
Kindy Dramé s’insurge contre la non-délivrance de carte d’identité : « les citoyens ne doivent pas être pris en otage à cause de l’humeur du chef »
Kindy Dramé est un jeune web entrepreneur, consultant en communication digitale et web activistes guinéen. Depuis quelques jours, il a lancé une offensive sur les réseaux sociaux pour dénoncer la non-délivrance de carte d’identité aux citoyens guinéens. Aujourd’hui, sa campagne mobilise une grande foule sur l’internet pour l’acquisition de ce «droit constitutionnel ». Lisez ce cri de cœur de ce jeune activiste.
Aminata.com : parlez-nous brièvement de votre engagement de ces derniers jours ?
Kindy Dramé : depuis quelques jours, vous remarquerez que je me suis penché sérieusement sur une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Mapiecedidentite.
Sans parler au nom d’une organisation je tiens à le préciser, et activiste de cœur j’alerte l’opinion sur des violations de nos libertés. Triste est la réalité de constater qu’en effet depuis près d’une année, des Guinéens sont interdits d’avoir des cartes d’identité nationale parce que tout simplement quelqu’un a décidé d’interdir au service de police d’éditer des cartes d’identité ordinaire à la population.
Personnellement je suis très inquiet et très choqué qu’en 2016 je me vois défendre de ce genre de chose sur internet. Pour moi ce dysfonctionnement de l’administration guinéenne en particulier les services de police nationale doit faire l’objet d’une enquête pour qu’un éclaircissement soit fait à ce niveau.
Depuis le 30 décembre 2014 les autorités de police ne délivrent plus de cartes d’identité en Guinée et celles qui sont faites sont antidatées. Depuis, cette date nos concitoyens Guinéens souffrent.
Comment voulez-vous instaurer un changement quand l’administration elle-même est aussi laxiste et que le premier responsable viole délibérément la loi et foule au pied nos libertés chèrement gagnées.
Toute personne éprise de justice et de changement devrait s’indigner que de telles dispositions soit prises et qu’on se taise dans le mutisme et l’inaction.
Pourquoi devrions-nous supplier un chef de l’Etat ou un gouvernement pour nous accorder des cartes d’identité qui est un droit fondamental. Rassurez-Vous la jeunesse guinéenne d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier elle saura exiger qu’on la respecte si on ne veut pas la considérer. On n’ose même pas sortir la nuit, tant l’insécurité et les abus de forces de sécurité.
Voilà maintenant que les étudiants guinéens voulant postuler pour Campus France sont recalés et humiliés, osons le dire, c’est à la faute de notre administration.
D’après Campus France Guinée : l’ordre de ne plus accepter les cartes d’identité délivrée après le 30 décembre 2014 a été délivré par les autorités de police. Ces dernières ne délivrent plus de cartes depuis ce jour. C’est tout simplement une aberration, on tombe des nus vous vous imaginez le calvaire que vivement ceux qui n’ont pas de carte d’identité.
Le rôle de la Cour Constitutionnelle c’est de veiller sur la constitution et des possibles abus de l’Etat ou du gouvernement quand nos libertés sont en jeu.
Et dans cette affaire, c’est le cas, en tant que juriste notre Président devrait se référer aux juristes avant de prendre des décisions qui empiètent sur nos droits et libertés.
Les juristes de ce pays doivent s’exprimer, les avocats, les défenseurs des droits et libertés doivent se lever pour exiger que cela cesse.
Quelles sont les conséquences pour les citoyens guinéens de l’étranger ?
Les étudiants guinéens ont appris beaucoup de leur exil sur le droit et les libertés. Dans les grandes démocraties, l’administration ne vous notifie jamais sans se référer à une loi, une disposition, une circulaire; mais hélas, c’est inquiétant chez-nous où on vous dit, le Président a interdit et c’est tout. Il n’y a rien à voir.
Depuis ces derniers jours en effet les choses avancent, les Guinéens de partout dans le monde commencent à parler de la question, prennent de position et des pétitions sont déjà lancés sur change.org, pétition que je rappels nous est reconnu par la constitution en son article 11.
Nos ambassades ne délivrent pas de carte d’identité ni de passeports. Comme j’aime à le dire si vous vivez à l’étranger soyez prévoyant en scannant vos documents et sortez avec une copie si possible.
Madame Makalé la nouvelle ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger est vivement sollicitée nous lui recommandons de prendre très vite attache avec son collègue le Ministre Kobele ministre de la sécurité pour que des moyens et équipements soient remis aux ambassades guinéennes pour nous délivrer ces documents.
Dans d’autres pays, les démarches ce font par internet, vous envoyez vos justificatifs sur une plateforme qui est traité c’est ce qu’on appelle le e-gouvernement et c’est ce qu’ont demande à notre gouvernement 2016.
Tous les Guinéens n’ont pas forcément le temps voire les moyens de venir en Guinée pour faire un passeport alors que nous avons une ambassade ou un consulat dans le pays de résidence.
Le gouvernement guinéen justifie cette décision par souci de sécurité et veut faire des cartes biométriques. Comment vous comprenez cela d’autant que plusieurs citoyens notamment étudiants peinent à voyager ?
On nous a promis la modernisation de l’administration et du changement depuis 5 ans. Vous conviendrez avec moi que notre patience a des limites nous voulons plus ces discours pompeux rien que du brassage de vent pour se faire plaire. Les jeunes veulent du concret c’est cela qu’on demande.
Mais la tristesse dans ce pays, c’est dès qu’un citoyen prend la parole pour dénoncer des violations il est catalogué politicien comme si le citoyen n’avait pas le droit de regard ou de critique. Les réformateurs sont toujours confrontés à ce conservatisme rétrograde qui empêche toute évolution et retarde ce pays. Le simple citoyen n’est pas soumis à un droit de réserve il faut le savoir et cela soit compris dans nos organisations. Les gens ont le droit de parler, la liberté d’expression et le droit à la caricature est un acquis que nous autres activistes défendrons aux prix de nos vies. Les prisons, les dénigrements ne nous décourageront pas, nous mettrons l’accent sur ce qui ne va pas et allons vanter à l’international les avancées de notre pays.
Les activistes guinéens sont sur pieds depuis quelques jours sur Facebook et sur Twitter et aussi sur les sites d’informations pour attirer l’attention. Nous allons réussir car nous utilisons des canaux de communication libre et indépendant, le musellement des jeunes c’est fini et c’était hier.
D’après nos statistiques et celles fournies par Facebook ce sont des millions de Guinéens qui ont un compte sur le réseau social et qui sont actif et nous nous passons par Facebook pour communiquer le gouvernement ne peut rien contre Facebook et d’après mes constatations le message passe très bien et la campagne #Mapiecedidentite est bien suivie par les internautes guinéens de partout dans le monde.
Nous utilisons aussi le site de microblogging qui est Twitter ou la jeunesse guinéenne commence à utiliser et la communauté grandit sur Twitter vous pouvez voir les réactions avec le même hashtag #Mapiecedidentie tout ceci dans une liberté d’expression totale. Les citoyens ne peuvent pas être pris en otage tout le temps à cause de la lenteur de l’État ou de l’humeur du chef.
Il faut y mettre fin et faire une nouvelle circulaire pour l’ensemble des services de police pour qu’on délivre les cartes d’identité en attendant que l’État nous donne les équipements pour faire des cartes d’identité biométrique. Mon combat comme beaucoup d’autres activistes, c’est d’attirer de nouveau, l’attention du gouvernement et les ministres en charge de la question sur les préoccupations des Guinéens. Nous sommes des jeunes et connaissons nos droits et saurons les défendre quand ils seront violés. J’invite les jeunes à plus de l’engagement et faite attention à l’Assemblée Nationale sur les lois qui sont votées sur les actions du gouvernement. Toutes ses actions nous concernent en premier lieu c’est nous qui allons payer si des mauvaises lois ou des orientations sont prises de façon arbitraire et non concertées.
Un pays riche des jeunes brillants et talentueux qui demandent juste à participer et à travailler.
Mais des choses aussi simple nous manquent ou sont bafouées, soyons plus responsable.
En tout cas nous, nous avons lancé le débat sur Twitter, Facebook, sur les sites d’informations comme je le fais actuellement avec vous. Par de simple message en interpelant le gouvernement pour qu’il réponde à nos préoccupations. Une autre révolution est possible sans que, la jeunesse ne soit instrumentalisée au service de politiciens véreux. Nous publions des affiches et des messages sur Facebook et allons publier un communiqué prochainement. Des activistes font du lobbying et des blogueurs font des articles, des vidéos et des micros trottoirs.
Pourquoi une campagne web ? Qu’est-ce qui vous rassure que cette campagne va porter fruit et que le gouvernement entendra ?
Cette campagne n’est pas la mienne, cette campagne est aussi responsable qu’important; nous sommes très gênés en effet de défendre ce genre de chose sur internet ou dans une mondialisation et une révolution des peuples. L’idéal voudrait qu’on vente notre pays à l’international et être content des avancées ; mais hélas, nous sommes encore en 2016 à se plaindre en Guinée de ne pas avoir de carte d’identité. Le Président Alpha Condé et son gouvernement doivent prendre leur responsabilité, ils sont à notre service nous le peuple et ce n’est pas le contraire.
J’invite la jeunesse, à mettre la pression sur leurs élus d’aller voir chaque chef de secteur, chef de quartier, chef discret, maire, préfet, gouverneur, député. Pour exiger qu’on nous redonne notre dignité et que cette arnaque s’arrête enfin dans ce pays.
Libérez-vous de cette hypocrisie dites avec un grand NON à l’oppression OUI au respect de mes droits et de mes libertés. A tous ces gens qui sont assoiffés de pouvoir de reconnaissance, moi activiste la subordination à outrance n’est pas mon fort.
J’invite la jeunesse à s’intéresser au Droit à l’économie et surtout à la politique pour savoir ce qui se passe. Et arrêtons de nous prendre pour de simple faire valoir.
Au États-Unis chaque citoyen connait par cœur la constitution Américaine. En France on n’en parle pas, il ne faut pas s’amuser avec nos libertés. Ayez la constitution de votre pays dans la poche.
Comme l’a dit Christiane Taubira dans son dernier livre “Murmures à la jeunesse” “Chaque génération sans doute se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.”
Un dernier mot, un appel à lancer peut être ?
Rire… Certains risque de me donner un PV pour exècre de communication, mais le changement et les reformes ne marcheront pas si vous ne communiquez pas, si les gens ne savent ce que vous voulez et ce que vous attendez d’eux.
Notre gouvernement s’est mis aux réseaux sociaux je les félicites il faut continuer la marche pour un réel changement avec la jeunesse. La jeunesse guinéenne de 2016 n’est pas celle d’il y’a 5 ans elle est très concernée et attentive et elle est engagée à faire le changement pour se faire entendre, prenez vos cartes d’électeurs quand il sera le moment, soyez vigilant, et exigeant, car notre voix doit porter et elle va porter quand nous saurons solliciter.
Remplacez la rue par l’engagement social, politique, les manifestations de rue telles qu’on les connait en Guinée ne nous redonneront pas nos droits c’est plutôt un moyen de
répression avec son lourd tribut, il faut s’engager, faites de la politique, et cela, même à la base dans votre quartier et prenez la parole, on ne peut pas faire notre bonheur sans nous et en notre absence.
J’invite pour ceux qui ont envie d’en savoir à voir mon blog et rejoindre la campagne pour #Mapiecedidente sur Facebook et Twitter.
Je remercie aussi aminata.com pour son dynamisme pour une information crédible et responsable.
Je vous remercie.
Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com
+224 666 62 25 24