vous disais que j’ai suivi, j’ai été invitée quelque part en Afrique, notamment au Rwanda par une dame qui est en train d’œuvrer dans le cadre de la paix depuis au temps du génocide et qui continue aujourd’hui et qui est une dame très mure. Elle a mis un système, elle a été aidée par d’autres femmes qui participent à la formation des femmes qui veulent être dans la politique, qui participent à leur formation et qui cotisent les cotisations au niveau des différentes femmes intellectuelles. C’est pour aider ces femmes qui n’ont pas de niveau  et qui doivent accéder aux prises de décision, une formation adéquate mais ici c’est dommage, entre femme, on ne s’entraide pas. La couche intellectuelle qui est là est très minime par rapport à la population féminine parce que sur 52% de la population guinéenne, elle est féminine et vous ne verrez pas 10% formées. Donc, c’est un problème de formation qui est là. C’est réellement un problème de niveau, c’est pourquoi, il y a des problèmes au niveau des stratégies mises en place pour accéder à ces prises de décision. C’est toujours les mêmes personnes qui tournent autour  de ces postes de décision parce que ce sont ces mêmes personnes qui sont formées. On n’a pas pensé à la relève.

Madina Daff dans son champ
Madina Daff dans son champ

Madame à l’occasion de cette journée, l’on se rappelle des efforts fournis  par ce gouvernement depuis 2010, pour l’autonomisation des femmes, notamment je veux parler de la mise en place des MIFA, est-ce qu’aujourd’hui près de dix ans après vous êtes satisfaites dans l’ensemble de ces efforts fournis pour votre autonomisation ?

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Il faut toujours un départ pour tout, le gouvernement a manifesté sa volonté politique d’autonomiser les femmes mais le système mis en place pour automatisation de ces femmes, ce n’est pas un système qui s’adapte au cas guinéen. C’est un système importé d’ailleurs mais qui devait être étudié, élaboré et mis en place en parfaite conformité avec la réalité guinéenne, vu le niveau bas de la guinéenne, vu le nombre de femmes guinéennes intellectuelles, on devait revoir le système. Ce n’est pas la volonté politique qui a manqué mais c’est le système qui n’est pas conforme à la réalité guinéenne. Donc, le département de l’action sociale, devait revoir ce système pour l’adapter au cas guinéen. C’est surtout ça, ça n’engage que ma façon de voir les choses et je suis sur le terrain avec les femmes. Je vous dis que moi en tant qu’ancienne présidente nationale des femmes de l’UNR, maintenant, membre du RPG arc-en-ciel, nous avons entamé au sein du  l’UNR d’alors des formations dans le cadre de l’autonomisation des femmes et dans le cadre de les octroyer de petits prêts pour voir comment elles peuvent évoluer. Le constat de ça, c’est la formation qui manque et l’encadrement qui manque, suivi et évaluation qui n’est pas mise en place par les structures prestataires d’argent pour amener ces femmes à rentabiliser leur prêt.

Vous venez de citer un certain nombre de problèmes qui freine l’épanouissement de la femme, alors quel est votre message particulier et l’endroit des femmes mais aussi à l’endroit  des autorités, des décideurs de notre pays ?

A l’endroit des femmes, je pense que les femmes ont manifesté leur volonté parce qu’à chaque fois que l’Etat a mis un système sur place, l’Etat est accompagné par les femmes dans le système. C’est à l’Etat qui revient maintenant le droit de voir comment réadapter ce système, comment réorganiser ce système. Pour les femmes, je ne dirai aux femmes que bravo. La guinéenne est très belle. C’est la troisième beauté mondiale féminine. Mais est-ce que la guinéenne a le temps de montrer sa beauté féminine ? Non, vous regardez dans les rues aujourd’hui, il y a tellement de prostitution des jeunes filles. Quand tu les vois, tu te demandes pourquoi elles sont dans la rue ? La pauvreté de la femme détruit une nation. L’analphabétisme de la femme détruit une nation parce que la femme est le socle de la société, c’est le baromètre de la société.

Entretien réalisé par Aly Sylla

 

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