23 janvier 2019, Brazzaville, République du Congo — Les experts mondiaux de la vaccination présents à la réunion semestrielle du Groupe consultatif technique régional sur la vaccination (RITAG) ont exhorté les pays africains à renforcer leur vaccination de routine. Ces cinq dernières années, la couverture vaccinale en Afrique subsaharienne a stagné à 72 %, exposant les populations aux maladies évitables par la vaccination et aux épidémies.
Les experts ont également souligné l’importance d’accroître les investissements nationaux en matière de surveillance des maladies et la nécessité d’un engagement communautaire pour favoriser le déploiement de vaccins lors des épidémies.
« La réunion des experts régionaux a été une occasion unique d’évaluer les besoins actuels et futurs en matière de vaccination en Afrique, a indiqué la Présidente du RITAG, le Pr Helen Rees. Nous avons recensé ce qui peut et ce qui doit être fait pour assurer l’avenir de millions d’enfants sur ce continent. »
En Afrique subsaharienne, près de 31 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints chaque année de maladies évitables par la vaccination. Plus d’un demi-million d’entre eux meurent faute d’accès aux vaccins dont ils ont besoin.
En 2017, des chefs d’État de tout le continent ont approuvé la Déclaration d’Addis-Abeba sur la vaccination, un engagement historique visant à faire en sorte que chaque enfant en Afrique, quelle que soit sa situation économique, ait accès aux vaccins.
Cette année, le Bureau régional pour l’Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, publiera un rapport sur l’état d’avancement de la mise en œuvre des engagements de la Déclaration d’Addis-Abeba. Le rapport fera le point sur les progrès accomplis au cours des deux dernières années, mettra en lumière les lacunes et formulera des recommandations pour orienter les progrès dans le renforcement des systèmes de vaccination.
« En vaccinant les enfants, nous ne nous contentons pas de prévenir les maladies et de sauver des vies. Nous garantissons aussi aux enfants l’accès à l’éducation qu’ils méritent et nous rendons à leurs familles un temps précieux, parce qu’elles n’ont plus à effectuer de longues visites à l’hôpital. La vaccination libère aussi des ressources publiques limitées », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Des données de l’OMS indiquent que les maladies et les décès dus aux maladies évitables par la vaccination coûtent à l’Afrique subsaharienne 13 milliards de dollars par an, des sommes qui pourraient être affectées au renforcement des systèmes de santé et au développement des économies.
Les experts de la vaccination réunis à Brazzaville ont également évoqué une série de questions urgentes, notamment l’épidémie actuelle d’Ebola, l’éradication de la polio et les progrès réalisés dans le Plan stratégique régional pour la vaccination.
La République démocratique du Congo (RDC) est actuellement confrontée à la deuxième plus vaste épidémie d’Ebola de l’histoire, avec plus de 650 cas confirmés à ce jour. Malgré les difficultés d’accès aux zones de conflit prolongé, près de 60 000 personnes ont été vaccinées, dont près de 20 000 agents de santé et travailleurs de première ligne. Le ministère de la Santé congolais a lancé un premier essai randomisé contrôlé pour des traitements expérimentaux contre le virus Ebola. Il est néanmoins nécessaire de maintenir les efforts pour contenir l’épidémie.
D’autres maladies comme la polio sont en revanche en passe d’être éradiquées. Le dernier cas de poliovirus sauvage en Afrique a été signalé en août 2016 dans l’État de Borno, dans le nord-est du Nigéria. Si aucun nouveau cas n’est détecté dans le pays d’ici août 2019, l’Afrique atteindra l’objectif d’éradication du poliovirus sauvage.
Alors que le monde se rapproche de l’éradication de la polio, les fonds investis dans la lutte contre la maladie sont en baisse. Entre 2016 et 2019, le budget mondial de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite a diminué de plus de moitié, passant de 322 à 153 millions de dollars. L’Initiative fournit plus de 90 % de tous les fonds destinés à la surveillance des maladies en Afrique subsaharienne, y compris à près de 16 laboratoires spécialisés dans la poliomyélite qui analysent des échantillons cliniques et environnementaux dans le cadre de la surveillance de la paralysie flasque aiguë (utilisée pour détecter la poliomyélite) et d’autres maladies évitables par la vaccination, comme la fièvre jaune et la rougeole.
Le Groupe consultatif technique régional sur la vaccination a insisté sur la nécessité d’une plus grande appropriation des programmes de surveillance des maladies par les pouvoirs publics, afin que les progrès accomplis dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination ne soient pas annulés.
« Le fait que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne continuent de dépendre de fonds extérieurs pour le financement de la vaccination est un bon indicateur du travail qu’il reste à faire », a déclaré le DR Richard Mihigo, Coordonnateur du programme Vaccination et mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Les gouvernements ont un rôle central à jouer pour combler les déficits de financement à venir et veiller à ce que les programmes de vaccination demeurent solides et vigilants. »
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