
A l’occasion du débat d’orientation budgétaire 2020 à l’assemblée nationale en Guinée mardi 2 juillet 2019, le président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG) a indiqué différents points qui préoccupent la société civile.
Dans son allocution face aux parlementaires, Dansa Kourouma a été franche en dénonçant des difficultés sur certains sujets préoccupants, tel que la santé et l’éducation et tant d’autres.
Voici le discours complet du président de CNOSCG devant les députés
Les préoccupations de la Société Civile :
La confiance du citoyen au budget de l’état ;
La qualité de la contribution de la société civile en termes d’analyse et du suivi des politiques publiques ;
La justice budgétaire, l’inclusion et la bonne gouvernance.
Constats :
- D’énormes ressources minières qui contrastent avec un taux de développement humain faible. 175e/187 pays,
- La pauvreté frappe 55% de la population et surtout les femmes, les jeunes et les enfants;
- Les enveloppes allouées aux secteurs sociaux et la lutte contre la corruption sont non seulement faibles, mais les efforts consentis sont mal orientés, avec des dépenses et des allocations impertinentes.
- En termes de qualité de prévision des impôts indirects (75%) sont encore médiocre à cause de l’instabilité et la méconnaissance des assiettes, la complexité des régimes spéciaux et la forte propension de la fraude…
- La qualité des prévisions, les recettes effectives totales = en moyenne 92% des recettes inscrites au budget. Ce taux masque une forte disparité des performances d’exécution des prévisions.
Après analyse on note en substance:
Une faible allocation budgétaire aux services sociaux stratégiques et prioritaires, largement en deçà des normes dans la sous-région.
Mauvaise Qualité et impertinence des dépenses;
Forte centralisation du budget, qui le rend vulnérable à la Corruption et entraîne un sevrage de la majeur partie de la population et des zones périphériques; « Elaboré à Conakry, adopté à Conakry et exécuté à Conakry » ce qui contrôle sont avec ce qui gère.
Nous avons à faire tous, face à une injustice budgétaire à cause à la fois de conflit d’intérêt et la faible capacité de contrôle parlementaire et citoyen depuis sa conception jusqu’à sa réalisation.
C’est pourquoi nous réclamons du haut de cette tribune plus de justice, une déconcentration budgétaire, un accroissement des allocations aux secteurs sociaux prioritaires, le renforcement du cadre institutionnel et budgétaire de la lutte contre la corruption.
Au titre des axes de plaidoyer:
P1) Comme il n’est pas possible d’assurer une éducation de qualité à tous les enfants avec un tel niveau de financement, j’appelle votre honorable attention sur la nécessité d’un budget pro pauvre, notre responsabilité collective est d’investir dans le capital humain à travers l’accroissement des allocations des secteurs sociaux.
v Budget sensible aux enfants et aux femmes.
v Budget déconcentré
v Nomenclature en cohérence avec les priorités du PNDES.
P2) Sans états d’âmes inscrivons nous dans la promotion d’une politique budgétaire rigoureusement en phase avec les priorités du PNDES.
P3) La création d’une ligne de financement claire de la bonne gouvernance:
v Application de l’arrêt 241 pourtant fonctionnement ANLC.
v Soutien de la société civile pour effectuer en toute indépendance un contrôle citoyen de l’action publique;
v La mise en œuvre du système national d’intégrité.
P4) La création de fonds nationaux sur le climat, et les parcs et réserves nationaux;
Honorables Députés parlons-nous franchement:
Sur la santé :
La flambée des maladies chroniques (sous budgétisées), plus la faiblesse du plateau technique communautaire et le manque de personnel qualifié à la base est une facture salée pour chacun de nous dans l’avenir.
La négligence de la nutrition impact sur l’avenir et sape la relève.
Sur l’éducation:
La dispersion du système éducatif, son sous financement est une bombe à retardement qui rattrapera tous les progrès structurels accomplis car leur soutenabilité dépend de la qualité du capital humain.
Honorables députés,
Mesdames et Messieurs,
Si nous ne prenions pas garde à travers ses services sociaux dans notre pays, l’éducation et la santé sont en train d’être colonisées par les ex colonies françaises.
Nous serons tous tentés de nous soigner à l’extérieur dans un contexte de revenus faible, la tendance à la distorsion des ressources publiques pour la survie devient irréversiblement la norme nationale.
Nous encourageons le gouvernement à persévérer dans la lutte contre l’extrême pauvreté à travers une nette valorisation des dépenses en protection sociale avec environ 8%.
Merci à toutes les OSC qui ont contribué à cette réflexion, ainsi que les personnes ressources.
Dr Dansa KOUROUMA
PRESIDENT du CNOSCG