
Les personnes victimes de déguerpissement à Souapeti réclament leur dédommagement. Dans un entretien téléphonique qu’il a accordé à Aminata.com, Fodé Aboubacar Sylla premier responsable chargé du partenariat et développement de l’Union des sinistrés de Souapeti a expliqué les points de revendications de son association.
Aux dires de notre interlocuteur, l’association a constitué un pool d’avocats pour défendre les sinistrés le cas où les responsables du projet ne les entendent pas. Il n’exclut pas la saisine de la Cour de justice de la CEDEAO.
« Vous savez, premièrement, dans les conditions normales, pour tout ce qui concerne le déplacement définitif d’une localité vers une autre et surtout si les lieux doivent être inondés, les personnes à déplacer doivent avoir d’abord les voies d’accès. Si vous allez dans nos localités maintenant là, vous trouverez qu’il n’y a pas de routes et même s’il y en a, elles sont impraticables. C’est notre première inquiétude. Deuxièmement, lorsqu’il s’agit de déplacer quelqu’un, vous inventoriez ses biens. Que ça soit de maisons, des arbres fruitiers, des bas-fonds qu’il exploite. Après l’inventaire, vous lui remettez les documents ou fiches d’inventaire. Pour le cas du projet Souapeti, il n’y en a pas eu. Ça n’existe nulle part. Vous allez dans les localités touchées dans les préfectures de Kindia, Telimélé, Dubreka, vous n’en trouverez pas. Et ils donnent un code de ménage. Par exemple, ils disent que tu as le code de ménage numéro 11 et on donne à un villageois. Tout le reste des informations se trouvent dans un ordinateur détenu par un individu qui peut mourir et l’ordinateur peut être endommagé ou d’ailleurs, l’intéressé peut décider de détourner. Et après l’inondation, on ne peut plus revenir pour compter des biens. À qui on peut réclamer quoi ? Il n’y a pas de sources de réclamation. Les personnes pour lesquelles on a construit des maisons, vous trouverez que ces bâtiments ne répondent pas aux normes. Vous trouverez une chambre de 2 mètres 40 de largeur sur 3 mètres 70. C’est un lit de combien de places qu’on peut placer là-bas? Et même les briques utilisées ne sont pas consistantes. Les toitures coulent partout. On a mis de jolies peintures sur les tôles et les murs mais quand vous rentrez à l’intérieur, vous trouverez des fissures et ça s’effondre. Cela prouve que les murs ne tiendront pas longtemps. Chez nous, aucun bas-fond pour l’agriculture n’a été évalué. Il n’y a pas d’espace réservé aux éleveurs », a-t-il entamé.
Et Monsieur Sylla de poursuivre: « Nous avons tiré l’exemple sur Kaleta. Personne ne peut croire aujourd’hui qu’il y a des gens à Kaleta dont les maisons ont été cassées et qui n’ont toujours pas été recagés. Ça existe bel et bien et il y a des fiches d’inventaire là-bas. Mais, jusqu’à présent, ils n’ont pas été dédommagés. Secondo, il n’y a pas d’électricité là-bas. Dans le village qu’on appelle Kaleta, il n’y a pas de courant. Et pourtant ce village est à deux kilomètres du barrage hydroélectrique et à 100 mètres de leur nouvelle cité qui est totalement électrifiée. C’est la cité de Kaleta qui abrite les travailleurs de Souapeti actuellement. Autres choses, les personnes qui ont déjà reçu les maisons, en dehors du problème de dimensions que j’évoquais tout à l’heure, il y a le nombre de places qui est incomplet. La chose la plus dérangeante dans cette affaire, vous allez dans un village et vous trouvez que le père de famille a sa maison; il y a également des maisonnettes et des cases pour ses enfants. Il y a certains de ces enfants qui sont mariés à deux femmes et leur père à trois femmes. Ils viennent resencer la maison du vieux, les trois cases et conclure que c’est quatre chambres et salon. Dans nos sociétés, les gens ne sont pas habitués à pratiquer le même salon que les femmes de ton enfant et tes coepouses. C’est pourquoi on a décidé que tous ces qui ne sont pas partis occuper les maisons ne bougeront pas tant qu’ils n’auront pas les fiches d’inventaire et tant les maisons ne seront pas au complet. Ensuite, chez nous, nous vivons des palmiers mais ils n’ont pas accepté de recenser ces palmiers en disant qu’ils sont sauvages. Donc, ils seront aussi inventoriés. C’est sur ces différents points que nos revendications portent ».
Les démarches en cours
« Nous avons mobilisé des partenaires parce-que pour gagner un combat, il faut mobiliser les partenaires sur l’appui matériel et humain. Le problème qui nous concerne, c’est un problème de défense des droits de l’homme. Donc, on a organisé des rencontres à l’issue desquelles nous avons obtenu le soutien de certains partenaires dont l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH). Avec eux, il y a un pool d’avocats qui se prépare. Le cas où les responsables du projet Souapeti ne nous répondent pas favorablement, nous allons voir sur quel pays dansé en matière de justice. Il n’est pas exclu qu’on saisisse les juridictions Supra nationales notamment la cour de justice justice de la CEDEAO », a-t-il indiqué.
Mamadou Aliou Barry pour Aminata.com