
La problématique des infrastructures en Guinée [Par Amadou Oury Diallo]
Ouf !!! Enfin !!! Des routes !!! Des routes en Guinée ??? Des routes pour nos véhicules !!! Des routes pour les Hommes !!!! Des routes pour traverser la Guinée !!!
Qui l’eut cru ????
La Guinée, mon pays, mon cher pays !!!
As-tu entendu ce que je viens d’entendre ?
As-tu lu ce que je viens de lire dans la presse ?
As-tu, toi aussi, lu ce que je viens de lire ???
As-tu lu cela avec tes propres yeux, tes yeux bouffis et fatigués par tant d’attente ??? As-tu lu avec tes yeux rougis par tant de somnolence à force de scruter l’horizon dans la recherche de réponses à tes nombreuses questions ???
As-tu enfin reçu un début de réponse à ces nombreuses questions que tu ne cesses de poser et de te poser depuis plus d’un demi-siècle ???
As-tu lu avec tes yeux de sage, yeux de celui/celle qui fait preuve de patience voire, de naïveté à force de gentillesse, de patience et de compréhension ??? As-tu, et je reviens à ma question, as-tu entendu la nouvelle ? Il parait que tu vas enfin avoir des routes !!! Que ton généreux corps va finalement être innervé de routes notamment dans sa partie « dorsale guinéenne » ?
Wow !!! me diras tu en me rappelant ces mots de Don Diègue dans le Cid de Corneille quand Don Diègue, père de Chimène se dit, dans son monologue qui suivit le soufflet qu’il reçut de Don Gomes « Ô rage, Ô désespoir, Ô vieille ennemie…. N’ai-je donc tant vécu … que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? … ». Non, Nous, dans la ferveur qui suit la réception de cette bonne nouvelle, nous dirions plutôt « Ô bonheur, Ô bel âge, Ô longueur du temps qui me permettent enfin, de voir et de savourer une réalisation qui me comblerait de bonheur et répondrait à certaines de mes attentes… !!!».
Voilà pour la première réaction pleine d’émotion qui a suivi la nouvelle de la réalisation prochaine en Guinée, de nouvelles infrastructures notamment, routières grâce aux financements négociés avec la Chine.
Il y a un an jour pour jour, je postais sur Facebook un papier qui posait un certain nombre de questions. Je relance le même papier que je poste à nouveau (un peu bonifié) parce qu’il reste encore d’actualité à mon avis.
Je disais alors, Chers Guinéens, nous venons de nous réveiller avec une nouvelle, une « fabuleuse nouvelle » s’il en est !!!! La nouvelle nous vient de l’empire du soleil levant, la CHINE. La nouvelle nous est donnée par ceux qui président aux destinées de notre pays. Que dit-elle ? Il parait que la Guinée, notre Guinée va enfin s’acheminer vers le développement et va connaitre le développement !!!! Mais, arrêtons-nous un peu et cherchons à voir derrière cette annonce, des éléments qui suggèrent de l’espoir ? La Guinée vient de négocier avec la Chine, un fonds de financement de l’ordre de 20 milliards USD pour, entre autres, réaliser des infrastructures de base qui nous manquent tant. Que de sourires, que de contentements, que de bonheur, mais aussi que d’appréhensions à la suite de cette annonce !!!
Et alors, permettez-moi de vous faire part de quelques questions que je me suis posées. On parle de 20 milliards USD CONTRE NOS RESSOURCES NATURELLES (c’est bien ce qui avait été dit). Ils ne nous disaient pas contre l’exploitation des gisements xxxx, situés à yyy. Ils disaient bien CONTRE NOS RESSOURCES NATURELLES. SVP, de quelles ressources naturelles parle-t-on ? De toutes nos ressources ? Pour quelle type d’exploitation ? Extraction brute, transformation ? A quel niveau de transformation ? Et où ? La Guinée détiendra-t-elle des parts ? Des privés guinéens prendront-ils des parts ??? Quand est ce qu’on commencera à appuyer et à promouvoir des privés guinéens au sein de groupes internationaux ? Que de questions nom de DIEU !!! Mais, allons plus loin et demandons-nous si cet accord dont on parle avec autant de plaisir et d’assurance est le fruit d’une vision de développement mûrement réfléchie ?
Il parait que l’élément phare des actions à développer est la route COYAH-MAMOU-DABOLA. Soit et BRAVO !!!! Mais SVP, arrêtons-nous à cette action phare. De Quelle type de route parle-t-on ? S’agit-il d’une autoroute ? De combien de voies serait-elle car, il s’agit bien de désengorger le trafic interne et fluidifier le transport des personnes et des biens ? Mais SVP, développer cette route jusqu’à Dabola résoudra-t-il le problème du désenclavement de la Guinée. Que nenni !!!!
Une route bien faite (et encore, faut-il qu’elle soit bien faite) jusqu’à Dabola résout-elle le problème du transport interne voire, la liaison avec le Mali que nous voulons attirer et fidéliser autour du port de Conakry ? Que nenni !!! Une route jusqu’à Dabola ne ferait que déplacer le problème voire, le compliquer. Et d’ailleurs quelle est la logique derrière le choix de s’arrêter à Dabola plutôt qu’ailleurs ? Existerait-t-il une raison économique qui justifierait un tel choix ? Je pose la question parce qu’en la matière, normalement, seules des arguments économiques clairement établis et exposés à la population et aux élus devraient justifier un choix final et définitif. Je ne pense pas que le projet de cette réalisation ait jamais fait l’objet de communication.
Mais imaginez un peu l’axe Coyah-Mamou-Dabola développé en autoroute (et encore faut-il que ce soit une autoroute !!!), que se passerait-il à partir de Dabola ? Comment les transporteurs (gros porteurs venant de Conakry) rejoindront-ils Kankan ou Faranah ? Ne me dites pas que les gros véhicules (de 60 tonnes et plus) arrivant facilement à Dabola, suite à l’amélioration du tronçon Coyah-Dabola emprunteront, pour continuer leur voyage, les pistes actuelles et leurs petits ponts ? Non !!! certainement pas !!! Linsan est là pour nous le rappeler !!! Aurons-nous alors résolu le problème ? Je me permets de dire que nous l’aurons plutôt compliqué !!!! Pour des raisons pratiques et économiques, cette route, à mon avis, pour être complète et efficace devrait être prolongée jusqu’à Kankan.
Alors pourquoi ne pas marquer un arrêt-vu que les promesses de financement sont acquises – et réaliser alors, par des cabinets compétents, des études techniquement et économiquement viables ; des études ambitieuses à la dimension de la vision Guinée 2040, pour inscrire les infrastructures à réaliser dans une logique de développement digne d’une GUINEE MODERNE ?
Pour ma part, pour le peu que je connais de la Guinée (et je vous assure que je la connais) notre pays s’organise économiquement autour de quatre axes majeurs ; axes qui obligent au développement correspondant de corridors de transport : (i) Conakry-Mamou-Dabola-Kankan (le Corridor Est ou Dorsale Guinéenne) ; (ii) Mamou-Faranah-Kissidougou-Guéckédou-Macenta-Nzérékoré (le Corridor Sud) ; (iii) Mamou-Labé-Gaoual-Koundara (le Corridor Nord) et (iv) Conakry-Boffa-Boké (le Corridor du Littoral). Réfléchir le désenclavement de la Guinée sans aborder la question de cette manière relèverait à mon avis, d’une approche incomplète. Il est certain que l’axe Conakry-Dabola appelle une construction urgente et moderne, je ne parle pas de bouchage de trous ou de travaux de rattrapage, mais d’une route moderne à l’image de ce qui se fait ailleurs.
Chers amis, moderniser la dorsale guinéenne permettrait de relier et développer les échanges entre trois régions de ce pays et pas des moindres (Basse Guinée, Moyenne Guinée et Haute Guinée) d’une part, et d’ouvrir davantage la Guinée aux échanges avec le Mali, d’autre part. Nous tirerions de multiples retombées économiques d’une telle réalisation grâce à l’exploitation plus intense et efficace de notre port par la fourniture de services concurrentiels à nos frères maliens.
La modernisation du Corridor Sud permettrait de relier l’ensemble de la Guinée au poumon agricole de la Guinée car, personne n’ignore ce que représente la Guinée Forestière pour l’économie du pays.
Le Corridor Nord quant à lui, outre la connexion fluide qui s’établirait entre la Basse Guinée et la région entreprenante de la Moyenne Guinée, faciliterait les échanges avec nos voisins du Nord notamment avec le Sénégal.
Le Corridor du Littoral qui traverse une zone en plein développement minier favoriserait des échanges dynamiques et le développement de métiers au niveau de cette région.
Les nouvelles et les informations distillées par les médias nous disent que les travaux sur l’axe Coyah-Mamou- Dabola démarreront très bientôt.
Mais, les quelques informations publiées renvoient à des interrogations préoccupantes. Il semblerait que la route serait, pour l’essentiel, rebâtie sur l’ancien tracé, c’est-à-dire le tracé colonial (car, il n’y a rien eu de nouveau depuis) avec une largeur de 7 m et 1,5 m d’accotement. Aura-t-on attendu 60 ans, avec une manne financière de 20 milliards USD pour encore reconstruire une petite route sur la Nationale 1. Ne pourrions-nous pas faire comme nos voisins qui font dans le grand, dans le solide, dans le moderne et dans le beau ? A quand notre première autoroute interurbaine ? Alors, SVP ne nous précipitons pas pour faire un travail incomplet et coûteux qui serait à reprendre dans un délai très court. Le rythme et le taux d’accroissement de notre parc automobile (en nombre et envergure) le commandent.
Les routes à réaliser sur ces différents corridors devraient, à mon avis, être à tout le moins des routes à 2 x 2 voies si ce n’est plus. L’axe Conakry-Coyah-Mamou devrait, elle, être de 2 x 3 voies et Mamou être le point d’éclatement à échangeurs conduisant vers Dabola, vers Faranah et vers Labé. Nous rentrerions ainsi de pleins pieds dans ce 21 ème siècle. Même si tous les 20 milliards USD n’étaient utilisés que pour développer ces axes routiers pour en faire des infrastructures modernes et pour finaliser les barrages hydro-électriques en cours, nous aurions fait œuvre utile. Nous aurions créé les indispensables bases matérielles d’un développement économique et social effectif.
Saviez-vous que parmi les 10 pays africains ayant les meilleures routes figurent le Sénégal (au 10ème rang et 71 ème au classement mondial), le Cap-vert (9ème et 66 ème au classement mondial), le Botswana (8 ème et 64 ème au classement mondial), le Kenya (7 ème et 61 ème au classement mondial), le Maroc (6ème et 55 ème au classement mondial), la Namibie (5 ème et 44 ème au classement mondial), la Côte d’Ivoire (4 ème et 42 ème au classement mondial), le Rwanda ( 3 ème et 31 ème au classement mondial), l’Afrique du Sud (2ème et 29 ème au classement mondial) et la Namibie (à la 1ère place et 23 ème au classement mondial) ?
Parcourez également un peu le monde et son histoire et posez-vous ces questions. Pourquoi parle-t-on encre des Pyramides d’Egypte, de la grande Muraille de Chine, de la Tour Effel, de la Statut de la Liberté de New York, du Colosse de Rhodes, du barrage d’Assouan, du Colisée de Rome, etc … On en parle parce que des Hommes, à un moment donné ont rêvé grand pour leurs pays, ont voulu hisser leurs pays au-dessus de la moyenne.
Alors, pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi chez eux et pas chez nous ? SVP, Chers guinéens, Chers Tous, ayons ce sursaut de bâtisseurs, lançons des grands travaux, des travaux complémentaires qui jetteraient finalement et à notre époque, la base du développement de ce pays. Pourquoi ne pas compléter les chantiers des barrages hydro-électriques par des grands travaux routiers ? Pourquoi ne pas nous fixer l’objectif de laisser derrière nous, comme le firent les grands bâtisseurs à travers le monde et à travers les temps, des œuvres qui parleront de nous lorsque nous ne serons plus là pour venter notre orgueil ? Ce serait cela aussi faire un bon travail. Ce serait cela aussi servir son pays ? Ce serait cela aussi être grand. Ce serait cela aussi être patriote.
Je souhaite donc que la réflexion soit élargie à un cadre intégré de développement, combinant plusieurs facteurs. Je souhaite que nous prenions le temps de bien réfléchir à une utilisation efficiente de nos 20 milliards afin de nous éviter un nouveau rendez-vous manqué.
Je souhaite que cette petite contribution ait un écho car, un pays ne vaut que par sa vision et par les actions entreprises pour concrétiser cette vision.
VOILA MON CRI DE CŒUR
Amadou Oury Diallo
Citoyen Guinéen
Ourydiallo87@yahoo.fr