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08 mars 2022: « la femme doit surpasser ses limites, au-delà d’être appelée une simple ménagère», dixit Madame Bénie Nasayon KOUYATE, activiste

Officialisée en 1977, la journée internationale des femmes selon l’appellation officielle de l’Organisation des Nations Unies (ONU), ou encore journée internationale des droits des femmes pour  certains pays ou régions comme la France ou le Québec, met en avant la lutte des droits des femmes pour notamment en finir avec les inégalités entre hommes et femmes. Différemment célébrée par des pays à travers le monde, cette fête met néanmoins en valeur la personnalité féminine en lien avec ses multiples efforts et bravoures. Pour donc magnifier ces femmes, aminata.com a donné la parole à quelques une. Depuis les Etats-Unis où elle s’est prêtée à nos questions, cette originaire guinéenne a indiqué cette journée doit être une occasion pour elles de laisser de côté les mamayas et danses, et s’attaquer plutôt aux problèmes auxquels les femmes font face. Ensuite, démontrer surtout à travers des déclarations que la femme est la base du développement socioéconomique de toute nation. (Interview grand format).

Aminata.com: le monde célèbre chaque année la journée du 08 mars consacrée à la fête internationale de la femme. Dites-nous en quoi vous inspire cette célébration ?

Madame Bénie Nasayon KOUYATE : cette fête du 08 mars m’inspire beaucoup en tant que femme leader et mère de famille. Car, il n’y a pas de gratitude par rapport à ce que fait la femme pour sa communauté, sa nation et même pour l’avenir. Au-delà, nous sommes ces personnes principales qui entretiennent la maison et notre rôle n’a pas de limite dans ce que nous faisons comme humanitaire et activiste, notamment ce qui est surtout donner la vie et d’assumer jusqu’à ce que cet enfant devient un adulte responsable. Cette fête, c’est aussi de parler des efforts fournis par nous femmes dans le développement de nos différents pays. Mais aussi et surtout, le rôle joué par rapport à leur autonomisation qui n’est pas chose facile avec les réalités des foyers. Alors nous devons vraiment célébrer la femme parce qu’elle doit faire plus ce que fait l’homme afin qu’elle puisse aller au-delà de ce que font les hommes, c’est-à-dire en ne se limitant pas seulement à la cuisine. 

Bien vrai que la femme veut et pense faire mieux que l’homme mais sauf que, les réalités sont toute autre. Qu’est-ce qui explique cela selon vous ?

 Lorsque les femmes veulent aller plus loin en surpassant les rôles qui les sont dévolus, rencontrent beaucoup de difficultés, notamment avec l’évolution de la technologie. C’est pourquoi la femme doit avoir une tête haute afin d’aller de dépasser ses limites. Mais partant des difficultés que nous rencontrons avec sur le chemin de  l’école, au sein du foyer et au boulot, fait que mettre notre éducation en valeur devient très difficile. Nous sommes toujours là à essayer pour que nous soyons au-delà de ce qui est juste faire des enfants et préparer pour son mari et famille. Les femmes doivent montrer qu’elles ne sont pas appelées à être seulement de simples ménagères, mais faire autre chose mieux que ça. Je sais que ce n’est pas facile d’être femmes leaders dans la société parce que cela nous renvois d’énormes soucis. Moi personnellement je le vis chaque jour. Je suis une maman de 4 enfants mais je suis contrainte de bosser plus que les hommes même. Il me faut travailler durant 45 heures par semaine pour que je puisse payer la scolarité de mes enfants, les frais de loyer, mais sauf que par endroit  leur éducation à la maison fait défaut, ce qui me fait très malheureusement mal en tant qu’une femme. 

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Souvent en Guinée,  en lieu et place de ladite célébration, c’est la mamaya et la danse qui s’invitent dans la fête. Est-ce que c’est là le vrai sens du 08 mars ?

Je partage votre avis pour ce qui est mamaya du côté de la Guinée pendant la célébration de cette fête de la femme. Mais moi je me dis que c’est une question liée à la culture du pays. A chaque fête, cette culture nous emmène à organiser ces mamayas, les danses. Sion, le vrai sens est que nous parlons de nos efforts fournis dans le gouvernement, dans nos communautés, de nos bravoures et montrer à travers les déclarations que nous sommes la base du développement de toute nation comme la Guinée. Car, ce sont elles qui rassurent que l’avenir des enfants est protégé et préservé, mais aussi leur pays. 

Au-delà d’être infirmière, on vous voit aussi dans l’activisme et dans l’humanitaire à travers votre fondation ‘’Bénie’’. Qu’est-ce qui a nécessité la création de cette fondation ?

Aujourd’hui il n’y a pas un deuxième souci pour moi à part ce qui est mon combat humanitaire contre les abus sexuels. Pour rappel, Bénie Fondation a officiellement été créée depuis 2018 aux Etats-Unis. Et en 2019, cette structure est élargie en Afrique, précisément en Guinée, au Mali et au Burkina Faso. Ce m’a qui donc emmené à créer cette fondation, est cette injustice qui caractérise la lutte contre des droits des femmes et enfants. Une situation qui reste encore beaucoup à être améliorée car du jour au lendemain, les femmes subissent des abus mentaux, physiques. Face à cela, je me suis dit en tant que femme et leader, de ne pas m’asseoir et écouter tout simplement ces multiples cas. J’ai donc trouvé une nécessité pour combattre ce fléau afin qu’on puisse mettre fin à ces cas. Il y a aussi une deuxième raison qui s’explique par le fait que j’ai été victime de ces abus, non seulement pendant mon enfance mais dans la vie du foyer. Alors en tant que victime, je me dis que je peux être la personne la mieux placée pour pouvoir parler, vu que je comprenais vraiment de quoi il s’agissait. C’est alors venir au secours de ces victimes en combattant ces abus sexuels. 

Selon un rapport de l’Office guinéenne pour la Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM) en commun avec la Brigade Spécial de Protection des Personnes Vulnérables (BSPPV), 331 cas de viols ont été recensés en début d’année 2022 en Guinée. Quelle lecture faites-vous de ces chiffres ? 

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Je dirai que je suis un peu déçue de ce qui se passe. Car, de 2018 à 2022, particulièrement en Guinée, le taux des cas d’abus sexuels n’a fait que se multiplier tous les jours que Dieu fait. Et cela constitue un grand souci pour toutes les organisations qui se battent pour les objectifs similaires. C’est pourquoi il faut reconnaitre que nous avons beaucoup d’énergie à fournir afin que l’ampleur baise. 

Comment vous conciliez la vie professionnelle à celle du foyer mais aussi le terrain en tant qu’activiste? 

J’avoue que ce n’est pas du tout facile en tant que mère, leader et activiste. C’est une très grande responsabilité pour une femme. Ce n’est vraiment pas facile de gérer et de manager et au boulot, en famille et sur le terrain  en tant qu’activiste. Mais avec l’amour du travail, la persévérance et la détermination de servir d’autrui est quelque chose qui nous retient encore. Alors je ne peux que remercier le bon Dieu, le fait d’être en mesure d’assumer ces responsabilités. C’est pour cette raison qu’il faut célébrer la femme comme moi à l’occasion de ce 08 mars. 

Qu’est-ce qu’on peut retenir de vous comme message à l’endroit des jeunes filles et femmes ? 

Rien de plus que leur demander de redoubler de l’effort, les encourager car j’ai beaucoup de respect et de considération pour la femme en générale mais celles de la Guinéenne en particulier. Parce qu’à chaque fois que je viens au pays, j’ai toujours été inspiré par toutes les femmes, que ce soit celles dans les marchés, dans les ateliers et au bureau. Mais aussi nos petites bébés qui sont dans les maternelles et toutes celles qui sont au collège, lycée et université. On voit que le développement est là, même si c’est d’une façon très lente. Alors je lance un message à toutes les femmes Guinéennes, Maliennes, du Burkina, de l’Afrique, de l’Amérique et celles du reste du monde de redoubler d’effort, tout en les invitant de voir toujours le côté positif. 

Un mot de la fin à l’endroit surtout des autorités à tous les niveaux ?

Je leur demande de faire face à la sécurité de la femme menacée à travers le monde. Particulièrement aux autorités de mon pays de se mettre à pied d’œuvre afin de lutter contre ce fléau qui est devenu très récurent. Parce que, les enfants et filles sont aujourd’hui sujet de viol dont certains cas ne sont même pas déclarés. Alors je les invite à renforcer les textes de loi qui existent depuis longtemps mais qui peinent à être exécutés. Au-delà, créer autres lois afin de mettre ce fléau hors l’état de nuire. 

Entretien réalisé par Sâa Robert KOUNDOUNO 

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