
Pour la mouvance présidentielle, la marche vers un troisième mandat est lancée. L’opposition, la société civile, le syndicat et les musiciens réunis autour du front national pour la défense de la constitution promettent une lutte farouche. Ceci, pour empêcher Alpha Condé d’entamer une nouvelle candidature.
Pour Mohamed Joe Sidibé, conseiller chargé de mission auprès du Président de la République, le peuple doit être consulté pour adopter une nouvelle constitution. Aminata.com l’a interrogé. Lisez.
Aminata.com : en 2010, vous étiez un des soutiens inconditionnels d’Alpha Condé particulièrement au deuxième quand vous aviez été la NGR pour rejoindre le RPG arc-en-ciel. Comment se porte le RPG ?
Joe Sidibé : je vous dirai que le RPG se porte très bien. Comme vous l’avez dit, je suis et reste un inconditionnel du Pr. Alpha Condé. Ce n’est pas parce qu’il est au pouvoir aujourd’hui mais bien avant je lui ai soutenu grâce à ses projets de société. Le parti se porte à merveille. Présentement, nous sommes en pleine restructuration des instances du parti. Beaucoup des œuvres ont été faites. Certains quand même sont allés jusqu’à dire que le parti ne bouge pas mais laissez-moi vous dire que le parti se porte à merveille.
Mais depuis 9 ans il n’y a pas eu de congrès
La restructuration d’un parti comme le RPG demande une large concertation compte tenu de l’affluence des militants. Nous pensons qu’il est impératif de poser de bases solides afin qu’on n’ait pas de déception à tout niveau que ça soit. C’est la raison pour laquelle que nous prenons tout notre temps pour poser des actes sereins.
9 ans, c’est trop quand même pour ne pas tenir un congrès
Après la réélection du Président Alpha Condé il n’y a pas eu un changement pas en profondeur mais de façon vraiment salutaire au sein du parti. Il y a eu des nouvelles adhésions et des nouveaux responsables qui animent bien le parti.
Nous sommes à quelques mois de la fin du second mandat d’Alpha Condé. Que retenez-vous de son bilan ?
D’autres parlerons des infrastructures, de l’énergie et de l’agriculture mais moi je pense que le bilan qui m’a beaucoup marqué dans le parcours du Président Alpha Condé à la tête de ce pays c’est le changement de mentalité du Guinéen. Je m’accentue beaucoup sur ce côté parce que j’ai vécu le temps du Général Lansana Conté où les militaires régnaient en maître absolu. La population n’osait pas en cas de problème approché aux militaires. Aujourd’hui, je suis témoin de cette situation dès qu’il y a un problème le civil au lieu de fuir le militaire va vers lui. Les réformes de défense et de sécurité sont des atouts considérables. Je crois que c’est l’un des points forts du bilan du Pr. Alpha Condé. Pour donner une meilleure stabilité, il faut qu’il y ait la paix et la sécurité. C’est un bilan indéniable.
Le régime du Président Alpha condé a beaucoup investi dans l’électricité. Les opposants du chef de l’Etat dressent un bilan négatif. Sidya Touré affirme que s’il avait la moitié de trois milliards de dollars investis il aurait électrifié toute la Guinée. Quelle est votre réaction ?
Le premier conseiller direct d’un président c’est son opposant. Un opposant constructif essayera toujours de critiquer mais d’une manière objective le bilan d’un président. L’opposant n’appréciera jamais le bilan d’un président en place. Ce que Sidya dit n’engage que lui mais le Guinéen voit aujourd’hui dans sa grande majorité voit ce que fait le Pr. Alpha Condé en matière d’électricité. Ce n’est pas un fait de hasard que l’Afrique l’a choisi comme Président dans ce domaine. Il a beaucoup investi dans l’électricité et le résultat est là.
Mais le déficit est toujours énorme ?
C’est un travail de longue haleine. Tout ne peut pas se faire en un laps de temps. Et puis reconnaissons que le Professeur quand il venait au pouvoir avait trouvé un pays difficile. C’est dans cet état de délabrement qu’il a pris le pays. Essayons de reconnaitre un peu les efforts fournis. Il a fait beaucoup, il continue de faire beaucoup et l’espoir est permis.
La Guinée presque quadruplé sa production minière notamment la bauxite mais à ce jour, le panier de la ménagère ne ressent pas cette rente minière. Comment vous expliquez ce paradoxe ?
C’est nous qui le disons ici. Étant en dehors de la sphère politique je pense que nous devons reconnaitre ce qui est fait et ce qui est en train d’être fait par ce gouvernement. Avec le nouveau code minier j’espère que le Guinéen ressentira très bientôt de ses ressources minières. Au niveau du marché mondial, ce n’est pas tout un coup qu’on peut ressentir les efforts fournis par le gouvernement. Ça viendra avec le temps. Nous sommes en train d’aller vers la prospérité et le développement.
Le débat sur une éventuelle candidature pour un 3e mandat du Président de la République fait rage. Des incidents ont été enregistrés à l’intérieur du pays notamment en Basse Guinée. Etes-vous favorable à une nouvelle candidature d’Alpha Condé ?
Vous savez en Afrique ce n’est pas facile pour un pays qui sort directement d’une dictature et veut entrer dans la démocratie. C’est par des méthodes très souples et progressives qu’il faut mener ce peuple vers la démocratie. Il faut un changement de mentalité pour que le peuple sache que je quitte une dictature pour une démocratie. Cette transition demande beaucoup de travail. Aujourd’hui tout ce qui a été posé par le Pr. Alpha Condé comme situation pérenne pour le peuple est une base solide pour consolider notre jeune démocratie. Le Professeur a-t-il fini son travail ? Le peuple en a-t-il besoin de plus. Le Professeur n’a jamais dit qu’il veut un troisième mandat. C’est juste ici le peuple qui est en train de le forcer pour un 3e mandat. Et c’est le peuple qui est souverain. Le Pr. Alpha Condé était un homme à lui-même maintenant qu’il est devenu Président il ne peut que se plier aux exigences du peuple. Si le peuple veut un 3e mandat, je crois qu’en tant que bon patriote il lui sera très difficile de dire non. Et lui-même ne s’est pas encore prononcé.
Allez-vous le soutenir pour un 3e mandat ?
Si le peuple lui réclame un 3e mandat, je le soutiendrai à 100%. Toute constitution est modifiable. Notre constitution a été élaborée par un gouvernement de transition. Le peuple n’avait pas été consulté pour l’adopter.
Le fichier électoral, la constitution, une grave crise politique se profile à l’horizon. Qu’est-ce qu’il faut selon vous pour éviter cette crise ?
La Guinée a traversé pire que ça. Je crois en ce peuple, j’ai confiance en ce peuple. Rien ne se passera ici grâce aux bénédictions de nos parents et grâce au bon sens du Guinéen. Tout ce qui se dit, je crois que c’est une manière d’inciter les Guinéens à la violence mais le peuple de Guinée est un peuple politique qui sait ce qu’il fait. Nous avons évité beaucoup de cas pire que ça. Tout se passera à l’amiable. Le Guinéen n’a jamais voulu aller à l’affrontement.
En 2012, vous avez appelé la diaspora à rentrer au pays, aujourd’hui maintenez-vous cet appel ?
Avant il y avait une méfiance entre les Guinéens de l’intérieur vis-à-vis de la diaspora mais ç’a changé. D’ailleurs notre premier responsable est un diaspo. Il a pu réunifier les deux camps et aujourd’hui on ne parle pas de diaspora. Dès qu’on fait appel à un Guinéen de l’étranger, une fois installé, il s’intègre facilement.
Votre mot de la fin.
Je lance un appel à tous les Guinéens pour qu’on donne la main pour qu’ils sachent qu’au-delà de la politique, nous sommes une famille. Il ne faut pas nous laisser entraîner par nos querelles intestines qui feront que nos enfants n’auront pas un bel avenir. La Guinée nous a été léguée par nos grands-parents et nous sommes obligés de léguer un pays stable à nos enfants.
Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com
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