Le Haut Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH) et la République de Guinée ont célébré ce lundi, 09 décembre 2019 à Conakry, le 71ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sous le thème « Les jeunes, Défendez les Droits de l’Homme ».
Cette cérémonie a connu la présence du premier ministre guinéen, des membres du gouvernement, de diplomates accrédités en Guinée, des organisations de défense des droits humains etc.
Prenant la parole, Patrice Vahard, représentant du HCDH en Guinée, a dit que les décideurs de ce monde ont une dette insolvable à l’endroit de tous ces millions d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes qui se sont mobilisés et qui ont haussé le ton pour que des mesures immédiates soient prises pour lutter contre la crise écologique et environnementale qui frappe aujourd’hui notre planète.
Selon lui, à juste titre, les jeunes de ce monde témoignent que leur avenir est en jeu et l’avenir de tous ceux et toutes celles qui ne sont pas encore nés.
« Car, ce sont eux qui devraient subir toutes les conséquences des actions ou de l’inaction des générations les plus âgées qui dirigent actuellement les gouvernements et les entreprises, des décideurs dont dépend l’avenir des pays, des régions et de la planète dans son ensemble. Il ne faut pas laisser les jeunes seuls faire face à l’urgence climatique et aux nombreuses autres crises des droits de l’homme qui provoquent actuellement les turbulences simultanées tant dans les pays qu’à travers le monde. Nous devons donc tous agir ensemble et de façon solidaire en concordance avec nos principes et l’urgence du moment », a-t-il ajouté.
Et Patrice Vahard de poursuivre: « Nous pouvons et devons défendre les principes universels des droits de l’homme, soigneusement élaborés qui vont dans le sens de la paix, dans le sens de la justice et du développement durable ».
De son côté, Abdoul Gadiri Diallo, président de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) et porte-parole de circonstance des organisations de défense des droits humains a dénoncé entre autres, la cristallisation du débat autour du changement de la Constitution qui a engendré des manifestations ayant entraîné au moins 20 morts, de nombreux blessés, des arrestations et des dégâts matériels; La publication du décret convoquant les électeurs pour des législatives le 16 février 2020, maintes fois reportées, une date contestée par une partie de l’opposition qui dénonce une fuite en avant au motif que le fichier électoral n’est toujours pas assaini; Le faible engagement des autorités à mener des enquêtes pour faire la lumière sur les violences qui ont caractérisé les dernières manifestations organisées par le Front pour la Défense de la Constitution (FNDC); Le retard accusé dans l’organisation du procès portant sur le dossier du 28 septembre 2009 alors que l’instruction est close depuis décembre 2017; La lenteur dans le processus de réconciliation nationale alors que le rapport sur les consultations de la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation nationale (CPRN) a été remis au président de la République depuis juin 2016; Une situation carcérale caractérisée par les mauvaises conditions de détention dans les maisons centrales et d’arrêt dues à la surpopulation carcérale entraînant des décès et des maladies; L’existence d’un projet de loi sur les associations qui contient des dispositions portant gravement atteinte aux fondements de la liberté d’association et constituant un recul; La suspension de fait de la délivrance des agréments aux ONG et associations qui en expriment le besoin; Les violations et atteintes à la liberté d’expression et d’opinion se traduisant par des attaques de journalistes, des fermetures de radios, des menaces, harcèlements et intimidations à l’endroit des hommes de médias dans l’exercice de leurs fonctions ; la crise de confiances entre le gouvernement et les partis politiques de l’opposition.
Par ailleurs, il a salué quelques avancés, notamment l’adoption par l’Assemblée nationale des codes civils et de l’enfant révisés, de l’adoption par le gouvernement d’une politique nationale en matière des Droits de l’Homme et d’une stratégie nationale de prévention des conflits, de la nomination des juges d’application des peines.
Dans son discours, le Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana, a fait savoir que sur le plan institutionnel, toutes les institutions nécessaires au bon fonctionnement d’un État de droit ont été mises en place par le régime actuel.
Avant de terminer, il rassure que le gouvernement reste engagé, résolu dans la mise en œuvre des recommandations de l’examen périodique universel, dans le traitement du dossier des évènements du 28 septembre 2009 en vue de la tenue effective du procès dès 2020, dans les enquêtes relatives aux pertes en vies humaines et autres incidents survenus lors des récentes manifestations à Conakry et dans différentes villes de l’intérieur du pays et par ailleurs dans la promotion de l’exercice des libertés publiques.
Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com
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