
L’homme d’affaires et philanthrope Aliou Boubacar Diallo, se rêve-t-il un destin national ? A Bamako, le bruit court avec insistance que le fondateur de Wassoul’Or se préparerait pour la présidentielle du mois de juillet. Avec de réelles chances de fédérer l’opposition face à un président fragilisé par les scandales financiers et sa gestion pour le moins attentiste de la crise sécuritaire qui gangrène le Mali.
Qui est Aliou Boubacar Diallo ? L’homme d’affaires est à la tête de la première exploitation minière industrielle d’or du pays détenue majoritairement par des maliens, Wassoul’Or, et de la première unité de production au monde d’hydrogène naturel pilotée par sa société Petroma Inc. Il dirige par ailleurs la Fondation Maliba, une organisation caritative très populaire au Mali, dont le but est de restaurer symboliquement l’unité du pays en venant en aide aux populations du nord frappées par la barbarie djihadiste.
Aliou Boubacar Diallo : un self-made man dans la cour des grands
Fils de cheminot, Aliou Boubacar Diallo est né à Kayes, en 1959. Malgré ses origines modestes, il étudie au Mali, en Tunisie, puis en France, d’où il revient titulaire d’une maîtrise en économie et gestion financière de l’université de Picardie.
Il est le fondateur et PDG de Wassoul’Or, la première exploitation d’une mine d’or industrielle détenue majoritairement par des maliens. Attaché au développement et au rayonnement de son pays, il insiste pour que l’essentiel des capitaux demeurent maliens. La production est lancée en 2012 sur le site minier de Kodiéran dans le sud-ouest du pays.
Aliou Boubacar Diallo lance Petroma Inc, en 2006. Une société spécialisée dans la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures. En 2010, Petroma Inc lance la première unité au monde de production d’électricité à partir de l’hydrogène naturel découvert sur le site de Bourakébougou. Une production renouvelable et non polluante qui, selon de nombreux experts, pourrait révolutionner le secteur énergétique du XXIe siècle.
« L’hydrogène naturel est une opportunité pour le Mali qui, pour la première fois, est pionnier dans le monde dans un domaine de pointe : la production d’électricité sans émission de CO2. Tout le monde a peur de venir au Mali mais nous nous continuons d’investir à fonds perdus parce que nous croyons au potentiel de notre pays », s’en félicitait Aliou Boubacar Diallo lors d’une visite de terrain en janvier dernier.
La fondation Maliba : réunifier le Grand Mali
Une satisfaction patriotique qui s’explique par le contexte difficile au Mali, de facto coupé en deux par les groupes terroristes qui contrôlent depuis 2012 de larges pans du territoire national.
Si Aliou Boubacar Diallo est engagé pour le développement de son pays à travers ses activités professionnelles et entrepreneuriales, il se mobilise aussi concrètement pour l’unité du Mali à travers son association, la Fondation Maliba.
Créée dès les premiers jours de la guerre en 2012, la Fondation Maliba (« Grand Mali » en bambara) a pour vocation de jeter des ponts entre le sud du pays et les régions du nord et du centre confrontées à la domination des groupes terroristes. Avec la volonté assumée de « maintenir un cordon ombilical national » entre tous les fils du pays.
Pendant de longs mois, la Fondation Maliba est l’une des seules organisations maliennes à apporter un soutien humanitaire dans les zones contrôlées par les terroristes. Elle a notamment fait parvenir des convois humanitaires dans la ville de Tombouctou, alors sous la coupe des djihadistes d’Aqmi et d’Ansare Dine.
Dans le même esprit, Maliba est venue en aide aux militaires maliens, blessés lors d’attaques terroristes, à l’image des rescapés du massacre d’Aguelhok (où plus de 150 soldats de l’armée malienne ont été tués), et continue d‘apporter un soutien logistique (vivres, médicaments, habits,…) aux populations du nord déplacées par la guerre.
Aujourd’hui, au-delà de ses missions humanitaires dans le nord, la Fondation Maliba privilégie des missions de développement économique et social, notamment en faveur de l’éducation et de l’entreprenariat au Mali.
Aliou Boubacar Diallo : un volontariste à la tête du Mali ?
Un engagement sans faille pour le Mali qui pourrait trouver un aboutissement logique avec une candidature à l’élection présidentielle autour de la défense de l’unité du pays, aujourd’hui essentiellement symbolique, et un volontarisme à toute épreuve afin de redonner confiance et espoir au peuple malien.
Une tâche loin d’être aisée tant le pays demeure traumatisé par l’inaction de son élite politique, incapable de juguler la menace terroriste et encore moins à même de créer les conditions socio-économiques pour sortir le pays de l’ornière économique.
Avant de connaitre son éventuel programme présidentiel, le parcours d’Aliou Boubacar Diallo donne des indications sur ses priorités politiques. Souveraineté économique. Auto-gestion des ressources nationales. Implication sociale. Attachement à l’unité nationale. De quoi séduire après les cinq années perdues de la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita. Son parti, ADP-Maliba, prépare pour ce 10 Mars une conférence nationale qui devrait sans doute l’investir pour la présidentielle.