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Honorable Fodé Mohamed Soumah, Président du Parti Génération Citoyenne (GéCi) a accordé une interview exclusive à notre rédaction ce mercredi 16 février 2022. Il a parlé entre autres, du CNT, la gestion de la transition, la récupération des domaines de l’État, la division de la classe politique face à la junte, la recrudescence des coups d’État en Afrique de l’ouest. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.
Lisez!
Aminata.com: Comment se porte aujourd’hui votre formation politique ?
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Fodé Mohamed Soumah: Après 10 ans de fonctionnement, la GéCi se porte de mieux en mieux et intensifie l’installation de ses structures ici comme à l’étranger, en prélude aux échéances électorales. Donc, nous sommes en phase d’identification et de densification des Comités de bases, des Sections et des Fédérations avant la période de massification.
Cinq mois après le renversement du régime Alpha Condé, quel regard portez-vous sur la gestion actuelle du pays par les nouvelles autorités ?
On ne va pas refaire le monde, c’est pourquoi mon discours et mon regard se portent sur ce qui reste à faire. Je commence par regretter l’absence de dialogue avec les politiques que nous sommes et d’un calendrier structuré devant nous mener à un retour à l’ordre constitutionnel, après un semestre de gestion du CNRD. (productmanagementexercises)
Le regard, c’est du clair-obscur car on se détourne des tâches indues en période transitoire par un pouvoir d’exception. Sitôt le CNT opérationnel, il faut s’attaquer au travail résumé par le Président de la transition : recensement, fichier électoral et les élections, auxquels on peut ajouter la moralisation de la vie publique et les audits qui seraient poursuivis dans le cadre de la continuité de l’Etat et du respect des procédures.
Avec leur nomination, les membres du conseil national de la transition (CNT) viennent d’être installés. Quelle appréciation faites-vous de la composition de cet organe législatif et quelles sont vos attentes ?
C’est une bonne chose et la première étape au retour à l’ordre constitutionnel, mais nous attendons le chronogramme de leurs activités qui devrait nous édifier sur leur véritable mission. J’ai toujours dénoncé le fait qu’il ne revenait pas au CNT de fixer la durée de la transition, car c’est une façon déguisée/détournée de demander à ses membres de fixer la durée de leur présence à l’hémicycle.
Le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation (MATD) est accusé d’avoir envoyé au CNT des personnes au détriment de celles choisies par les structures politiques et sociales. Votre opinion ?
La configuration laisse à désirer car ça n’obéit à aucune forme d’équité ni une réponse par rapport au parcours, au poids électoral et à la représentativité des partis politiques qui ont vocation à la conquête du pouvoir. C’est pourquoi on y trouve des partis qui n’ont jamais participé à une seule élection ou qui n’existent que de nom. Le résultat est un véritable camouflet pour la classe politique qui a accepté 15 postes sur 81. C’est pourquoi j’aime dire qu’il y a plus de politiciens que de politiques en notre sein.
Beaucoup de structures politiques et sociales demandent le rallongement de la liste des conseillers du CNT pour satisfaire ceux qui se sentent lésés. Qu’en pensez-vous ?
Tout est possible car la Charte n’est pas cadenassée. L’exemple éloquent nous vient du Burkina qui a désigné 15 personnalités bénévoles pour faire tout le job. Pour ma part, comment comprendre l’absence de la GéCi qui a participé à des élections majeures qui l’ont conduite à la CENI et à l’Assemblée nationale ?
Le CNT annonce le déploiement de ses membres à l’intérieur du pays pour écouter les préoccupations des citoyens. Est-ce que vous comprenez cette décision ?
Je ne comprends pas et ne partage pas cette volonté d’aller s’enquérir de la situation du pays auprès des populations, sachant que la composition du CNT reflète toutes les composantes de la nation. Les intentions sont ailleurs car ça va coûter de l’argent et du temps perdu.
L’organisation des élections est désormais confiée au MATD au détriment de la CENI. Une décision qui n’a pas plu à certains acteurs politiques. Qu’en dites-vous ?
Dans l’absolu, la GéCi estime que les élections doivent être organisées par le ministère de l’intérieur qui dispose d’un personnel salarié et de nombreux sites en collaboration avec le gouvernement, etc. Mais selon la Charte qui a été dévoyée, c’est un organe collégial qui était dédié à cet effet. Donc, la position neutre de la junte devrait aller dans ce sens pour asseoir la transparence et la confiance entre tous les acteurs.
La classe politique n’arrive pas à parler de la même voix face aux autorités de la transition qui trainent les pas. Votre réaction sur ce sujet ?
L’union fait la force et c’est une lapalissade. La GéCi continue de travailler dans ce sens afin que notre unité d’action puisse contribuer à la réussite de la transition pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Quel est votre point de vue sur la recrudescence des coups d’État en Afrique de l’Ouest ?
C’est très dangereux pour la stabilité et la continuité de l’Etat. L’équilibre est très fragile entre des populations excédées par la mal gouvernance et les coups de force. J’ose espérer que la CEDEAO et l’Union africaine vont agir en amont désormais, pour éviter la déstabilisation, les mandats de trop et toute velléité d’omnipotence ou de démocrature.
Est-ce que vous comprenez l’escalade entre le Mali et la France ?
En tant que politique guinéen, je préfère me focaliser sur le cas de mon pays. Mais la raison semble prendre le dessus car on constate une certaine forme de désescalade avec la reprise du dialogue et des vols. Les Etats n’ont pas d’amis mais que des intérêts comme dirait l’autre !
Qu’est-ce que vous avez à ajouter pour clôturer cet entretien ?
Je voudrais rester focus sur l’actualité brûlante du moment avec les déguerpissements et la récupération des biens dits de l’Etat. La justice sociale exige le respect et les délais des procédures. Il faut éviter de réparer la justice par l’injustice car un décret remplacera toujours un autre. Les Guinéens ont soif de justice sociale, d’emplois et d’un accompagnement substantiel dans leur quotidien.
Le CNRD a les moyens d’y répondre à travers l’éthique surtout, s’il s’attèle véritablement à sa mission transitoire dans la paix et le respect strict de la loi.
Propos recueillis par Mamadou Aliou Barry
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