
En ce qui concerne le contrat du Port Autonome de Conakry (PAC), le ministre des transports s’est exprimé lors de sa conférence de presse et a donné le point de vue du gouvernement. Je retiens de cette conférence, que la concession du port de Conakry a été attribuée une fois de plus sans aucun appel d’offre et sans qu’aucun audit n’ai été réalisé pour connaître la valeur du port, les investissements à consacrer à la modernisation et aux équipements du port.
De même, le sort des compagnies privées et des travailleurs du port ont apparemment été complètement occultés. Si l’on en juge d’après la violence des réactions, les décisions ont été prises de manière unilatérale sans consultation préalable des autorités portuaires. Cet acte ainsi posé démontre à quel point notre pays est malade : malade de la gestion catastrophique des entreprises publiques, de la gestion du pays.
Le Port Autonome de Conakry étant un service stratégique lié à la souveraineté du pays, pourquoi le Ministère des transports n’a-t-il pas soumis le dossier de concession du port à l’assemblée Nationale ? Et les députés, pourquoi sont-ils restés silencieux devant le bradage de cette concession ? Les députés ne sont-ils pas élus pour défendre les intérêts de la nation et du peuple ? Il me semble que l’assemblée nationale serait dans son rôle en convoquant une session extraordinaire pour ouvrir une enquête parlementaire et annuler ce contrat.
Je peux comprendre que le gouvernement souhaite moderniser le port de Conakry, et recherche des partenaires privés. Cependant , cette façon de fonctionner démontre soit une méconnaissance des procédures d’octroi d’une concession portuaire, soit un mépris du respect des règles internationales de passation des marchés publiques qui exige des appels d’offre internationaux , transparents et basés sur un ensemble clairement définis d’objectifs cibles de critères et résultats quantifiables.Ce genre de contrat ne peut en aucun cas être attribué de gré à gré dans tout état démocratique qui respecte les conventions internationales.
Le respect des actes signés par l’état est impératif pour créer un environnement propice et libéral et susciter le développement d’un partenariat avec le secteur privé dans les opérations et investissements.
Il est évident qu’une plus grande participation du secteur privé dans les opérations doit être recherchée à travers des contrats de location et de concession mais l’attribution des contrats de location ou de concession doit être soumise à appel d’offres.
Comme la plupart des États Africain, l’Etat Guinéen, n’a pas les moyens financiers, technologiques et les connaissances appropriées pour moderniser et rendre performants le système de transport national. Les transports maritimes nécessitent d’importants capitaux, ils sont de plus en plus exigeants du point de vue technique et soumis à d’importantes réformes de la réglementation internationale.
Pour soutenir le développement économique, la Guinée doit être en mesure de proposer des plateformes maritimes compétitives et attractives en modernisant les infrastructures portuaires, en augmentant les volumes de conteneurisation et de transbordement.
Mais si le développement des infrastructures est crucial, c’est l’optimisation du mode de gestion et de gouvernance du port qui constituent l’enjeu majeur du port de Conakry.
Par ailleurs, les clients du port de Conakry se plaignent souvent de l’irrégularité, du manque de fiabilité des services et des blocages des activités en raison de la fréquence des encombrements et des tracasseries administratives. Pour améliorer la gestion du port et éviter les conflits, les réformes portuaires devraient inclure une coopération entre tous les acteurs : ministères concernés, partenaires privés et publics, travailleurs du port et un accès à toute la documentation nécessaire.
L’amélioration de la gestion des ports est un préalable à la poursuite du développement du secteur des transports maritimes en Guinée. Pour les compagnies maritimes, le temps de séjour à quai est devenu de plus en plus un facteur de décision d’accoster dans un port.
Aussi longtemps que la densité du trafic ne s’améliorera pas pour atteindre un certain seuil, les tarifs du transport maritime resteront élevés et, par conséquent, constitueront une source de difficultés pour les importateurs et les exportateurs Guinéens et ceux de la sous-région et contribueront à limiter la compétitivité de notre économie.
Marie Madeleine Dioubaté, présidente du parti de Rassemblement pour la Paix et le Développement (RPD)