
Lucien Bendou Guilao ancien joueur du Syli national de Guinée, ancien ministre, actuel directeur général de l’Office national de perfectionnement professionnel et membre du comité de soutien du Syli national a accordé une interview à la rédaction de votre quotidien en ligne Aminata.com.
Il a parlé entre autres, de l’échec du Syli à la 32e édition de la coupe d’Afrique des nations (CAN), de l’audit demandé par le premier, des fonds mobilisés par le comité de soutien, de ses ambitions pour le football guinéen, de la disqualification du Syli national cadet de la coupe du monde de sa catégorie au Brésil en octobre prochain.
Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.
Aminata.com: Comment peut-on expliquer l’échec du Syli national de Guinée à la 32e édition de la coupe d’Afrique des nations (CAN) Égypte 2019?
Lucien Guilao: pour ce qui est des explications conjoncturelles, il n’y a que ceux qui ont participé et étaient avec les joueurs qui peuvent nous donner des pistes d’explication. Je pense que ce sont des éléments conjoncturels liés à la préparation, au choix des joueurs, liés à l’attitude des joueurs sur le terrain, liés à l’attitude du sélectionneur. En tant qu’observateur, j’ai constaté que nos joueurs ont manqué d’engagement, de technicité, de discipline sur le terrain et en dehors du terrain. On a senti un entraîneur très sensible à ce qui se passe à l’extérieur du terrain. Il n’avait pas la maîtrise de son groupe, de son environnement. On a senti cela sur son visage. C’est pourquoi il nous a proposé quatre équipes durant le tournoi en quatre matchs. C’est la preuve que c’est un entraîneur qui ne maîtrisait son sujet. Les raisons peuvent être multiples, soit il était incompétent, soit il a été influencé par les réseaux sociaux, le public guinéen, les supporters, les membres de la fédération guinéenne de football ou par les membres du ministère des sports. Ce sont mes impressions. Ce qu’il faut dire, c’est que le football guinéen est à sa place. Tant qu’on ne fait pas un travail de fond, on ne peut pas avoir de bons résultats. Nous sommes en train de proposer des solutions conjoncturelles à un problème structurel. Le problème du football guinéen est plutôt structurel. On doit proposer des solutions structurelles. Apprendre à travailler dans le temps et dans la durée.
À cela s’ajoute la confirmation par la FIFA de la disqualification du Syli cadet de la coupe du monde de sa catégorie en octobre prochain.
C’est encore une plus grosse honte. Moi je considère ça plus grave que ce qui nous ai arrivé avec le Syli A en Égypte. Parce que là, on nous a pris, la main dans le sac. On a triché. Ça fait honte au pays. Cela salit l’image de la Guinée dans le monde entier. La question est de savoir, pourquoi on a pu falsifié l’âge de ces deux gamins qui devaient aller à la coupe d’Afrique et quel était le projet ? Aujourd’hui, moi je suis totalement désemparé et cela prouve que le football est pris à partie par la corruption. C’est très grave. On ne peut pas, pour une compétition des 17 ans réduire les âges pour faire plaisir à des familles qui sont venus demander à des entraîneurs ou des dirigeants pour que leurs enfants y participent coûte que coûte. Ça m’embête au plus haut point. Je suis déçu.
Certains pensent que le problème c’est Antonio Souare président de la FEGUIFOOT. Ils demandent son départ et la mise en place d’un comité de normalisation jusqu’à la tenue d’un nouvel congrès. Votre réaction ?
Le football guinéen n’est pas lié à une personne. Quand je parle de problème structurel, c’est un ensemble de comportement, d’organisation qui sont en jeu. Antonio seul ne pourra pas changer ce fait. Je ne sais pas qu’est ce qui motive leur demande. Est-ce que c’est parce que les résultats n’ont pas été bons cette année ? Il ne faut pas trop personnaliser à mon avis. Antonio sait ce qui s’est passé. Il a diligenté des enquêtes au sein de la fédération pour essayer de savoir ce qui s’est passé dans le cadre des U17. Pour ce qui s’est passé en Égypte, il était présent. Donc, il a toute les réponses. À lui de prendre les décisions afin que le football soit débarrassé des éléments nuisibles qui sont corrompus et des incompétents qui ne font que du mal à la FEGUIFOOT. Donc, la balle est dans son camp. Ceux qui parlent de comité de normalisation, pour moi, ce sont des procédés qui ne me plaisent pas personnellement. La démission est un fait individuel, personnel. La fédération est une association, donc, régie par des statuts. Le président et le vice-président sont élus. Seul le secrétaire général qui n’est pas élu. Il appartient à chacun d’eux, de prendre la décision de démissionner ou de ne pas démissionner sachant que les résultats n’ont pas été bons.
Le premier ministre Kassory Fofana demande un audit de la gestion financière de la participation Guinéenne à cette CAN. Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait normal quand on sait que des fonds publics ont été engagés pour des résultats que vous savez. Il a raison. C’est sa mission. C’est bien de demander comment les fonds que l’État a mis à la disposition de notre équipe nationale ont été utilisés. Et même si le Syli national était parti jusqu’en finale, un audit serait nécessaire.
Que sont devenus les fonds récoltés par le comité de soutien au Syli national ?
Ce comité était chargé de mobiliser des ressources pour venir en complément aux actions du gouvernement. À ce titre, il devait rapprocher les populations avant, pendant les matchs vers le Syli, faire en sorte que nous soyons en masse en Égypte, faire en sorte que les populations qui sont à Conakry puissent regarder les matchs sans problème. C’est ce que nous avons fait. Nous avons pu envoyer un groupe de supporters en Égypte, nous avons donné à des endroits des écrans géants, des groupes électrogènes, des kits de canal+, des maillots. Les fonds récoltés ont été utilisés de façon rationnelle. Un rapport financier va être fait par notre trésorier qui est le ministre du budget, donc un cadre de l’État. Le président du comité est le Général Mathurin Bangoura gouverneur de la ville de Conakry. De ce côté, moi je n’ai pas d’inquiétude parce que les fonds ont été utilisés à bon escient. Toutes les pièces justificatives sont disponibles.
Le comité a pu mobiliser combien ?
Je ne peux pas vous dire le montant exact. Mais, jusqu’à un certain moment, on était aux alentours de 7 milliards de francs guinéens.
En tant qu’ancien footballeur et connaisseur de cette discipline sportive, est-ce que vous êtes prêts à participer à sauver le football guinéen le cas où on solliciterait votre expertise ?
Je ne peux pas me positionner en qualité de sauveur. Ce qui m’intéresse, c’est participer à l’opération reconquête afin de qualifier la FEGUIFOOT en apportant mes compétences, mon envie et ma motivation de servir le football guinéen. Aujourd’hui, les populations sont beaucoup fâchées. Le niveau de la sélection nationale est très faible. Mon envie, c’est de participer à la nouvelle fédération ou au sein de la fédération actuelle pour cette opération de reconquête afin de redorer le blason de notre équipe nationale. À mon avis, ce qu’il faut faire, c’est un diagnostic pour pouvoir se projeter vers l’avenir à partir d’un plan stratégique.
Allez vous briguer la présidence de cette fédération ?
Pour être candidat à la présidence d’une telle instance, il faut analyser tous les paramètres, réunir tous les éléments, être sur le terrain. Comme on le dit, c’est le terrain qui commande. Ce qui reste clair, je suis ancien international de football, je connais bien le football , je suis haut cadre de l’État, j’ai la capacité intellectuelle qu’il faut. Maintenant, il faut que j’ai envie. Je pense que dans quelques années, lorsque tout sera réuni, je pourrai être candidat.
Qu’est-ce que vous avez à ajouter pour clôturer cet entretien ?
Je vais dire à tout le monde qu’en tant qu’ancien footballeur, en tant que haut cadre de l’État, en tant qu’ancien ministre, je suis disposé pour jouer un rôle au sein de la FEGUIFOOT afin de qualifier son action et reconquérir le cœur du public guinéen.
Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com
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